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 Magdeleine Robin

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Magdeleine Robin Vide
MessageSujet: Magdeleine Robin   Magdeleine Robin I_icon_minitime06.03.12 10:55

I. Identité

Nom & Prénom : Robin, Magdeleine Jordane.
Surnom : Magdé. Le premier qui se risque à l'appeler Roxane a une baffe dans la tronche. Brûlante, la baffe.
Sexe : Féminin.
Age : 34 ans et toutes ses dents.
Race : Hume Evolus.
Idéologie : Le dieu Argent.
Métier : Bijoutière.


II. Conscience du monde et magie

Connaissance des extra-tyrestres : Vu qu'elle en a un planté dans la moelle épinière, il serait étonnant qu'elle ignore leur existence...
Connaissance des vampires : Elle n'a pas d'opinion. A dire vrai, elle s'en fout.
Conscience : Initiée.
Technique : Symbio. Magdeleine partage son existence avec une charmante symbiote qui a élu domicile au niveau de sa première vertèbre thoracique, soit à la base de sa nuque. La bestiole est accro à la caféine et oblige son hôte à boire du récaf à longueur de journée, d'ailleurs Magde l'appelle Réc' ; à part ça, c'est une grosse feignasse globalement plutôt accommodante, tant qu'on ne lui en demande pas trop.
Spécialisation :
Doigts chauffants :
Réc' contrôle les nerfs médians de Magdeleine, responsables de l'innervation fine des pouces, des index et des médius, ce qui permet à notre héroïne de faire monter la température du bout de ces trois doigts à volonté, jusqu'à 1100°C. Ça lui permet de faire fondre argent, or et cuivre, mais ni acier, ni platine : aucune utilité donc dans la mécanique ni dans les sciences, mais sa petite particularité lui sert grandement dans son travail de bijouterie, puisqu'on trouve rarement un outil plus facilement manipulable et accessible que ses propres doigts.
Même si manipuler des métaux est son travail quotidien, Magdé ne peut conserver plus de quelques secondes une température nécessaire à leur fusion, sous peine de se fâcher avec cette feignasse de Réc' et de se payer un mal de crâne presque invalidant. Elle privilégie donc des utilisations très nombreuses, mais extrêmement limitées dans le temps, de son pouvoir.

III. Allure générale

Description physique & morale :
Un mètre cinquante-trois pour quarante-cinq kilos, Magdeleine Robin rentre indiscutablement dans la catégorie des poids-plume. Ses jambes minces et musclées, ses hanches étroites et sa poitrine presque inexistante lui confèrent un aspect androgyne renforcé par sa voix, que la cigarette a fait baisser de plusieurs tons avec les années. Pour éviter d'avoir l'air d'un jeune garçon, apparence peu compatible avec son métier, Magdé adopte pendant la journée un habillement qui, s'il est d'une sobre élégance, reste très féminin : longues robes à ruchés ornées de dentelle et bottines à hauts talons, plus une ou deux fourrures de prix, et bien entendu une quantité conséquente des bijoux qui constituent son fonds de commerce - elle aurait tort de se priver d'être sa propre vitrine. En revanche, lorsqu'elle travaille dans son atelier ou qu'elle sort dans les quartiers Nord de Sécaria, pantalon près du corps, chemise d'homme et bottes sont de rigueur, et elle ne conserve qu'une unique boucle d'oreille en argent. Ses mains sont marquées de nombreuses cicatrices dues à la maladresse de ses débuts, et elle ne peut se permettre de les entretenir comme le font ses clientes : ses ongles sont taillés court pour éviter qu'ils ne cassent et elle a la peau abîmée par les acides qu'elle utilise pour traiter les métaux précieux. Elle porte, tatouée sur l'omoplate droite, une tête d'oiseau au long bec, symbole des Pique-Boeufs d'Ambulon.
Son visage, encadré par des cheveux noirs et légèrement ondulés qu'elle coupe juste au-dessous des oreilles, est plutôt joli : une peau pâle et unie, un nez droit, des lèvres pleines et de grands yeux clairs. Ses iris sont gris, et même quand elle sourit - la plupart du temps un sourire tout juste poli, qui ne découvre pas les dents - son regard reste dur comme l'acier.

Le vieux cliché des yeux "miroir de l'âme" fonctionne plutôt bien chez Magdeleine : c'est une femme dure, que ce soit avec ses employés, ses partenaires commerciaux ou toute autre personne qui viendrait à croiser sa route. Elle n'a que ses propres intérêts en tête, et ne se gênera pas pour marcher sur la tête d'autrui si ça peut lui rapporter quelques caras. Son humour à froid est assez réjouissant, pour peu que l'on ne soit pas concerné, et elle ne se prive pas pour pourrir allègrement les malchanceux qu'elle a dans le nez. Elle a le pardon difficile et la rancune tenace. Seuls ses clients peuvent espérer des attentions particulières : c'est une commerçante relativement honnête, non pas par déontologie, mais parce qu'elle sait qu'on ne peut prendre les gens pour des idiots que jusqu'à un certain point et qu'elle veut s'éviter des retours de bâton douloureux. Jusqu'ici, cette manière de voir les choses lui a relativement porté chance.
Si, dans la vie de tous les jours, Magdeleine Robin peut paraître presque austère, elle se transforme, dès que les becs de gaz de Sécaria s'allument, en un véritable oiseau de nuit. Elle connaît tous les bars - et quelques hôtels borgnes - du quartier Nord, a une descente de gosier suffisamment en pente pour en remontrer à pas mal de buveurs du dimanche, et dort très peu - rarement, d'ailleurs, avec la même personne. Les hommes sont pour elle des partenaires de beuverie, exceptionnellement de lit : elle préfère attirer dans ses filets les femmes séduites par son allure androgyne, pour peu qu'elles ne se montrent pas trop sentimentales et ne cherchent à savoir ni son nom, ni son métier. Consciente que ce genre de passe-temps ne serait probablement pas très bien vu par la bonne société dans laquelle elle a l'habitude de graviter, elle a toujours pris garde à ce que ses deux mondes ne se rencontrent jamais.


IV. Précisions supplémentaires

Style de combat : Magdeleine n'a jamais vraiment eu à se battre, et si elle se promène systématiquement avec une pince et un canif dans sa poche ou dans son sac, c'est pour son travail. Bien que sa force physique et son allonge soient extrêmement réduites, elle est rapide et adroite, et sa "petite particularité" pourrait réserver des surprises aux éventuels agresseurs : il y a fort à parier que trois doigts à une température de mille degrés Celsius, appliqués directement sur la peau, voire dans les yeux, décourageraient bon nombre de personnes.
Talents particuliers : Très bonne négociatrice, douée dans son domaine (la bijouterie-joaillerie), et pas mauvaise en mécanique.
Signes particuliers : Fume comme un pompier. Accro à la caféine (mais c'est pas elle, c'est son symbiote).

Liens éventuels :
- Deux employés qui travaillent à la bijouterie.
- Eliza, son ex, Pique-Boeuf sur Ambulon (mais il y a peu de chance qu'elle la recroise...)
- Des clients. Plein, plein de clients.

V. Histoire

Germinal 633 : naissance de Magdeleine Robin, fille de Louis Robin et Jordane Le Cléac'h, sur Ambulon.
Fin prairial 634 : Louis Robin est expulsé d'Ambulon. Jordane quitte son emploi de serveuse et rentre chez les Pique-Boeufs.
Messidor 646 : Magdeleine, âgée de treize ans, rentre à son tour chez les Pique-Boeufs.
Brumaire 647 : mort de Jordane Le Cléac'h, âgée de quarante-six ans, dans un accident du travail.
Pluviôse 649 : Ambulon passe par Sécaria. Magdeleine, descendue à terre, est infectée par un symbiote extratyrestre.
Pluviôse 656 : Magdeleine quitte Ambulon et ouvre une bijouterie dans le quartier Sud de Sécaria.

I. Jordane

- Les hommes sont des faibles. Retiens bien ça, Magdé, les hommes sont des faibles.
Jordane Le Cléac'h passe une main souillée de suie dans la brosse de ses cheveux d'un roux aussi flamboyant que la chaîne d'or rouge qu'elle porte autour du cou. C'est une petite femme sèche, aux traits tirés par le travail et l'approche de la quarantaine. Magdeleine trempe un chiffon dans la bassine d'eau chaude posée sur la table de la cuisine, nettoie la longue écorchure que sa mère porte dans le dos. Du haut de ses six ans, elle ne connaît pas les hommes, elle : à Ambulon, les inutiles sont débarqués, obligés de redevenir des rampants, et son père était un inutile, un amoureux des livres qui passait son temps le nez dans des histoires abracadabrantesques, alors il a été expulsé alors qu'elle était toute petite, ne lui laissant que son nom, Robin. Elle n'a ni frère, ni oncle, ni cousin. Elle n'a que Jordane, qui refuse qu'elle l'appelle "maman" parce qu'elle déteste ce mot ; et Jordane n'a qu'elle.
- Regarde-moi... Obligée de travailler comme pique-boeuf, à mon âge, et pour des clopinettes...
Magdé rentre la tête dans les épaules. Normalement, quand sa mère dit ça, la baffe suit de près. Les Pique-Boeufs sont ceux qui se glissent dans le ventre d'Ambulon pour réparer les machines : petits, minces, agiles. Normalement, ce sont les jeunes qui font ça, mais Jordane n'a pas le choix : c'est ça ou être serveuse, et un pub n'est pas un endroit pour une petite fille. Elle pourrait gagner beaucoup plus si elle acceptait les missions les plus dangereuses, mais elle refuse à chaque fois. A cause de Magdeleine, parce que la gosse serait seule si jamais elle y restait.

"- Magdeleine Robin, ta cousine ? - Oui, Roxane."
Magdé ouvre la bouche, partagée entre surprise et émerveillement. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut ouvrir un vieux bouquin poussiéreux trouvé dans un tiroir - d'ailleurs c'est étonnant qu'il ait survécu, celui-là, Jordane déteste les livres - et y lire son nom, dans les premières pages, même. Un peu plus loin, une illustration : une jeune femme souriante, aux cheveux clairs et au visage doux, tient dans sa main une ombrelle dont les noeuds et la dentelle rappellent ceux de sa robe à crinoline.
Elle dévore le livre - elle a dix ans maintenant, elle lit bien, le maître l'a dit -, se murmurant de temps en temps le prénom de Roxane, et quand sa mère rentre, elle se lève, ouvre le livre à la page de l'illustration et le lui montre, fièrement.
- Tu vois ? C'est moi, Rox...
La gifle la cueille au vol. Jordane l'attrape par le col de sa chemise, et son visage est celui d'une démente, peur et rage à la fois. Les deux paires d'yeux gris s'affrontent, l'une dure comme l'acier, l'autre pleine de larmes.
- C'est ce qu'il voulait, c'est lui qui a choisi ton nom, mais je te l'interdis. Je te l'interdis, tu m'entends !
Les coups pleuvent, le livre tombe, les feuillets défilent. Un titre : Cyrano de Jakata. Un auteur : Edmond Restan. Et un nom manuscrit, en haut à droite, le propriétaire : Louis Robin.

- Je suis désolée, Magdé, on n'a rien pu faire.
La tête de Jordane fait un angle bizarre avec son cou. Ses yeux clairs et sa bouche sont grand ouverts, comme pour poser une question. Magdeleine cherche son paquet de Chlama dans la poche de son bermuda de toile, allume une cigarette, tire dessus. La fumée lui brûle la gorge, sa main tremble un peu. Debout à côté du corps, Eliza la regarde d'un air de commisération.
- De toute façon, je savais bien que ça allait arriver, lâche platement Magdé.
Ça fait un an déjà qu'elle est chez les Pique-Boeufs, un an qu'elle porte le tatouage en forme de tête d'oiseau - sur l'omoplate droite, comme Jordane, bien visible dans l'échancrure du marcel blanc qu'elle porte sous son harnais de sécurité. Elle sait que sa mère a pris de plus en plus de risques depuis qu'elle a intégré le même corps de métier qu'elle. Parce que maintenant, Magdeleine a quatorze ans, elle gagne son propre argent, et elle n'a plus besoin de personne.
Ça tombe bien, parce qu'elle n'a plus personne.
- Tiens, j'ai récupéré ça, c'était à côté d'elle.
Magdé récupère la chaîne d'or rouge brisée en deux morceaux - le seul bijou de Jordane -, la fourre dans sa poche, écrase sa cigarette, attache le mousqueton de la corde de rappel à son harnais et s'enfonce dans le ventre de la machine, en essayant d'ignorer son ventre à elle qui se tord comme si quelqu'un la poignardait ; et elle attend d'être loin d'Eliza, de ses bras et de son regard compatissant, pour pleurer.

II. Réc'

Elle marche dans le sillage d'Ambulon. Au loin, les pylônes se découpent sur le ciel gris. C'est un des privilèges des Pique-Boeufs : pouvoir descendre en rappel jusqu'à la terre ferme et faire un bout de chemin sur un sol qui ne tremble pas comme s'il allait exploser dans la minute. Le vent siffle aux oreilles de Magdé et elle resserre sa veste en cuir de brahmine autour d'elle. Le blizzard est tombé depuis à peine quelques heures, laissant place à une vraie purée de pois.
Un truc, par terre. Un corps. Inanimé. Magdeleine se penche, pose la main sur la poitrine du type, ne sent rien. Probablement mort de froid.
La main du cadavre se referme sur son poignet avec la force d'une serre, et après tout est très flou : la panique, bien sûr, et puis la sensation de quelque chose qui grimpe sur elle, d'abord sur son poignet, puis sur son épaule, puis sur sa nuque ; et la douleur, atroce, comme si on lui creusait les vertèbres avec un couteau chauffé à blanc. Elle a le temps de tirer deux fois sur la corde de rappel - le signal pour qu'on la remonte - et elle s'évanouit.
Quand elle se réveille, on lui a ôté sa veste, elle est sur le plancher parcouru de secousses d'une des entrées du ventre de la machine, et Eliza la regarde d'un air soulagé. Puis l'embrasse. Magdé entend comme un rire dans le fond de son occiput, met ça sur le compte de son malaise, et passe les bras autour du cou de sa coéquipière.

Il fait froid. Trop froid. Tant qu'elle est dans le ventre de la machine, elle ne sent rien, mais quand elle émerge d'entre les roues dentées, à moitié nue et suante, Magdé a l'impression que son corps entier va se transformer en bloc de glace ; alors elle passe son pantalon de toile épaisse, sa veste en cuir de brahmine et ses bottes fourrées avec des chiffons, elle grimpe sur les toits métalliques, saute de maison en maison, jusqu'à la porte de sa cabane - une caravane améliorée, mais avec quand même une porte qui ferme à clé, s'il vous plaît.
L'humidité et la température sont telles qu'elle ne peut même pas rentrer sa clé dans la serrure : de l'eau est rentrée dedans et a gelé, formant une couche de glace dure et impénétrable. Magdeleine s'énerve, envoie des coups de pied dans la porte, tente de gratter la serrure du bout des ongles. Elle ne rêve que d'un récaf bien chaud - elle boit de plus en plus de récaf, ces temps-ci, elle ne sait pas pourquoi.
Il y a comme un truc qui se débloque dans sa tête, une sensation d'irritation comme artificielle, et la glace de la serrure fond. La jeune fille regarde le bout de ses doigts, incrédule. Puis la serrure. Y rentre sa clé.
- Chauffe ! ordonne-t-elle sans se soucier d'avoir l'air ridicule - et l'index qu'elle passe sur le sol fait fondre le verglas.
- Chauffe ! - et la neige dans laquelle elle plonge la main se sublime, passant directement de l'état solide à celui de vapeur qui s'envole dans le ciel.
Magdé éclate de rire.

- Bon. On va essayer de faire quelque chose ensemble toutes les deux, d'accord ?
Magdé se sent un peu ridicule, à parler toute seule comme ça dans la pièce unique de sa roulotte améliorée, mais après tout, qui ne tente rien n'a rien. Un éclair d'amusement passe dans son cerveau, une de ces émotions artificielles qui n'ont rien à voir avec ce qu'elle éprouve et qui lui ont fait plusieurs fois se demander si elle n'a pas tout simplement pris un grand coup sur la calebasse en ce jour d'hiver, il y a deux ans, et si depuis elle n'a pas carrément viré timbrée.
Elle passe la main sur sa nuque ; elle ne sait pas très bien ce qu'elle s'imagine y trouver, une protubérance, une cicatrice ? En tout cas, il n'y a rien : que de la peau lisse et quelques cheveux noirs et fous, comme d'habitude
Devant elle, sur la table, la chaîne d'or rouge brisée semble la narguer.
- Chauffe ! commande-t-elle, et elle sent le mélange familier d'excitation - la sienne - et d'irritation - celle de l'autre.
- Chauffe ! - et la douleur commence à battre dans ses tempes, mais les deux doigts qu'elle pose sur le métal font fondre celui-ci, et elle serre les dents, rapprochant les deux morceaux, les ajustant comme elle peut.
- Chauffe ! - et elle finit de souder les maillons brisés.
L'euphorie envahit sa tête pendant quelques instants, et puis l'agacement de l'autre la remplace. La douleur s'amplifie, devient insoutenable. Magdé se lève à grand-peine, titube jusqu'au matelas posé par terre et s'y effondre. Dans sa tête, l'envie de récaf et l'impression qu'on lui fouille le cerveau avec la pointe d'un couteau se mélangent, et c'est loin d'être agréable.
- Bordel, mais d'où tu sors ? murmure-t-elle, luttant pour ne pas s'évanouir.
Encore un éclair d'amusement, et puis la sensation de lumières dépassant l'imaginable, de couleurs qui n'ont de nom dans aucun des patois de Tyr, de sons que personne de normal ne pourrait entendre - d'étrange, encore plus étrange que ce que les voyageurs qui viennent vendre leurs pierres sur Ambulon racontent du ventre d'Adhénor ou des étendues du centre. Et puis des mots, formés à grand-peine, comme si la parole était un carcan, une prison pour les idées.
Ailleurs.
Pas sur Tyr.

Magdeleine sombre dans l'inconscience.

-...j'ai aussi cette très belle pièce, pour seulement deux caras et demie...
Magdeleine lève le pendentif - une améthyste en forme de goutte, entourée par des fils d'argent très fins qui dessinent des arabesques - le fait passer devant les yeux de sa cliente une fois, deux fois. La pierre capte la lumière qui se reflète dans les prunelles grises et froides de la jeune femme. La cliente, une bourgeoise d'âge moyen, est emballée et paie sans discuter.
- En vous remerciant, Madame.
Magdé saisit d'une main les pans de sa coûteuse robe à ruchés - quand on devient bijoutière pour les gens de la haute, il faut avoir un minimum le physique de l'emploi -, se fend d'une révérence et sort de la maison. Elle ne peut plus emprunter les toits avec ses bottines à talons. Ça fait six mois qu'elle a quitté les Pique-Boeufs et Eliza. Entre une carrière dans la joaillerie et risquer sa peau tous les jours, même si c'est bien payé, il n'y a pas photo ; et vivre en couple avec une fille, quand on essaie de s'insérer dans la bourgeoisie tyrienne, ce n'est pas le bon plan.
L'envie de récaf se fait jour dans le cerveau de Magdeleine. La jeune femme se masse les tempes, soupire. La bestiole au bas de sa nuque n'est vraiment qu'une foutue feignasse accro à la caféine. Et rancunière, avec ça : la dernière fois qu'elle a refusé de lui donner sa dose, cette saleté lui a flanqué un mal de crâne pas piqué des vers.
- Putain, lâche Magdé sans se soucier des passants, c'est comme ça que je vais t'appeler : Récaf !

III. Magdeleine

Magdeleine pousse la porte de sa caravane et envoie valser ses bottines à hauts talons dans un coin, grimaçant de douleur quand ses pieds enflés touchent le sol. Elle clopine jusqu'à la cuisinière à charbon, dans un coin de la pièce unique, tisonne les braises, réalimente le feu et pose la bouilloire sur la plaque, puis s'effondre sur la banquette encombrée de coussins qui a remplacé sa paillasse.
- Ta gueule, hein, ça chauffe ! aboie-t-elle lorsque l'envie familière de récaf point dans son cerveau.
La Chlama qu'elle s'allume lui brûle la poitrine et une quinte de toux la prend. Entre les randonnées qu'elle fait dans les rues d'Ambulon pour visiter ses clients de plus en plus nombreux, les nuits passées à travailler sur ses pièces dans la caravane mal isolée et mal éclairée, et les migraines provoquées par la foutue bestiole qui ne comprend pas qu'elle est déjà trop chargée pour se trimballer une thermos de récaf en permanence, Magdeleine arrive à ses limites physiques. Et, elle doit bien l'admettre, ça lui fait un peu peur.
Si elle était n'importe où ailleurs sur Tyr, elle changerait de logement et elle ouvrirait sa propre boutique : en trois ans, elle a amassé assez de caras pour fournir un apport raisonnable, et il lui suffirait de montrer ses comptes à n'importe quel banquier pour que celui-ci accepte de compléter son capital. Le problème, c'est qu'il y a au moins vingt ans qu'aucun local, de quelque sorte que ce soit, ne s'est construit sur la ville qui marche ; et si parfois, l'expulsion d'un inutile libère de la place sur les bords de la carapace, le centre d'Ambulon reste inaccessible, occupé par les familles de magnats qui s'y entassent plus densément à chaque génération...
L'ombre de Jordane passe devant ses yeux mi-clos, avec la brosse de ses cheveux flamboyants, ses traits durs et son regard fier - si fière d'être Ambulonienne, si attachée à la cité, heureuse de n'être qu'un petit oiseau picorant les miettes que l'énorme bête de roues et de tuyaux lui laisse - et Magdé secoue la tête pour la chasser.

Un long fume-cigarettes à la bouche, une Magdeleine en manteau de voyage - un manteau en laine vierge s'il vous plaît, plus rien à voir avec la veste en cuir de brahmine - contemple la devanture de sa toute nouvelle boutique. L'enseigne proclame Magdeleine Robin, bijoux et breloques ; la devanture est encore un peu vide, mais les coffrets qu'elle a fait venir d'Ambulon il y a quelques semaines devraient rapidement résoudre le problème. Elle a choisi d'acheter un local non loin de la gare de fret de Sécaria : le Quartier Sud de la ville est en pleins travaux et les maisons poussent comme des champignons. Ça lui plaît bien.
Magdeleine écrase sa cigarette sur le pied d'un réverbère qui passait par là, et soulève ses deux valises.
- Au travail, messieurs, lance-t-elle aux porteurs qui ahanent sous le poids du reste de ses bagages.

Magdé ouvre les yeux. Un soleil gris passe par l'ouverture des persiennes de la chambre d'hôtel. Dans le lit, la fille marmonne quelque chose d'incompréhensible quand elle se lève, puis se retourne et replonge dans le sommeil. La brune boutonne sa chemise à la va-vite, enfile son pantalon et ses bottes, s'asperge le visage avec l'eau froide de la cuvette posée sur la coiffeuse, ouvre la porte et dévale les escaliers jusque dans la rue. C'est sa règle : toujours se réveiller et partir la première, ne jamais trop parler, ne jamais donner son nom.
Dans le métropolitain, l'envie de récaf cogne dans son crâne et elle maudit Réc, qui, si elle se montre outrageusement feignasse quand il s'agit de l'aider à souder les maillons d'une chaîne de cou, sait très bien se réveiller quand il ne faudrait pas. Elle va être obligée de s'arrêter à un comptoir, sinon c'est la migraine assurée pour toute la journée.
- T'as intérêt à être coopérative, saloperie, parce que j'ai prévu de travailler à l'atelier ce matin, marmonne-t-elle entre ses dents.

Magdeleine a beau être petite, elle n'a jamais vu un pavé d'aussi près, et ça ne lui plaît pas beaucoup, surtout quand les rues sont envahies par des bestioles de tout poil et éventuellement pourvues de sabots. Et puis elle est complètement empêtrée dans la robe pleine de dentelles qu'elle avait choisi de mettre aujourd'hui. Elle met trois heures à s'en extirper, manque de tomber dans une de ses propres bottines à talon, et est obligée d'abandonner tous ses vêtements sur place - si ce n'est pas malheureux, au prix qu'ils lui ont coûté...
Lentement mais sûrement, la salamandre au corps noir tacheté de jaune gagne l'atelier, au fond de la boutique située non loin de là, et s'y terre, en espérant que ça passe.
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L'Autre Main

~Et encore un schizo sur le forum.~

L'Autre Main

Signalement : L'autre main du Destin (probablement la gauche) Compte PNJ réservé à la validation des fiches. NE PAS MP.


Magdeleine Robin Vide
MessageSujet: Re: Magdeleine Robin   Magdeleine Robin I_icon_minitime11.03.12 13:19

Désolée pour l'attente, tu es bien entendu validée =) Bon jeu !


Ce topic vous servira à la fois d'étendard, comme de journal intime ou fourre-tout, tant que cela concerne Magdeleine Robin.
Spoiler:
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Magdeleine Robin

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