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 Fra John J. Peinture

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Fra John J. Peinture

- Cow-boy de bibliothèque -

Fra John J. Peinture

Signalement : Flingues & fringues style Jessie James, le regard sombre et viril, celui du solitaire en chasse... Long imper, chapeau à large bords, chemises à carreaux, pantalons étroits dans les tons rouges/marrons (suivant la date de la dernière lessive), le tout rapiécé. Taches d'encre, pleins, taches de rousseur, moins. Et surtout, surtout, cette sale odeur de tabac froid et de poudre !


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MessageSujet: Fra John J. Peinture   Fra John J. Peinture I_icon_minitime18.02.12 1:30

Il était né dans le silence. On ne lui avait pas donné de nom, l'endroit où il était né n'avait pas de nom. Son premier cri devait déchirer le silence, mais il n'y avait personne pour l'entendre. Qui sait seulement s'il a su dire un mot, au moment ou l'air s'engouffrait pour la première fois dans son corps ? Plus tard, il ne pourrait pas donner de nom à ceux qu'il aimerait.

Les hommes étaient pour lui, du papier. Il les imaginaient, le soir, hors de sa vue, se décomposer en dizaines de feuilles et passer la nuit à l'abri de couvertures de cuir ancien. Dans cet endroit qui n'avait pas de nom, il avait entassé des dizaines de livres, volés, trouvés, et il s'arrachait les yeux sur les signes qui serpentaient sur les pages, sans pouvoir les déchiffrer.

On lui a offert un nom, à quinze ans. Puis lorsqu'il eût compris que ce n'était pas un nom, mais un numéro, il le rendit. Il prit un nom, de force. Et on lui donna un nom secret. Il le garda caché, et l'entoura tendrement de milliers d'autres noms. Il parvint à donner un nom.

Les âmes des hommes sont de papier. Il voulait écrire le plus beau des livres, et cacher en son centre son nom secret.




I. Identité

Nom & Prénom : Fra John J. Peinture

Surnom : Toutes les variantes possibles... En général, il se présente sous le nom « John Peinture », et la majorité des gens l'appellent comme ça. « John J. Peinture » serait certainement réservé à la bonne société, mais où a-t-on vu qu'un clochard pareil fréquente la bonne société ? Le « Fra », hommage discret à d'anciennes connaissances, n'est jamais utilisé.

Sexe : Mec.

Age : La bonne trentaine.

Race : Hûme Evolus

Idéologie : Le je-m'en-foutisme. Et occasionnellement, les Johnson – il faut bien gagner sa vie...

Métier : Bibliothécaire-chercheur-libraire-squatteur-écrivain.


II. Conscience du monde et magie

Connaissance des extra-tyrestres : Pour autant que l'étude de J. RAMISNESSEN, « Rencontres du troisième type. Etude d'extra-anthropologie sur les formes de vie attestées », parue dans les Annales du Cercle d'Extra-anthropologie Nevan (n°378, 01/04/625, pp. 152-224) fait autorité : oui. Avec une bibliographie fournie à l'appui, et une succincte connaissance empirique. John est tout particulièrement renseigné sur les Razhals, dont les archives multi-cosmiques l'intéressent beaucoup. Les Versatilis, moins – après tout, ce ne sont qu'une bande de psychopathes plus versés dans les bains de sang que l'étude minutieuse extra-anthropologique...

Connaissance des vampires : Les vampires ne sont pas avérés scientifiquement. Hypothèse de H. TRAUBEE : « Les créatures folkloriques qui peuplent les légendes […] viennent certainement d'occurrences d'observations d'extra-tyrrestre. […] Les vampires, entre autres, pourraient venir d'observations de versatilis, et les démon cornus de l'observation de Razhals. » (« Folklore lespurien et transcendance dodécamique : l'exemple de Ronthgier », in Journal de la Société Nevane d'étude du folklore lespurien n°12, 01/11/634, p. 24). Ca, c'est ce que John croit. Et pourtant, malgré lui, il a une connaissance empirique certaine du corps des vampires. Rien ne vaut les études de terrain.

Conscience : Eveillé. Très éveillé, même – John a consacré sa vie à la connaissance de la magie. Appréhendé par le savoir des hûmes évolus, mais aussi celui des végétalis. A cet égard, ses contacts soutenus avec des végétalis et les années passées à l'orée des forêts adhénoriennes l'ont amené à maîtriser plus ou moins le flux de magie qui parcoure chaque hûme, lui permettant à cette époque de courts séjours dans la forêt. Mais il ne s'agit certainement pas d'un pouvoir, bien plutôt une compréhension physiologique de la magie. John a choisi sciemment de ne pas développer de pouvoirs, et il se tient fermement à cette ligne de conduite.
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Signalement : Flingues & fringues style Jessie James, le regard sombre et viril, celui du solitaire en chasse... Long imper, chapeau à large bords, chemises à carreaux, pantalons étroits dans les tons rouges/marrons (suivant la date de la dernière lessive), le tout rapiécé. Taches d'encre, pleins, taches de rousseur, moins. Et surtout, surtout, cette sale odeur de tabac froid et de poudre !


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MessageSujet: Re: Fra John J. Peinture   Fra John J. Peinture I_icon_minitime18.02.12 1:31

III. Allure générale

Description physique : John est un grand type brun, qui traîne son bon mètre quatre-vingt-dix dans les rues pouilleuses du quartier Nord. On dirait bien qu'en quelques semaines seulement, le bonhomme a pris la couleur de son environnement, façon caméléon : il a déjà cette couleur indéfinissable des gens du Nord (comme on dit), le gris tirant sur l'ocre, les pores de la peau pleines de ce mélange d'ombre, de poussière, de suie. Un type discret, qui tiens à le rester, quoi. Pourtant, il n'est pas fringué dans la norme Sécaria, tant s'en faut. C'est plutôt le style « Jessie James » (le bandit bouseux de Lespure, vous savez), poussé à l'extrême. Un imper qui lui descend jusqu'aux genoux, toujours ouvert sur une chemise en toile à rayures pleine de plis, enfoncée à la hâte dans un pantalon serré, godasses épuisées aux pieds. Par-dessus tout ça, un chapeau à très larges bords, toujours un peu enfumé. Et, les grands jours, une large ceinture de cuir, t'sais, pour ranger les flingues et les cartouches... Ça sent la fumée, la poudre, la poussière et ça n'a sûrement pas été lavé depuis un moment. Des fringues de sale type, littéralement.
Autant dire que ça ne fait pas beaucoup de moments pour s'attarder sur son physique. A moins, bien sûr, que vous n'embrayiez sur une discussion de bibliophile, ou sur un sujet l'intéressant particulièrement. Là, il pourrait vous jeter un coup d'oeil, écraser sa clope, peu-être même enlever son chapeau et vous servir un verre de Maltat (pour lui, ce sera un lait fraise, il n'aime pas beaucoup l'alcool). Il pourrait avoir un sourire affable aux lèvres, le genre poli et encourageant, mais qui vous donne l'impression qu'il est à dix mille kilomètres de lui. On pourrait voir sa barbe jamais rasée, ses yeux noisettes qui brillent sous des cheveux bruns crasseux – un physique très banal, plutôt le genre paysan lespurien. S'il enlève son manteau, on remarque d'abord qu'il est mince, grande allumette, mais ses bras de chemise retroussés laissent voir des avants-bras musclés, qui devaient être bronzés avant de passer par la pénombre permanente de Sécaria. Une fois lancé, le bonhomme reste économe de ses mots, mais il suit avec attention ce qu'on a à lui dire. Tellement d'attention que c'est gênant même, il a cette manie particulièrement désagréable de ne jamais quitter des yeux son interlocuteur, ce qui donne l'impression de se faire scanner par arcano-rayons. Sur un terrain neutre, John déballera quelques morceaux de sa connaissance encyclopédique sur tous les sujets – de la faune maritime des côtes adhénorienne orientales à l'économie du lait twinkilienne au IIIe siècle. Il y en a qui disent que son débit lent, hésitant, chaud, incite à la confiance. Il y en a qui disent qu'il est super viril, que ç'a l'air d'être un mec en acier. Il y en a qui disent que c'est un connard qui se la joue, aussi. Et lui, il ne dit rien.

Description morale : John est un type taciturne, à peu près aussi enclin à faire causette qu'une pierre tombale absorbée dans la lecture du dernier « Concession funéraire magazine ». Et il ne sort pas souvent de chez lui, aussi, préférant largement la compagnie de ses bouquins à celle de gens en chair et en os. Ce qui ne fait pas beaucoup d'occasions de s'intéresser à ses caractéristiques morales. En somme, cette absence quasi-complète de relations avec les gens est peut-être la plus importante de ces caractéristiques... Il a perdu l'habitude de parler, de s'exposer, de prendre soin des autres. Le bonhomme est largement coincé dans son arrière-monde, et celui qui l'entoure lui paraît tout à fait risible à côté des fabuleuses architectures littéraires qu'il retrouve une fois chez lui... La fréquentation assidue de cet univers de savoir pur et d'art lui a laissé une culture et un esprit critique sans égal, mais il semble peu enclin à la partager.
Le type a également une capacité de concentration inépuisable, couplée à une opiniâtreté qui dépasse les limites du possible. Ca s'appelle, il paraît, être têtu. Elle s'applique, notamment, à n'importe quel sujet de recherche, qu'il s'agisse d'un fait social négligé dans l'expansion du folklore Lespurien portant sur le Continent Divin au IVe siècle (un sujet d'étude négligé malgré son importance capitale, vous ferait-il remarquer) ou de la localisation d'un incunable pré-Catastrophe...
Il traîne toujours sur ses lèvres un vague sourire, sûrement oublié là par hasard. Un sourire mince, le plissement de lèvres pas physiquement très engagé mais dont on sait que c'est un sourire, la manifestation d'une joie particulière qui est descendu poser en dessous de ce chapeau des beaux souvenirs, et quelques rêves mêmes.



IV. Précisions supplémentaires

Style de combat : Ah, parce qu'il faudra se battre, aussi... Qu'à cela ne tienne, John peut faire aussi. Certes, ce n'est pas vraiment son domaine, mais il a quand même gardé quelques souvenirs des leçons d'Echo, son formateur. Il a un peu perdu l'habitude, mais c'est comme le vélovapeur, ça ne s'oublie pas. Lui qui n'a jamais manifesté le moindre talent ni le moindre intérêt pour la magie, s'est concentré sur le maniement des armes. De préférence celles qui laissent un beau nuage de poudre derrière. Dans les occasions particulières, il aime à présenter à ses adversaires Silence et Sapience, ses deux revolvers, deux flingues à canon long (très long) absolument pas pratiques. Ils les traînent depuis maintenant une dizaine d'années, depuis qu'ils lui ont été offerts lors de son passage par le groupe « Geist ». Deux six-coups extrêmement précis, puissants, mais très encombrants dès qu'on en vient au corps-à-corps. Dans ces cas-là, qu'il préfère largement éviter, il joue du couteau papillon ou des poings. Son esprit très vif lui confère une capacité exceptionnelle pour se servir de son environnement en plein combat, et il est capable d'arranger des plans du tonnerre avec quelques planches, un morceau de ficelle et un vieux chewing-gum. Le Mac Gyver de la baston, une tête bien remplie montée sur un corps souple et musclé.

Talents particuliers : Beaucoup de talent, même, lorsqu'on en vient à la spéculation et à l'investigation, à la dissertation sans fin, et surtout à la littérature. Des bases en mécaniques qui lui permettent d'entretenir ses chéris... Pour ce qui est du reste, le bonhomme est plutôt un sous-doué asocial. Ah, si, il a un talent très particulier pour le carpaccio de poireaux sauce miroton.

Signes particuliers : Ses fringues, ses flingues, cette douce odeur de poudre et de poussière : sa dégaine inimitable de cow-boy perdu dans la ville.

Liens éventuels : John vient seulement d'arriver à Sécaria, et il n'y connaît apparemment personne... En revanche, il a pu connaître par le passé certains étrangers – notamment des végétalis.
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Signalement : Flingues & fringues style Jessie James, le regard sombre et viril, celui du solitaire en chasse... Long imper, chapeau à large bords, chemises à carreaux, pantalons étroits dans les tons rouges/marrons (suivant la date de la dernière lessive), le tout rapiécé. Taches d'encre, pleins, taches de rousseur, moins. Et surtout, surtout, cette sale odeur de tabac froid et de poudre !


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MessageSujet: Re: Fra John J. Peinture   Fra John J. Peinture I_icon_minitime18.02.12 1:34

V. Histoire


John est né à Lespure, il y a un peu plus d'une trentaine d'année – la date exacte est inconnue. En effet, il fait partie de ces nombreux enfants de paysans pauvres déposés sur le seuil des orphelinats, les surnuméraires, ceux qui ont comme seul baptême, s'ils ont de la chance, les larmes de leur mère. Il passe donc les premières années de sa vie dans un orphelinat de province, dans le Nord de Lespure. Il était censé ne pas avoir d'histoire, ne pas en faire, et ne pas s'en faire.

Mais autour de sa sixième année, un des surveillants de l'orphelinat se rend compte que le jeune John – qui a alors un autre nom, un nom qu'il a oublié – a appris à lire, seul, et dévore tout ce qui peut lui tomber sous la main. Il va sans dire que le cas est exceptionnel, sur un continent qui a toujours placé les travaux manuels avant l'activité intellectuelle, et plus particulièrement dans un établissement où le taux d'alphabétisation ne dépasse pas les 5%... La découverte de ces prédispositions amènent le directeur de l'orphelinat, à l'occasion d'un voyage, à lui faire passer des tests à Soveyur. La réussite exceptionnelle qui confirme le talent du jeune garçon change le cours de son existence. En fonctionnaire zélé, le directeur signale ce gamin aux capacités intellectuelles hors-norme à l'administration centrale, qui décide de faire passer une nouvelle batterie de tests à l'enfant. Celui-ci s'y prête de bon cœur, puisqu'on lui propose un peu plus de livres à chaque fois... Le savoir de John est alors limité par le peu de lectures qu'on avait mis à sa disposition jusqu'alors, mais les fonctionnaires de Soveyur repèrent rapidement chez lui une réelle opiniâtreté qui s'ajoute à ses prédispositions pour la lecture. Et comme à chaque fois que l'administration centrale tombe sur un phénomène hors-norme qu'elle ne comprend pas tout à fait, il est décidé que l'enfant sera acheminé à Neven, pour le mettre au service du gouvernement. La décision reste extrême, et il est difficile de dire ce qui a pu amener le tout jeune garçon à se retrouver dans un dirigeable direction Malengha l'année de ses six ans. Zèle trop important d'un fonctionnaire ? Coup de pouce du destin ? Quoiqu'il en soit, lui ne se pose pas ces questions. Il s'émerveille de toutes ces nouveautés, et surtout, ne cesse de se rappeler qu'on lui a promis de la lecture. Beaucoup, beaucoup de lecture.

Et on ne lui avait pas menti. John sera amené directement à l'Académie nevane pour son arrivée, un centre d'éducation étatique qu'il ne quittera plus guère – et ce pour son plus grand bonheur. Il y fait l'objet d'un traitement spécial : s'il suit une partie des cours avec les autres enfants (pour la plupart de jeunes héritiers de riches familles au service de l'Etat), il est logé dans les locaux de l'Académie, et doit s'acquitter, dès ses huit ans, de différentes tâches ménagères. Le jeune garçon s'en accommode très bien, car une fois ces corvées finies, une fois ses devoirs consciencieusement terminés, il lui reste du temps libre. Et, à quelques couloirs seulement de sa chambrette, il y a la grande Bibliothèque de l'Académie, sûrement le plus grand rassemblement de livres de tout le Tyr connu et civilisé. John y passe ses journées, ses nuits, il dévore l'un après l'autre, à une vitesse et avec un enthousiasme effrayant, tous les livres qui lui tombent sous la main. Mais la Bibliothèque n'est pas qu'un lieu de lecture, c'est également l'endroit où John trouvera les deux seuls compagnons qu'il retiendra de ces années : Fra Silence et Fra Sapience, les bibliothécaires. Ceux-ci seront pour John les parents qu'il n'a jamais eu, deux pères, malgré leur grand âge. Deux pères eux-mêmes frères, mais en tout point opposés : là où Silence, le plus âgé, couve toujours le jeune garçon d'un doux sourire, Sapience ne se départit jamais d'une austérité sans failles. Tous deux ont pris le jeune garçon en amitié, et lui se voit déjà rester dans cette bibliothèque à jamais, lire pour toujours entre les deux regards de Silence et Sapience. Du reste de cette vie, il ne gardera qu'un souvenir fugitif : il est affable avec ses camarades, et ceux-ci ne recherchent pas spécialement sa compagnie. Il est attentif en cours, et ses prédispositions se sont confirmées : il est un élève exceptionnel, bien que discret. Une brillante carrière universitaire aurait pu l'attendre, il aurait pu faire un peu plus tard la rencontre de professeurs plus passionnants que les érudits grisonnants et sans vie qui enseignent en cycle élémentaire et primaire à l'Académie. Mais une toute autre vie l'attendait.
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Signalement : Flingues & fringues style Jessie James, le regard sombre et viril, celui du solitaire en chasse... Long imper, chapeau à large bords, chemises à carreaux, pantalons étroits dans les tons rouges/marrons (suivant la date de la dernière lessive), le tout rapiécé. Taches d'encre, pleins, taches de rousseur, moins. Et surtout, surtout, cette sale odeur de tabac froid et de poudre !


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MessageSujet: Re: Fra John J. Peinture   Fra John J. Peinture I_icon_minitime18.02.12 1:35

Dans les mêmes années, l'Etat central nevan a mis en place une section spéciale de l'armée, baptisée « Geistsektion », basée en Adhénor, qui avait pour objectif d'étudier la magie des forêts entourant Dunime. Une initiative absolument hors-norme, le fruit du lent travail de quelques politiciens progressistes marginaux par rapport à l'opinion qui prévaut dans les milieux militaires, à savoir l'opposition radicale à la magie. Miracle pour miracle, les « Geiste » naissent en 646, dans le secret le plus total. La section d'élite est un mélange de spécialistes du combat irrégulier, d'aventuriers d'exceptions recrutés ça et là par les fondateurs du projet. Mais une part de cette unité devait également être dévouée à la recherche. Comment, et pourquoi le regard des Geiste s'est-il posé sur John ? Sans doute parce qu'il était encore jeune, qu'il pourrait être formé avec ses aînés, qu'il serait donc entièrement dévoué à la Geistsektion, sans doute également parce que sa très précoce intelligence avait impressionné ceux qui l'avaient déjà croisé, notamment dans le champ de la magie. John avait eu très tôt accès aux collections secrètes de la Grande Librairie, aux recherches occultes sur la magie et la vie extra-tyrrestre, par l'intermédiaire de Silence et Sapience. Un pari risqué, mais qui avait parfaitement réussi : le jeune homme, de par sa discrétion naturelle, n'avait jamais commis d'impair, et était surtout d'une étonnante impartialité vis-à-vis de ce secteur de la connaissance. Il avait très tôt compris que, s'il s'agissait d'un paramètre essentiel dans la compréhension de l'histoire, le monde qui l'entourait était également fait de dynamiques bien moins ésotériques. A cet égard, il faisait preuve d'un jugement très sûr en pour ce qui concernait les phénomènes inexpliqués. Et, mine de rien, ses innombrables lectures faisaient de ce jeune homme une des pointures en ce domaine...

Ainsi, pour ses quinze ans, et sans avoir rien demandé, John était à nouveau embarqué dans un dirigeable, à destination de Dumine cette fois. Il quittait à très grand regret la Bibliothèque, Fra Silence et Fra Sapience, mais on l'avait assuré que les recherches qu'il mènerait – et dont il ignorait la teneur – l'obligeraient, de toutes manières, à revenir se documenter à Neven. Et surtout, John faisait preuve d'une fidélité sans faille à l'Etat. Après tout, le jeune orphelin de Lespure devait tout à cette administration qui l'avait toujours nourri, et avait fait de lui cet adolescent heureux. Il ne lui était jamais venu à l'esprit que l'Etat comptait bien y gagner quelque chose... Et d'une certain point de vue, il était tout à fait vrai qu'il avait eu une vie heureuse à peu de frais. Il n'était pas bien difficile, certes, mais il était maintenant à des milliers de lieues de la vie de paysan anonyme et illettré qu'il aurait dû mener. Et il était bien décidé à honorer sa dette envers ses bienfaiteurs.
C'est dans cet état d'esprit que John arriva à Dunime, ou plutôt à la Geistenburg, un étrange bâtiment à l'écart de la ville. La Geistensektion, dont les 18 membres présents lui furent présentés, vivait en autarcie dans ce village bâti selon l'art de vivre végétalis. A l'aune de ce que sont les positions de l'Etat en 667, il est difficile d'imaginer la liberté et le progressisme de la Geistensektion : des combattants magiciens, recrutés pour certains dans des milieux non-militaires, encadrés de manière superficielle et disposant d'une large liberté de mouvement, d'objectifs laissés à leur discrétion, la présence de femmes dans l'unité et entretenant des rapports francs et cordiaux avec les végétalis... L'antithèse même de la politique militaire, quelques 20 ans plus tard. Elle était le reflet de la frange libérale alors en force, qui devait bientôt perdre du terrain dans les milieux du pouvoirs, et laisser la place à un conservatisme radical – tournant politique dont la Geistensektion ferait les frais. Mais pour l'heure, la Geistenburg était effectivement ce lieu de recherche et d'entraînement d'où rayonnaient les petits groupes de combattants appelés à investir et soutenir des théâtres d'opérations sur tout Tyr, ou à mener des missions d'investigations.

John découvrit là une toute nouvelle vie. Il dut abandonner ses lectures, les livres qui lui étaient chers, pour un temps : un membre de la Geistensektion se devait d'être un fin lettré, mais également et avant tout un homme d'action efficace et, éventuellement, un magicien talentueux. Si John sacrifia au premier objectif avec application, il refusa toujours systématiquement, pour des raisons qui lui étaient personnelles, de pratiquer la magie. L'entraînement physique intensif qui suivit son arrivée fit de l'adolescent maigre et voûté un jeune homme musclé et rompu aux bases du combat homme à homme. Il ne devait jamais égaler certains de ses camarades, mais il s'était entraîné avec bonne volonté, comme il avait fait ses devoirs pendant sa scolarité, et cette régularité l'avait, en une année, transformé. Le temps laissé libre par cet entraînement, John l'occupait à deux activités : d'une part, la lecture et l'étude de tous les ouvrages traitant de la magie sur lesquels on lui demandait des rapports. Il joua ainsi le rôle de bibliothécaire et d'informateur de la section, utilisant ses capacités de synthèse pour renseigner ses camarades sur n'importe quel point particulier de la magie disponible à l'étude, et suggérant bientôt des opérations de renseignement pour récupérer quelques incunables ou documents à partir desquels étendre le savoir des hûmes évolus sur la magie. Il prit lui-même part à quelques-une de ces opérations extérieures, au cours desquelles il se révéla un tacticien et un enquêteur de terrain très efficace. Mais John, qui avait très vite compris et adhéré aux objectifs des Geiste, eut tôt fait de se rendre compte que le savoir des évolus, auquel on pouvait ajouter les quelques renseignements nouveaux compilés à l'aide des Geiste, ne suffirait pas à faire avancer assez vite les recherches sur la magie. C'était le prix à payer pour six siècles de déni des humes... Mais John avait très vite compris également que le savoir proprement universitaire, qui était celui qu'il avait connu jusque là, n'était qu'une infime partie de la connaissance que les humes avaient du monde. Et il faisait confiance à son instinct et à ses capacités intellectuelles pour tirer des informations utiles aux Geiste d'autres savoirs plus difficiles d'accès... Il y avait, d'une part, l'Ancienne Civilisation, et il eut l'occasion de lancer ses compagnons dans quelques entreprises d'archéologie. Mais si celles-ci étaient très prometteuses, elles dépassaient les limites de ce que le pouvoir étatique, qui lentement se durcissait à l'égard des Geiste, pouvait supporter. Il est certain tabou qu'on ne pouvait, même alors, violer... Une autre source s'offrait à John, qu'il ne tarda pas à exploiter, et qui était moins radicale : le savoir ancestral des végétalis. Et c'est ainsi que, durant les dix années que John resta au service des Geiste, il effectua régulièrement des séjours plus ou moins longs chez les végétalis. Patiemment, il apprit leur langue, les codes de leur civilisation, mais aussi la langue des forêts d'Adhénor, ses dangers et les merveilles qu'elle recelait. Il eut l'occasion de pénétrer, avec les végétalis, dans les forêts d'Adhénor, apprenant auprès de vieux sages à maîtriser en lui les flux de magie pour entrer en harmonie avec la forêt. Il profita de ces séjours – toujours très courts – pour étudier le mode de vie des végétalis, apprendre auprès des plus anciens et des plus respectés l'histoire des végétalis (pour découvrir que l'histoire, en tant que telle n'existe pas chez eux, mais bien plutôt des cycles, à l'image de leur environnement). Il essaya constamment de tirer quelque connaissance utile à ses camarades dans cet environnement.
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Signalement : Flingues & fringues style Jessie James, le regard sombre et viril, celui du solitaire en chasse... Long imper, chapeau à large bords, chemises à carreaux, pantalons étroits dans les tons rouges/marrons (suivant la date de la dernière lessive), le tout rapiécé. Taches d'encre, pleins, taches de rousseur, moins. Et surtout, surtout, cette sale odeur de tabac froid et de poudre !


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MessageSujet: Re: Fra John J. Peinture   Fra John J. Peinture I_icon_minitime18.02.12 1:35

Car pour la première fois de sa vie, John avait trouvé des camarades, et peut-être même une famille. S'ils n'étaient que très rarement réunis au grand complet, les Geiste formaient une communauté soudée, malgré la grande diversité des caractères. Au final, l'horizon commun l'emportait sur l'hétérogénéité des passés, et des motivations profondes. En ce sens, le travail des fondateurs de la Geistsektion avait été une réussite complète : il s'agissait d'une véritable communauté dont les membres auraient donné leur vie l'un pour l'autre, et chacun l'aurait donné plusieurs fois pour la réussite de leur mission. Ce qui, peut-être, fut le cas.

Quoiqu'il en soit, John avait trouvé là de véritables amitiés. Et surtout, la seule chose qui eût pu lui faire oublier son inextinguible soif de connaissance : un amour. Lui qui n'avait jamais auparavant ressenti de désir pour qui que ce soit, s'était senti brûler comme ses premières années d'entraînement parmi les Geiste avaient changé son corps – un parallèle assez naturel, en somme... L'amour qui naissait en John, qu'il gardait pour lui, l'évolution de ce sentiment en lui-même fut le signe parfait des métamorphoses qui le traversaient. D'abord, la transformation de son corps, de l'adolescent malingre au jeune homme svelte, fut aussi la période où son amour devient plus mature, se confirma, et devint, d'un sentiment vague et indéfinissable, une flamme claire et ardente, qui projetait une lumière vive et tendre en lui. Et lui qui n'avait jamais, auparavant, trouvé d'intérêts aux histoires, à tout ce pan de la bibliothèque qu'il ne fréquentait pas – la littérature – se mit soudain à se passionner pour les romans, la poésie, dans toutes leurs formes. Non seulement parce qu'il savait que là se cachait une partie de ce qu'il cherchait sur la magie, mais aussi parce qu'il aurait voulu faire participer sa propre vie de cet élan qui traversait ces livres nouveaux pour lui.
Elle était une des Geiste, une de ses camarades. Lui, le plus jeune et l'un des derniers arrivés, s'était transformé à son contact. Il ne se serait jamais déclaré à elle, mais elle était une femme adulte, d'une trentaine d'année, et elle fut son mentor. Et chaque moment passé avec elle était pour John sans comparaison avec le reste de son temps. Elle n'était pas souvent là, très souvent partie, mais au cours de ces années passées avec les Geiste, John ne l'avait pas vu vieillir, et son regard sur elle n'avait pas changé. Si son sentiment s'était précisé, s'il aurait pu certaines fois lui décrire parfaitement, le choc du John de quinze ans la voyant pour la première fois était exactement le même que le sentiment infiniment doux qu'il lui portait, dix ans plus tard.

Et cette soirée-là, le même encore.

Cela devait faire une dizaine d'années que John officiait dans les Geiste. S'il en était un membre actif au même titre que les autres, il ne s'était jamais mêlé à l'administration de l'unité. Il n'imaginait même pas que cette vie où il avait trouvé un équilibre si parfait puisse se terminer. Mais une fois de plus, il lui faudrait prendre un dirigeable... Cela, il ne le savait pas encore lorsque son supérieur lui ordonna de se rendre à Dumine avec elle pour y prendre le courrier de l'administration centrale. On attendait des nouvelles, il devaient faire un saut tous les deux à la ville et revenir le lendemain avec les lettres. John s'en étonna à peine, la mission n'étant pas habituelle, mais le non-habituel était justement là règle chez les Geiste, et c'était l'occasion de passer une soirée avec elle, ce qui était parfait. Ils arrivèrent à Dumine en fin d'après-midi, et passèrent au bureau de l'administration centrale, où une missive les attendait effectivement. On mettait également à leur disposition deux bureaux sommairement transformés en chambres, où ils pourraient passer la nuit. Ils décidèrent de se promener un peu dans Dumine avant de rejoindre leurs quartiers. Et la nuit était douce, parfaite – John envisageait avec plaisir la perspective de boire quelques verres en discutant jusque tard des aventures des uns et des autres, comme d'habitude, avant de rejoindre leurs chambres respectives. La chaleur très douce qui l'habitait se contentait, peut-être, de ces soirées calmes. Mais elle, ce soir-là, était soucieuse, taciturne. Plusieurs fois elle avait tourné son regard vers lui, avait entrouvert la bouche, puis avait semblé se raviser et s'était détournée, envoyant son regard se perdre dans le vide. Il meublait la conversation, inquiet, sans se décider à l'interroger. Il n'eut pas besoin – elle s'était, d'un coup, levée, et dit :

Rentrons.

Il se leva, alla payer au comptoir, puis ils sortirent dans les rues chaudes. Ils marchèrent en silence un instant, avant qu'il ne remarque :

Dis, les bureaux ne sont pas plutôt par là ? Il me semble que nous avons pris un autre chemin tout à l'heure, plutôt...

Elle s'était tournée vers lui brusquement, le regardait droit dans les yeux. Ca, ça n'arrivait jamais, elle n'avait pas ce regard-là d'habitude, ses yeux pâles dardés dans les siens, et ce feu à l'intérieur qui tout d'un coup s'était fait brasier – ses propres yeux qui soudain s'étaient enflammés, il n'osait pas détourner les yeux mais rien à y faire – et soudain sur ses lèvres les siennes, lui qui tombe sans fin en elle, elle qui ne le retient pas, et déjà la barrière de ses lèvres qui cède, le barrage brisé sous la force du brasier qui l'habite et se déverse dans sa cervelle, ses mains, ses bras qui glissent sur elle, qu'est-ce qui commande en lui à cet instant, est-ce que quelque chose commande encore ? Et soudain, comme juste après, sans que le temps ne se soit écoulé, elle et lui dans cette chambre, leur corps éclairés par la lune – que s'est-il passé ?
Ses yeux dans les siens, à nouveau. Ont-ils seulement changé d'endroit ? Ne sont-ils pas toujours dans cette rue, a-t-il rêvé ? Non, il peut sentir sa peau – si froide – sous sa main. Elle le regarde, il ne comprend pas et la regarde en retour. Un faible sourire éclaire son visage. Elle lui parle, elle lui dit qu'elle ne sait pas parler, elle n'a jamais parlé autant, lui n'a jamais écouté ainsi, elle lui demande de l'excuser, lui demande plusieurs fois, lui l'excuse, pardonne, plusieurs fois, des milliers de fois peut-être mais qu'y a-t-il à pardonner ? Rien pense-t-il, tout dit-elle, elle parle encore, et elle lui raconte sa vie avec lui, ce qu'elle a été, tout ça désormais lui appartient, ces dix années elle le regardait sans jamais avoir su parler, elle a été si heureuse ici, avec lui, même si maintenant seulement elle s'ouvre à lui, et lui ne répond rien – il n'y a rien à répondre, il boit ses yeux et à nouveau son corps, encore elle lui demande de pardonner, il pardonne et s'endort.

John se réveille seul. Elle a disparu, et avec elle la missive de l'administration. Soudain, il a peur – que s'est-il passé exactement le soir précédent ? Que devait-il pardonner, encore ? Ah, il ne sait plus, et cette lettre qui a disparu – si... John se hâte, rentre en quatrième vitesse à la Geistenburg où le commandant l'attend, le courrier à la main. Alors elle est là, elle vous a remis le document ? Mais pourquoi seule ? Elle avait dit qu'il était resté pour affaires à Dumine, qu'il reviendrait un peu plus tard. Elle est déjà au courant, et elle est repartie déjà. Au courant de quoi ? Repartie où ? Calme-toi, gamin, et viens.

Cette journée fut l'une des dernières à Geistenburg. Ce qu'elle savait déjà, ce que la plupart des Geiste apprirent en même temps que John dans la soirée, c'était la dissolution de la section. La fin de leur rêve en commun – finalement, la frange militariste dure avait triomphé... Les crédits de la Geist étaient coupé, l'unité dissolue et remplacée. Elle n'avait jamais existé, et les militaires réintégraient le rang – de belles positions, bien sûr, leurs étaient offertes, belles et discrètes... Cette nuit-là fut longue. Les débats furent houleux, et la disparition de l'objectif commun révéla enfin la disparité des caractères ; les Geiste étaient désunis. Le dernier cadeau que les politiciens favorables à cette unité avaient pu lui faire, depuis leur disgrâce nevane, c'était ce courrier, cette missive reçue quelques jours avant que l'état-major ne se rende lui-même sur place et ne vienne récupérer les soldats, s'assurer de leur consentement. Car l'on savait bien que ce n'étaient pas vraiment des soldats, et que ce qui les tenaient ensemble n'était pas vraiment la discipline... Ils disposaient donc de quelques jours à peine pour prendre une lourde décision. Et les Geiste s'opposaient. Le pacte qui fut passé cette nuit-là entre les anciens membres était un crève-coeur. Ceux qui reprenaient leur liberté seraient des déserteurs, très clairement, et la ligne anti-magie dure des responsables militaires impliquait que les déserteurs maîtrisant la magie ne soient pas traités tendrement... Ceux qui restaient étaient assurés d'une belle retraite à l'ombre, mais il considéraient l'ombre d'un appartement confortable à Nevan que l'ombre d'un cachot. La plupart des membres décidèrent toutefois de prendre le large, qui était leur domaine de prédilection. L'union semblait définitivement dissolue.
Rien de tout cela ne semblait toucher John. Il assistait aux débats en étranger, les yeux perdus dans le feu qu'ils avaient allumé. Il ne prit pas de décision ce soir-là, il n'en prit pas les jours suivants, et il resta cloîtré dans sa chambre, insensible aux appels de ses anciens camarades. Rester ou non lui était absolument indifférent, il s'était heurté à un problème bien plus insoluble. Il comprenait bien qu'elle s'était excusée auprès de lui parce qu'elle l'avait fui, et le fuyait à nouveau ; elle devait savoir déjà, se douter, avoir pris sa décision auparavant. Mais lui, que devait-il faire ? Il n'était même pas capable de se figurer sa question en termes clairs, il ne parvenait pas à cerner le problème. Il restait là, et pensait à elle, il était encore empli de cette nuit, il ne pouvait sortir d'elle, il était comme coincé dans le temps.

Deux jours plus tard, il se leva. La Geistenburg s'était faite plus silencieuse, s'était vidée petit à petit de la vie qui l'avait animé pendant ces dix années. Presque tous étaient partis, ne restaient que quelques-uns qui avaient choisi leur camp – et John. Celui-ci s'était assis à son bureau, et s'empara d'une feuille blanche. Il écrivit, longtemps, il fit courir sa plume sur le papier. Quand il eut fini, il roula le parchemin, le glissa dans une besace, et s'empara de ses deux pistolets, Silence et Sapience. Il décrocha un vieil imper qui ne devait plus le quitter. Il rassembla quelques affaires, remplit un sac de quelques livres particulièrement précieux, et prit l'argent qui lui restait. Il alla trouver son supérieur, et tous deux discutèrent longuement. Quand ils eurent terminé, ils se firent leurs adieux, et se quittèrent.

Par la suite, John retourna à Neven, où il se rendait à la Bibliothèque. Il était devenu un inconnu à ces lieux, et personne ne le reconnut – seuls, peut-être, Silence et Sapience, lui firent comprendre par un certain regard qu'ils étaient heureux de le voir là, à nouveau, parmi les livres. Puis d'autres dirigeables entraînèrent John sur d'autres continents, en d'autres lieux. Finalement, en 667, il arriva à Sécaria, quelques mois après Vice-Versa. Il emménagea dans les quartiers Nord, dans une ancienne bibliothèque, et y installa ses propres livres.

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~Et encore un schizo sur le forum.~

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Signalement : L'autre main du Destin (probablement la gauche) Compte PNJ réservé à la validation des fiches. NE PAS MP.


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MessageSujet: Re: Fra John J. Peinture   Fra John J. Peinture I_icon_minitime18.02.12 13:59

Parfait tout ça ! Validé =) Trouve-toi un avatar et file jouer avec tes petits camarades ^^

Ce topic vous servira à la fois d'étendard, comme de journal intime ou fourre-tout, tant que cela concerne Fra John J. Peinture.
Spoiler:
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- Cow-boy de bibliothèque -

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Signalement : Flingues & fringues style Jessie James, le regard sombre et viril, celui du solitaire en chasse... Long imper, chapeau à large bords, chemises à carreaux, pantalons étroits dans les tons rouges/marrons (suivant la date de la dernière lessive), le tout rapiécé. Taches d'encre, pleins, taches de rousseur, moins. Et surtout, surtout, cette sale odeur de tabac froid et de poudre !


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MessageSujet: I. Papier machine. Tango   Fra John J. Peinture I_icon_minitime11.03.12 15:14

I. Papier machine. Tango.


Je garde le souvenir de la lumière tamisée de la Grande Bibliothèque, sur mon dos, sur mon visage. J'apprenais, je ne savais pas pourquoi. Je garde le souvenir des pages anciennes qui crissaient sous mes doigts. Je n'oublierai jamais ce que j'étais alors.

J'ai oublié ce que j'étais alors. Je garde ce que j'ai appris, j'oublie le reste, je le repousse. J'évite la lumière, je tamise ma mémoire, je laisse couler par-devers moi les cataractes silencieuses des souvenirs. Je cours pour ne pas laisser Tango me rattraper.

J'ai fait de la lumière de la Bibliothèque des mots. J'ai fait du sourire de Fra Silence de mot. J'ai fait de l'austérité de Fra Sapience des mots. J'en ai fait une partie de moi, ma colonne vertébrale et mon squelette. L'ossature de papier qui me tiens debout.

Je m'étais introduit, la nuit, dans les locaux de l'administration. J'avais le droit de rester tard à la Bibliothèque, j'y dormais souvent. Et les bureaux de l'administration était juste à côté. Il devait être quatre heures, je crevais de peur. Quand j'étais un gamin, j'étais lâche ; je le suis encore. Quand j'étais à l'orphelinat, là-bas, de l'autre côté de la mer, j'avais peur des autres gamins. Je pleurais tout le temps, et personne n'étais là pour me consoler. Ce n'était pas particulièrement cruel, pas particulièrement violent, mais j'étais si seul... Je me souviens de cette nuit, à l'administration, comme la véritable fin de mon enfance. J'étais venu y chercher mon âme, j'étais venu chercher et détruire cette enfance. Tirer un trait sur neuf années sans histoires. J'étais né là, dans la Bibliothèque, et je pensais alors que si je détruisais tout ce qu'il y avait eu avant, alors je deviendrais enfin un spectre dans la bibliothèque, un enfant de papier parmi les livres... C'est pour cela que j'avançais dans ce couloir baigné de lune, alors. J'avais trouvé à l'Académie, où j'étais arrivé il y a cinq ans, une famille, des regards attentifs posés sur ma nuque, lorsque j'étudiais. Je ne devais faire que ce que l'on attendait de moi ; c'était peu et agréable : d'une part, faire le ménage - je savais bien que je n'étais pas l'égal, que je ne serais jamais l'égal des autres élèves – et d'autre part, étudier. Entretenir la Bibliothèque n'était pas une corvée, c'était un plaisir : caresser d'une chiffon doux le bois des armoires, passer silencieusement le balai pour faire voler la poussière dans la lumière douce, et promener surtout mon regard sur les livres, ceux dont je m'étais déjà fait des amis, ceux que je n'avais pas encore rencontré, ceux que je ne lirais jamais... Mes contacts avec les autres élèves étaient rares, je ne les recherchais pas et eux non plus ; la manière dont je les surpassais, sûrement, devait les intimider. J'eus bien sûr des discussions avec des camarades, que je menais avec plaisir si mon temps était libre, j'aidais volontiers, il m'est même arrivé de partager une promenade dans Neven la Haute avec d'autres. Je le faisais sans gêne, mais sans plaisir particulier, je ne ressentais pas le besoin de m'ouvrir aux autres, ni qu'ils ne s'ouvrent à moi. J'avais des amis, que je rejoignais dès que j'avais quitté mes camarades et mes professeurs ; j'allais lire à la Bibliothèque.

Il avait, il me semble, la volonté farouche d'en savoir plus, d'en apprendre sur lui-même - ou bien, était-ce déjà moi ? Hmm... Pour le reste, il était lâche, il aimait plaire à ceux qui lui prêtaient attention... C'était un insensé, l'inversion de ce que je suis. Comment pourrait-il même prétendre être moi ?

Il vivait de livres, de papier... Sans qu'il le sache, déjà je l'enlaçais de mes bras affectueux, je le suivais de mon regard tendre, de tous les rayonnages. Je lui ai tout appris, mais c'est lui qui m'a donné la vie – quelle ironie... Je suis né, peut-être, cette nuit là, de la lumière de la lune sur le dos de cet enfant qui cherchait son âme de papier dans un petit bureau de l'Académie de Neven.

Par chance, j'ai trouvé rapidement ce que je cherchais. Je suis fait de quelques feuilles à peine, dans ce petit bureau, mon passé est dans cette dizaine de lignes. Je veux le dissoudre, et devenir à jamais un spectre dans la Bibliothèque, pour l'éternité l'enfant maigre dans l'Académie, devenir enfin papier baigné de lumière, du sourire de Silence et du regard dur de Sapience. Pour cela il faut que j'ouvre ce classeur, que je lise et que je sache ces quelques lignes comme je sais tout le reste, que ce passé devienne enfin un rayon parmi d'autres dans ma bibliothèque intérieure. Dissoudre ce que je suis dans la connaissance. J'ouvre le classeur, je lis. « IK-756. De l'orphelinat de Lespure. Parents inconnus. Réussite exceptionnelle des tests A751, rapport à l'Académie et décision positive de la Commission CD45 : transfert au Centre Militaire le 04/02/632, unité : Lehrlinge» Rien que je ne sache déjà. Je suis né à Lespure, je n'ai pas de parents, ma mémoire et mes capacités m'ont amené ici, à Neven, où j'étudie depuis maintenant près de dix ans. Je n'étais, alors, qu'un numéro. J'ai quatorze ans, à peu près, et jour après jour, je me nourris de savoir. On me nourrit de savoir, dans un but que j'ignore, et qui ne m'intéresse pas. Je veux dire, ce savoir-là ne m'intéresse pas. Il ne m'intéresse pas comme ne m'intéressent pas les années passées, le temps, l'histoire de celui que je suis. Je ne m'intéresse pas aux circonstances, je ne m'intéresse pas à ce qu'on veut faire de moi, je ne m'intéresse pas, finalement, à ce qui me concerne. Et j'efface, de ce geste, celui que je suis.

Il est celui qui voulait faire de son être une réplique exacte de la Grande Bibliothèque, amener partout avec lui les rayons tant aimés... La contenir, et se dissoudre avec elle – n'être rien. Quel petit con. Heureusement que je suis là, tout de même.

Il voulait, je crois, dissoudre son passé dans du papier. Il avait oublié, ou il n'avait jamais su, que d'autres avaient déjà fait de lui du papier. Il n'a pas la même force que moi, il n'a pas su se faire encre, et s'écrire dans son destin de papier...

Je continue ma lecture : « Entrée du 02/04/633 : rapport de la commission CD-I16 : confirmation de qualités intellectuelles exceptionnelles (A791 : 997/1000). Affectation à l'unité MK-65 « Geiste », matricule 20 (Tango). Validité de la décision : dès la fin de la formation préliminaire. ». C'était il y a un an... Le sourire de Silence a changé, il s'est teinté de tristesse, peut-être. Le regard de Sapience, encore plus indiscernable qu'auparavant, s'est posé sur moi pour de longs moments. C'est étrange, j'avais l'impression d'être devenu un spectre, un être en sursis... Et finalement, il semblerait bien que ce soit le cas... Un « Geist ». Ce que cela veut dire ? Bientôt, plus rien, sûrement il suffit d'emporter avec moi ce papier, et aussi vite que possible, le détruire par le feu ?

J'ai tout de même une certaine affection pour le garçon nommé Tango. Il avait, quelquefois, un rire amer qui était né cette nuit-là. Pour ceux qui savent lire, écouter, ce rire-là en disait beaucoup, beaucoup plus que tout ce que Tango pourrait dire, et certainement même plus qu'il n'en savait. Parce qu'il n'était pas encore moi.

S'il l'avait fait, si le garçon sans nom avait à ce momen-là brûlé ce papier, qu'est-ce qui se serait passé ? S'il n'y avait pas eu là quelqu'un d'autre... Je pense pour ma part - mais, alors, je ne pourrais pas le penser - qu'il serait effectivement devenu un fantôme, que personne ne l'aurait plus jamais remarqué, et qu'il aurait hanté les rayonnages de la Bibliothèque jusqu'à sa mort. Quel endroit étrange et effrayant - matrice et meurtrière tout à la fois... Quoiqu'il en soit, je ne sais pas non plus ce qui t'avais amené là alors, mais Dieu te remercie, Echo.

C'est cette nuit-là, alors, que j'ai entendu pour la première fois le rire d'Echo. Derrière moi, à ce moment, comme je m'apprêtais à glisser dans ma besace les quelques feuillets. Putain, j'ai eu peur comme jamais. Ce rire-là, que j'allais entendre encore et encore dans les années à venir, que finalement j'allais aimer, m'a collé ce soir-là une frousse terrible. Il était appuyé contre la chambranle de la porte, et il me regardait faire, depuis un moment déjà peut-être ? Il n'a pas bougé, il a dit que je ferais mieux de laisser ça là, que ça n'avait pas beaucoup d'importance. Je le distinguais mal, je suais à grosse goutte, j'étais découvert et j'allais sûrement en prendre pour mon grade – mais non, il ajouta calmement que ce n'était pas bien grave, ça, que ça n'était que du papier, et que de toute manière il n'allait pas me balancer à qui que ce soit. Parce que, ajouta-t-il après un silence, il avait bien trop besoin de moi. Ca, c'était inédit. J'étais encore apeuré, mais je reposai lentement les papiers à leur place avant de me laisser aller contre l'armoire, assis par terre, et de le fixer sans rien oser demander. Il avait un sacré sourire, avenant comme tout, que je ne pouvais pas quitter des yeux. Il s'accroupit, posa ses mains sur ses genoux, et releva son regard vers moi. Il avait certainement compris que je n'étais pas en mesure de dire quoi que ce soit, alors il parla, lui, simplement. Et il dit que oui, il avait besoin de ce gamin qui lui faisait face, parce qu'il avait entendu dire que j'avais une tête bien remplie, pleine d'infos très utiles pour lui. Je venais sûrement de lire ça, les « Geiste », et bien, c'était lui – enfin, disons qu'il les représentait ici. Il était particulièrement doué pour s'y retrouver dans le labyrinthe nevan, et il toquait souvent à la bonne porte, mais enfin, pourquoi il parlait de lui ? Pour en revenir à moi, c'était le moment de quitter la Bibliothèque. Ça, il en était désolé. Surtout qu'il ne m'invitait pas dans un club de vacances. Je me taisais toujours, je le fixais, il faisait des pauses pour voir si je réagissais mais je ne pouvais faire que le fixer. J'avais échoué, j'allais devoir quitter la Bibliothèque. Mais il avait saisi ça aussi, et qu'il l'ait compris n'est pas de peu d'importance. Il a eu des paroles sincères, qui ne se voulaient pas rassurantes. Mais enfin, il parlait à quelqu'un qui était au-delà de mon âme de papier, et il touchait juste, l'animal. Il me dit que je faisais désormais partie d'une section secrète de l'armée, ces Geiste, justement, qu'il en était, comme dit précédemment, le représentant à Neven, et que j'aurais tout le temps de voir ça un peu plus tard. Nous partions quelques jours plus tard, en Adhénor, il y avait là-bas une sorte de centre d'entraînement, j'y rencontrerais mes nouveaux collègues. Certes, il n'y avait pas autant de bouquins qu'ici, mais il lui semblait qu'il y en avait déjà pas mal, et surtout, si je me révélais aussi précieux qu'il le pensait, ce serait à moi de compléter tout ça. Là, je commençais à ouvrir un peu les oreilles. Mais il changea radicalement de sujet, et bientôt je n'ai plus eu assez de mes deux oreilles. Il dit des choses que d'autres ne pourraient pas comprendre, en tout cas pas comme je les ai comprises alors, et personne certainement ne pourrait comprendre l'effet que ces paroles ont eu sur ce gamin-là. Il dit que je n'étais pas du papier, que cette forteresse de papier-là n'était pas la vie, que ce que je cherchais était ailleurs, et que c'était des conneries que de penser que je me consumerais avec ces quelques feuillets. Il pouvait, dit-il, à peu près imaginer ce que je faisais là, et c'était de sacré conneries, et son regard se durcissait quand il disait cela. Il avait besoin d'un homme, pas d'un tas de papier, il y en avait bien assez à Neven, et pour porter des rêves il faut des hommes, si je n'en avais pas il se chargerait de me les faire rentrer dans la tête à coup de pieds dans le train. Les rêves, je les trouverais là-bas, en Adhénor, et les gens que je rencontrerait, je pouvais m'attendre à ce qu'il m'en apprenne plus long que n'importe quel bouquin. Quand il en eût fini, il se leva sans rien dire, sans même jeter un regard derrière lui, et je me levai aussi et nous allâmes silencieusement dans les couloirs de l'administration, et il me quitta dans la Bibliothèque.

C'est à ce moment que Tango a pris ce nom. Le mien n'est plus très loin... Il attendait de sortir de la Bibliothèque pour se déployer, il attendait de rejoindre les autres, à Adhénor. Il attendait, surtout, novembre.

Nous sommes tous infiniment redevables de Silence et de Sapience. Ils portaient sur leurs épaules le poids du monde, fait papier. Tout l'espace du dehors était contenu en-dedans... Ils ont, surtout, laissé Tango s'approcher de territoires dangereux, ils l'ont fait explorateur, et il s'est laissé faire cartographe du monde silencieux avec bonheur. Tango, Inkspot, John : tous trois nous sommes nés là.

Il m'avait déjà bien retourné l'esprit, mais sans ce qui allait suivre, je me serais peut-être échappé avant le matin. Mais non. Je suis resté, après qu'il m'eût quitté, dans la Bibliothèque, un peu, lui dire au-revoir des yeux, des mains. C'est là que j'ai surpris, quelques rayons plus loin, trois voix qui discutaient à voix basse, et sans me faire remarquer, j'écoutai. L'homme que je venais de rencontrer, et deux autres voix que je reconnus immédiatement. J'entendis, tour à tour, Silence et Sapience me recommander à la vigilance d'Echo. Il leur répondit comme à des amis proches, comme à ses pairs, qu'il avait confiance en ce gamin, et ces quelques mots firent plus d'effet sur moi que nul autres. Sans pouvoir en écouter plus, je couru en silence vers ma chambre. En silence, dans mon lit, les yeux tournés vers la fenêtre et la lune, je pleurai, sans savoir pourquoi. Je ne compris que quand je vis mes draps – ces larmes, c'était ma vie passée, les années dans la Bibliothèque, je pleurai le garçon de papier et il sortait de moi. Mes draps étaient noirs au matin, et moi aussi ; les larmes que je versai cette nuit-là étaient d'encre.
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MessageSujet: Re: Fra John J. Peinture   Fra John J. Peinture I_icon_minitime

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