[Topic libre, suite de
Il n'y a pas de mauvaise route, il n'y a que des mauvaises rencontres., merci aux doigts de la libertééééé !]
Pilo-quoi ? Uni-quoi ? Décidément quelqu'un avait dû filer un dictionnaire à son inconscient pendant qu'il ne regardait pas. Parce qu'il n'y avait pas une seule putain de chance dans l'univers pour que LUI utilise ce genre de vocabulaire de son propre chef. Il était en train de lui parler de ses
poils là, non ? Oh bordel, pourvu que cette hallucination ne vire pas une fois encore en rêve érotique à la con. C'était toujours très embarrassant, quand il se réveillait.
Ouf non. Un scénario de danger et de fin du monde, apparemment. C'était plus facile de vivre avec ce genre de souvenirs.
Okay heu, en gros, le machin de l'espace lui refilait le bébé. Il était venu, lui avait demandé un renseignement, et maintenant il estimait qu'il était tout à fait qualifié pour se payer le boulot à sa place ? Pas logique. Mais c'était un rêve. Un rêve n'a pas à être logique. Enfin, c'était la dernière fois qu'il proposait son aide à un être non identifié venu d'une autre dimension, si c'était pour se taper les corvées des autres... Il avait la tronche d'un garçon coursier, c'est ça ? M'enfin okay, pas de soucis, il irait. C'pas comme s'il avait une meilleure idée en tête, de toutes façons.
La brûlure sur son épaule, par contre...
Douleur. Vive, intense, net. Le cerveau cotonneux qui se réactive. Merde. Oh bordel de merde. Oh putain de bordel de merde. C'était pas un rêve, pas vrai ? Il n'était jamais allé aux putes, son porte feuille et son foie étaient intacts. Il n'était pas évanoui dans son vomi dans un quelconque caniveau mais bel et bien réveillé, en train de parler à un être non identifié venu d'une autre dimension qui venait de lui coller un post-it magique sur l'épaule.
Avant qu'il n'ait le temps de paniquer, la chose disparait en ne lui laissant pour tout souvenir que quatre mots. Vous avez ma confiance.
Et le Cyclamen de tomber sur le cul. Littéralement. Les fesses sur les pavées gras et boueux. Merde. Il avait encore mal. Ça ne s'estompait pas. Sa vision était claire, pas de nausées ni tête qui tourne. Il n'avait rien bu. Il n'était pas ivre. Il n'avait pas rêvé. Par contre il était peut-être taré. Complètement et totalement taré.
Une éclat de rire lui échappa. Nerveux, saccadé. Qui durait, encore et encore, au point qu'il en ait mal aux côtes. Ses yeux se levèrent vers le ciel. On ne voyait pas bien les astres à Sécaria, la faute aux éclairages publiques et à la pollution, mais il était à peu près sûr que sa bonne étoile était occupée à lui faire un gros bras d'honneur, là. Cette sale pute. Il avait dit quoi un peu plus tôt ? Qu'il ne voulait pas aller voir une voyante et connaître son futur parce qu'il ne voulait pas savoir à quel moment sa vie allait partir en couilles ? C'était bien ça ? Ben c'était réglé, parce que c'était définitivement
maintenant.
Hébété, Sissy resta un long moment immobile, sa petite tête d'hûme sans éducation tournant et retournant les événements, cherchant à y mettre de l'ordre, à les comprendre, en vain. Bon. Il n'avait pas ce qu'il fallait pour traiter l'information, c'était définitif. Alors inutile de se tordre la cervelle dans tous les sens. Il fallait suivre le flot, encore une fois.
Un frisson lui rappela qu'il avait toujours ses fesses sur le sol glacé et il se releva péniblement, frottant son épaule douloureuse. Et de quitter sa ruelle puante pour rejoindre le marché, en ébullition. A cause d'Haddorine, hein ? Il avait oublié. Ça faisait des années qu'il n'avait pas fêté Haddorine. Des pétards. Il adorait les pétards, avant. Mais pas ce soir. Ce soir il voulait retourner dans la chambrette qu'on lui avait prêté, se rouler dans sa couette et
dormir. Pute borgne. Il allait en chier, pas vrai ?
Il errait de long en large dans le marché. Pas vraiment sûr de ce qu'il devait faire. Dire. Ou penser. Du coin de l'oeil, il lui semblait remarquer des détails insolites. Des choses qui ne devraient pas être là, mais qui l'avaient toujours été. Les écailles lui étaient tombées des yeux et il découvrait que son monde si familier était peut-être plus étrange qu'il n'y pensait. Et c'était une sensation terriblement angoissante.
Il n'allait pas rester là à tourner en rond comme un poisson rouge dans son bocal. L'homme-loupiote lui avait dit que la brûlure partirait quand il aurait trouvé sa madame Irma, là, pas avant. Et il avait pas la touche d'un petit plaisantin, le grand machin bleu. Quitte à passer pour un taré, autant le faire vite. Si le risque de se faire péter la gueule devenait trop grand, il pourrait toujours utiliser son "talent spécial". Ça avait toujours marché, jusque là. Cyclamen repéra donc la personne qui avait l'air le plus bizarre dans le lot des passants et lui lança avec son air le plus avenant :
"Scuze de t'embêter, mais je suis perdu et je cherche quelqu'un... Heu... c'est une sorte de voyante, tu vois ?"