I. Identité:
Nom : Seregorn
Prénom : Luthien [Prononcer Lùtièn]
Surnom : Lulu; mais inutile de préciser qu’il faut lui être trèèèèès familier pour l’appeler ainsi!
Sexe : Féminin
Age : 40 ans (c’est donc une jeune Rhazal), mais en paraît une vingtaine tout au plus.
Race : Rhazal
Idéologie : La Camorra
Métier : Honnête commerçante!
II. Conscience du monde et Magie:
Conscience : Eveillé
Source : /
Technique : /
Spécialisation : /
III. Descriptions:
Description physique : Si il est une chose incontestable chez Luthien, c’est bien son physique très masculin, aussi bien de visage que de corps. En effet, elle est assez grande, mesurant approximativement un bon mètre 85; sa carrure athlétique, ses épaules larges, son torse plat dépourvu de poitrine comme tout Rhazal qui se respecte n’en fait certes pas quelqu’un de très féminin, de même que ses jambes arquées aux mollets musclés et sa mâchoire plutôt carrée que fait ressortir son large front. Elle est très sportive et ça se voit, pas du tout d’apparence hume et ça se voit aussi. Même si cette caractéristique est moins prononcée que chez ceux de sa race, Luthien a les narines épatées, comme deux fentes animales, et le visage qui tend vers l’avant. Ses yeux sont d’un noir de jais, s’accordant parfaitement avec la soyeuse couleur havane de ses cheveux mi-longs et légèrement bouclés, d’où sortent deux longues cornes de bélier recourbées vers l’avant. Ce détail est impressionnant pour quelqu’un qui n’a jamais vu de Rhazal, lui donnant l’air sauvage et vindicatif. Luthien préfère recouvrir la peau plutôt hâlée de son torse par un vêtement court, style gilet ou petit débardeur sombre; le bas est laissé tel quel, dévoilant de longues jambes cambrées vers l’arrière, recouvertes d’une pilosité d’un noir lustré et profond, qui se termine par un sabot fendu luisant. Elle ne porte jamais aucun ornement sur elle, si l’on excepte celui qui la suit partout, sa grosse chevalière en argent représentant une tête de bélier. En résumé, la jeune Rhazal n’a rien de très séduisant, du moins pour un hume, tandis qu’un mâle de son espèce pourrait apprécier la force de son corps à sa juste valeur. Ses clients eux, ont plutôt tendance à la trouver dangereuse, ce qui est bien utile pour les affaires.
Description morale : Luthien est quelqu’un dont le caractère est assez spécial, du moins pour les humes; et pour cause, puisque dans les grandes lignes elle correspond au profil type des Rhazals. Premièrement, elle est égoïste. Résultat de nombreuses années passées en solitaire, et résultat d’autres plus anciennes où elle a fini par comprendre la règle la plus capitale de ce monde cruel: chacun pour soi. En ce sens, elle n’est pas foncièrement mauvaise, mais se préoccupera seulement de sa propre vie, sans se soucier vraiment de savoir si celle des autres est en danger. En clair, elle n’est pas du tout du genre à se précipiter dans un immeuble en feu au péril de son existence pour sauver quelqu’un… à part si ce quelqu’un en question est une chèvre, auquel cas elle revisitera sans doute sa position. Elle considère, comme tout bon Rhazal, que la chèvre est le meilleur des animaux, et même si elle n’est pas engagée dans les actions visant à les libérer, elle soutient celles-ci avec ferveur. Lulu est quelqu’un de franc, souvent de bonne humeur, et elle adore se payer la tête des gens; mais c’est aussi une personne assez susceptible, et si on la vexe elle peut changer de comportement aussi vite qu’une girouette. Pas du tout trouillarde, même si on peut plus désigner cela comme du « je m’en foutisme » plutôt que du courage, il y a un point sur lequel elle est très rancunière et on ne plaisante pas: le commerce. Demandez une chose, vous l’aurez, mais ne vous avisez pas de partir sans payer, cela vaudrait mieux pour votre vie.
IV. Précisions supplémentaires:
Style de combat : Lulu, rien que par son physique assez imposant pour une Rhazale femelle, n’est clairement pas une « quiche surgelée »; elle pratique assez bien l’auto-défense, sa race lui conférant vélocité et force de frappe. Mais elle n’aime pas vraiment le corps à corps et préfère faire usage de son authentique Acreage, extrêmement rare, ou des armes à feu; après tout, puisqu’elle s’en trimbale toujours un attirail sur elle dans le but de les vendre, autant se servir quand le besoin s’en fait ressentir! Son plus grand atout dans le tir est sans conteste sa précision.
Talents particuliers : Maniement des armes à feu; forcément, quand on vit dedans depuis plusieurs années, on commence à en connaître un rayon!
Signes particuliers : En tant que Rhazal, il y a bien entendu cette paire de cornes spiralées qui jaillissent de sa chevelure châtain; mais celles-ci sont rarement visibles aux yeux des autres. Autre signe qui n’est pas visible, son addiction assez forte aux pommes de terre: Lulu peut devenir très irascible si elle n’a pas sa dose de patate!
V. Histoire:
Luthien est née nulle part et partout à la fois.
Même ses parents ne pourraient sans doute pas se rappeler avec exactitude le lieu précis de sa naissance; car alors leurs voyages étaient devenus leurs vies, et ils couraient toujours sur les routes, sillonnant les continents, passant dans de grandes alcôves de civilisations aussi diverses que variées, et parfois même se retrouvant aux racines des forêts vierges intemporelles, tout cela dans un seul but, qui avait fait d’eux ce qu’ils étaient et qui régissait presque tout existence rhazale: le commence.
Une famille de commerçants, toute simple, plutôt nomade, qui se déplaçait avec ses convictions, avec chèvres et moutons, avec armes et bagages, et avec tout le matériel nécessaire pour survivre; et ils auraient pu survivre ainsi jusqu’à la fin de leurs jours, puisqu’ils s’étaient remarquablement bien intégrés depuis leur passage, se fondant dans la population tyrienne. Quatre ans plus tard, ils avaient leur premier enfant.
Luthien passa les cinq premières années de sa vie dans des paysages truculents, parcourant les campagnes, se sustentant des fruits. Elle grandit aussi bien que l’on peut grandir dans ce mode de vie en perpétuel mouvement, sans point d’attache, dans la théorie d’une liberté virginale et absolue; ses parents sillonnaient alors le continent de Twinkil, s’arrêtant pour une semaine ou deux dans les petites villes boisées, auréolées de montagnes scintillantes. Son absence de racines à une terre donnée ne la gênait aucunement et elle savourait son existence comme on savoure un produit de saison.
L’année de ses dix ans, ses parents lui donnèrent un petit frère, Lothiern. Ce fut une bouche de plus à nourrir, et elle commençait progressivement à renoncer à une partie de son enfance vigoureuse et pure pour aider ses parents occasionnellement dans leur travail. Dès sa plus tendre jeunesse donc, Lulu appris les ficelles du métier, ses géniteurs lui enseignant tout ce qu’elle devait savoir: tout ce qu’elle, ingénue, ignorait des merveilles et des cruautés du monde. Quelques mois plus tard, ils quittaient les collines verdoyantes et le climat hyalin de Twinkil pour Lespure et ses plaines éternelles, aux racines noueuses et à la terre drue. La jeune Rhazal s’y sentit bien; en vérité elle se sentait bien partout, du moment qu’elle pouvait observer à loisir l’horizon crépusculaire scintillant de blancs éclats, et la lueur rougeoyante de Constance et Sïan.
C’est à ses 15 ans qu’elle comprit véritablement l’enjeu que représentait sa faculté, et surtout celle de ses parents, à bien commercer, éviter les embrouilles, les polices de proximité, se montrer inflexible… tout autant de critères qu’elle s’efforçait d’emmagasiner, même si certaines avaient bien du mal à rentrer dans sa petite tête. Ce fut à cet époque qu’ils changèrent, pour la troisième fois depuis la naissance de Luthien, de continent, se rendant sur Malengha. Le paysage changea alors du tout au tout, ce qui dérouta la jeune Rhazal. De la ville portuaire où ils avaient débarqués jusqu’à Ashagan, ils durent longer pendant un ou deux jours un Grand Désert Noir. Les plaines sauvages et irisées de Lespure avaient cédé leur place à des étendues grises et noirâtres, saupoudrées de cendre ternes, qui bougeaient par lourds paquets dans le vent. Mais son arrivée dans une grande ville du continent central, pour elle qui n’avait jamais vécu qu’au contact de la nature, fut encore plus déconcertante. Jamais elle n’avait vu tant de foule rassemblée, pressée, mouvante, d’étalages et de lumières, d’édifices et d’énergie. Des constructions chaotiques, en équilibre précaire, percées de minces fenêtres et prolongées de longs bras qui leur servait de passerelle s’étendaient autour d’elle; des silhouettes élancées et hautes, des lignes envolées, et toujours la même teinte gris anthracite qui revenait sans cesse se peindre sur les grandes façades saturées des bâtiments enchevêtrés. Là où les humes ont planté leurs racines, sont cueillis les fruits de la généreuse récolte; et là où il y a le plus de produits localisés s’établit un marché; c’est ainsi qu’une ville se crée et se développe.
Le voyage initiatique de Luthien ne faisait que commencer.
Ils ne restèrent à Ashagan que deux ans, mais ce fut suffisant à la jeune Rhazal pour comprendre, n’était-ce qu’en surface, les mécanismes de ce qu’on appelait une ville, et comment il fallait s’y prendre pour y survivre correctement. Elle qui était de nature plutôt calme et mélancolique devint une vraie petite paria, vindicative et toujours en fuite. Secondée de Lothiern, elle passait son temps dans les rues, courant dans les quartiers grisâtres, à la tête de bandes gamines et juvéniles qui se faisaient la guerre aussi bien qu’elles s’échangeaient des produits. Ce fut sa première véritable expérience en tant que marchande. Charismatique, intraitable, elle acquit vite une réputation parmi cette marmaille aussi poussiéreuse que la cité qui les englobait, se dressant dans les rues à l’aurore, au crépuscule ou la nuit; car il semblait ici qu’on avait plus peur du jour que dans les landes désertiques et, même si elle s’interrogeait sur la chose, elle s’en accommodait fort bien.
Vingt-quatre mois plus tard, ils partirent s’installer pour Jakata. Ils y passèrent cinq ans; et ses parents, malgré leur jeunesse encore robuste, avaient quelque peu perdu le goût des voyages incessants et souhaitaient rester dans cette mégapole un moment, pour acquérir enfin un repos bien mérité. Le résultat de leurs économies de longues années de labeur, à peine rognées par une vie nomade et frugale, leur avait permis d’amasser un capital assez conséquent et qui leur permettait sans trop de difficulté de bien vivre.
Mais Luthien n’était pas satisfaite. Même dans la nuit baignée de ténèbres, ourlées de velours, elle ne voyait plus ni Constance ni Sïan; les lueurs floues et fortes de Jakata l’en empêchait. En compagnie de Lothiern, elle reprit la boutique de ses parents, un local miteux dans une ruelle pavée; mais cela suffit pour leurs débuts et très vite, la même situation qu’à Ashagan recommença. Les Seregorn commençaient à se faire un nom dans la pègre environnante, pour leurs services certes très coûteux mais irréprochables; comme bon nombre, d’ailleurs, de leurs congénère Rhazals. C’est en forgeant qu’on devient forgeron et, de même, c’est en exerçant jour après jour, mois après mois, qu’on se fait des relations, qu’on infiltre les plus petites parcelles d’échanges, les réseaux les plus secrets. Le carnet de contacts de Luthien s’agrandit rapidement; elle intégra bientôt la Camorra.
C’est quand elle eut 22 ans que Lothiern mourut, à cause d’un deal qui avait mal tourné. Des gens – des humes- qui se croyaient assez malins pour pouvoir arnaquer les Rhazals sur leur propre terrain. Ils le payèrent de leur vie, mais ils avaient emportés le frère de la jeune femme dans leur chute. Cela, elle ne put le supporter. Elle n’éprouvait aucuns remords pour les personnes qu’elle avait tué, mais elle sentait qu’il était plus prudent de quitter le territoire avant que toute enquête ne conduise à elle, causant par là des ennuis à ses parents. Et puis, elle ne pouvait plus revoir tous ces objets familiers sans que le souvenir de Lothiern ne lui vrille la tête.
Elle partit du jour au lendemain pour s’installer à Sécaria. La ville des pylônes. Elle avait toujours autant de mal à voir les deux lunes, mais les grands monolithes de pierre d’un noir de jais se dressaient dans l’horizon, comme on brandit un hymne dans la tempête. C’est des événements qui étaient survenus à Jakata que vint l’intransigeance de Luthien en matière de commerce. La situation recommença. Implantation d’une boutique en règle, marchandage tranquille –pour le moment, elle ne voulait pas faire de vagues, histoire de bien s’intégrer. Mais petit à petit, ses habitudes reprirent, et elle se fit progressivement un nom dans la ville brumeuse et cuivrée. Connue de bons nombres de balayeurs, qu’elle fournissait en armes, elle était aussi une marchande de l’ombre, trouvant pour ses clients tout et n’importe quoi; faisant jouer ses relations, investissant les marchés noirs, bref en somme une véritable commerçante qui ne se souciait pas du type de produits qu’on lui demandait, mais plutôt de la somme qu’elle aurait en retour. Les réseaux illicites devinrent son domaine de prédilection; son point de vente devint bientôt incontournable, et tous les initiés à ce domaine connurent alors le nom de Luthien Seregorn.
A présent, la situation est toujours la même. Les brumes tentaculaires s’échappant des pylônes envahissent peu à peu Secaria; mais après tout, quoi de plus profitable pour les affaires ? Tant que cela pouvait lui faire faire du bénéfice, elle voulait bien que tous les brouillards de la planète s’abattent sur la cité.
La suite de l’histoire, elle commence à partir de maintenant.