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 Adenn, le docteur fou

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Adenn

- Dexter avec des poils - Docteur Maboul

Adenn

Signalement : Razhal


Adenn, le docteur fou Vide
MessageSujet: Adenn, le docteur fou   Adenn, le docteur fou I_icon_minitime01.11.11 16:12

Après des mois de lutte avec ma faiblesse absolue en production de ma fiche puis une aide fantastique d'Asphodèle (merci Des chiiips! whahaha ) qui m'a relancé sur la bonne voie, voici ma fiche, non je n'étais pas mort XD

I. Identité

Nom : Montblanc (il l'a lui même choisi il y a longtemps, suffisamment longtemps pour avoir oublié quand c'était exactement), son vrai nom a été détruit quand Adenn a été condamné à l'internement forcé
Prénom : Adenn (là ça vient directement de la contraction du nom donné par ses parents, nom qu'il a fini par oublier tellement peu utilisé)
Surnom : Docteur, Razhal (à prononcer avec dégoût), le « Docteur fou », Adenn (ça n'est plus arrivé depuis des dizaines d'années pour ce dernier)
Sexe : Masculin
Age : 173 ans
Race : Razhal
Idéologie : Camorra ??? Enfin, c'est s'ils veulent encore de lui. Toutefois si l'on cherche un autre terme, disons qu'il a son idéologie propre, ressemblant à la Lune Rouge sur le plan du besoin de faire couler le sang pour avancer, mais la comparaison s'arrête là (non y'a pas d'histoire de vampire dans ces lignes... cherchez pas j'ai dit !)
Métier : Médecin, il a son diplôme (valable pour de nombreuses formes de vie, plus ou moins éloignées du format de l'huménité) obtenu avec mention dans une académie d'un autre univers bulle. Heureusement pour lui, il n'a jamais été radié après ses crimes vu que la Camorra n'a rien laissé filtrer sur les dernières affaires, réputation oblige.


II. Conscience du monde et magie

Connaissance des extra-tyrestres : Oui, car... Adenn en est un !
Connaissance des vampires : Des quoi ?? Adenn jugera ça très très intéressant le jour où il en entendra parler !
Conscience : Éveillé
Technique : //
Spécialisation : //


III. Description morale et physique

Description physique : Adenn l'a tout juste réalisé à sa sortie : il a passé les 40 dernières années dans un « établissement psychiatrique » où on l'a enfermé dans un « cocon capitonné ». Bon, fini le blabla politiquement correct, il a passé 40 ans piégé dans une boîte de sardine modèle XXL où il pouvait tout juste se tenir debout, mais par contre bouger, ça, que dalle. On le sortait de temps en temps pour un peu de bourrage de crâne sur diverses sujets, mais c'est tout.
En conséquence, malgré un physique de Razhal, donc naturellement plus fort que celui d'un hume classique, sa période d'immobilité forcée à eu raison d'une grande partie de ses forces, et il présente aujourd'hui un aspect physique relativement frêle pour un Razhal, il reste plus fort que l'hume moyen mais ne ferait pas le poids en terme de force physique face à un hume entraîné ou face à un autre Razhal. Le seul trait encore impressionnant dans son physique est sa taille qui, elle, n'a bien entendu pas rétréci dans « l'essoreuse » qu'était sa prison. Adenn mesure toujours un bon 2 mètres. A sa sortie, Adenn s'est vu posé sur son corps un collier de sécurité. A son activation, le collier a eu pour première action de se camoufler: le visage, le cou, le torse et le dos entièrement couvert de poils dans le prolongement de la pilosité de sa partie basse, poils brun très foncé, charmant ! Ces poils semblent s'arrêter au niveau des épaules en ce qui concerne les bras. C'est toujours ça mais ça n'aide pas pour les interactions sociales.

Le fait d'avoir très peu parlé, et ce pendant plusieurs dizaines d'années, n'a pas non plus aidé sa gorge : sa voix est extrêmement rauque et il a grand mal à parler vite sans ressentir des douleurs aiguës à la gorge et aux cordes vocales, mais ça devrait bien finir par se résorber vite.

Comme tout bon Razhal et pour éviter de se faire tirer dessus à vu, Adenn porte toujours des vêtements amples, afin de cacher ses particularités physiques, ce qui permet de pouvoir un peu compter sur une intimidation passive, paraissant plus massif qu'en réalité. Adenn replie toujours une grande capuche sur sa tête afin de cacher son visage et aussi et surtout, pour cacher ses deux énormes cornes incurvées de chaque côté de sa tête, qui à elles seules pourraient suffire à dévoiler ses origines extra-tyrestres.

Description morale : Durant les 40 années de son enfermement, Adenn a changé. Avant d'être capturé et traduit en justice, Adenn vivait pour la science, non, il était l'instrument de la science à l'état brut... enfin c'est ce qu'il pensait.

Après son arrestation et son enfermement, Adenn, qui n'avait plus eu le contrôle complet de ses pensées depuis si longtemps, fut étonné de constater qu'il ne partageait plus tout à fait son ancien point de vue sur ses expérimentations passées. En effet, notre médecin semblait avoir perdu son goût passé pour les expérimentations sanguinolentes et les traitements que certains qualifieraient de torture.

Il ne désire plus tuer pour faire avancer la science, mais plutôt pour finir ce qu'il a commencé (ça revient au même me direz vous... eh bien non!). Oui Adenn a appris la valeur de la vie, lui qui fut privé de vie et de liberté pendant si longtemps. Il n'est toutefois pas revenu à un état psychologique tout à fait sain, souhaitant terminer ses expérimentations au nom des premières victimes (au prix d'autres vies sans doute), afin que leurs sacrifices ne soient pas complètement en vain. C'est à cause de tout cela qu'Adenn ne prendra pas de vie à la légère, mais la prendra tout de même s'il n'y a pas d'autres solutions, valorisant à sa façon les sacrifices, notamment en ciblant des personnes seules qui ne manqueront à personne ou des êtres qu'il jugera lui-même nuisible ou bon à rien et en s'assurant de connaître la vie de ces individus pour garder une trace de leur existence dans sa mémoire et une forme d'hommage ?

A noter que la peine d'enfermement (qui a dit sentence?) d'Adenn l'a complètement traumatisé, à un point où notre médecin est paniqué à la simple idée de se faire remettre en prison, de retourner dans son cachot et ne se laissera plus perdre le fil de la réalité comme c'était avant. Il risquerait de devenir instable et dangereux pour lui comme pour les autres dans le cas contraire.


IV. Précisions supplémentaires

Style de combat : Adenn ne se bat pas car il n'a jamais su s'y prendre, il lui est bien arrivé de devoir lutter pour garder captif une de ses victimes mais souvent la force du Razhal suffisait.

Talents particuliers : Adenn est extrêmement talentueux en tant que médecin. Bien que sa peine de prison ait duré des années, il n'a rien perdu de son talent et de ses réflexes et cela il le doit à sa mémoire infaillible ou presque. Il a de plus de vastes connaissances dans le domaine de la pharmacologie, ne nécessitant que des outils et des ingrédients pour préparer un médicament particulier.
Adenn a heureusement pour lui de grands talents dans l'ajustement de ses vêtements pour cacher entièrement son corps et ses difformités vis à vis du standard hume. Enfin, en bon Razhal, Adenn est un commerçant né, il sait comprendre ce que souhaite le client et trouver comment pouvoir jouer sur ce point pour obtenir ce qu'il veut.

Signes particuliers : Adenn se dissimule tout le temps dans ses vêtements amples et ne montre jamais son corps (un Razhal typique, oui... mais au milieu des Humes, c'est un signe particulier).

On peut discerner, à travers la fourrure, une grosse cicatrice sur son épaule droite, trace d'un coup de corne qu'il a reçu alors qu'il luttait contre une de ses victimes particulièrement vivace. Adenn a aussi un torse couvert de fourrure contrairement au standard Razhal - la cicatrice est difficilement visible à travers. Hormis cela, il pourrait passer pour n'importe quel Razhal aux yeux de quiconque sait reconnaître cette race dans la rue la nuit tombée.

Liens éventuels : Adenn ne connaît personne sur Tyr, sinon peut être quelques Razhal qu'il aurait connu avant son enfermement. Il est à noter que les autres Razhal eux par contre ont pu entendre parler du « Docteur fou », un des secrets noirs de la Camorra.
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Adenn

- Dexter avec des poils - Docteur Maboul

Adenn

Signalement : Razhal


Adenn, le docteur fou Vide
MessageSujet: Re: Adenn, le docteur fou   Adenn, le docteur fou I_icon_minitime01.11.11 16:13

Pardon pour la longueur Bouin... T-T J'ai pas pu m'empêcher de romancer le tout et avant de réaliser c'était aussi long whahaha

V. Histoire

Avant d'entamer mon récit, je me dois de me présenter. Je me donne moi-même le nom de Adenn Montblanc. Pour beaucoup d'autres je ne suis soit rien, soit un criminel impardonnable, soit une nuisance imposée. Si j'écris ces lignes, c'est avant tout à destination de ma propre personne. N'ayant plus eu accès librement à mes pensées et ma mémoire depuis si longtemps, je ressens le besoin de coucher sur le papier tout souvenir afin de pouvoir le raviver par la lecture plus tard. Ce texte servira avant tout à me rappeler à moi-même qui je suis, d'où je viens et ce vers quoi je vais, au cas où je perdrais de vue mon objectif et ma conscience par la même occasion. Toi qui lit ce récit, sache que tout ceci est la vérité telle que je m'en souviens, aussi bien le meilleur que le pire, je me refuse à cacher quoi que ce soit dans cet exposé. J'ai choisi de parler de moi-même à la première personne pour faciliter l'écriture.

Chapitre UN : Un parcours à la hauteur du potentiel, presque sans faille

Je suis un membre, un spécimen dirons certain, de la race apatride et expatriée des Razhal. Cette race s'est assemblée autour d'une guilde appelée la « Camorra », surnommée par beaucoup d'autres races comme « la guilde des marchands ». Ce nom pointe un trait marquant de ma race : nous avons tous un talent et un goût particulier pour les marchandages. Ce trait de caractère seul aurait pu orienter ma vie, la destinant aux achats et reventes de fournitures dans le but principal de gagner de l'argent mais je n'ai pu me limiter à cela.

Mon goût pour la médecine et l'étude biologique des organismes doit remonter aussi loin que je me souvienne à l'époque de mon enfance, durant les vingt-cinq premières années de ma vie. Je me souviens m'être très souvent faufilé dans l'arrière boutique de mon père pour regarder, fasciné par toutes les marchandises qu'il possédait - des sources d'informations sous formats divers : des livres reliés, des pierres gravées, des morceaux de cuir tatoués mais aussi des choses beaucoup plus particulières telles que, par exemple, cette drôle de minuscule créature, avec un crochet deux fois plus grand qu'elle, enfermée dans une cloche de verre que mon père m'avait dit pouvoir insérer des souvenirs dans la mémoire de celui qui se laisse piquer.

Mon père aimait l'information en tant qu'entité propre et allégorie de l'existence – je sais donc je suis - et il était persuadé que l'information était aussi synonyme de pouvoir et de richesse, aussi collectionnait-il tout support qu'il pouvait trouver et le revendait-il après l'avoir consulté pour en tirer et mémoriser tout son contenu. Entre temps, il stockait toutes ses trouvailles dans l'arrière boutique de son échoppe dans la capitale sur la planète Prak'tor de l'univers-bulle trente-six, seul monde de mon enfance.

Je me rappelle donc, après m'être une fois de plus introduit dans son local, être un jour tombé sur un recueil de croquis et schémas en coupe de ce que j'allais plus tard connaître sous le nom d'être humain. Le nom de son auteur - Léonard de Vinci, m'était totalement inconnu, mais ces dessins m'avaient intéressé par leur forme particulière. Curieux de savoir ce que cela représentait, j'osais avoué mon intrusion à mon père et lui demandais ce dont il s'agissait. Prenant pour s'expliquer des mots plutôt simples, il m'expliqua plus ou moins avec habileté, que ces dessins montraient l'intérieur et le fonctionnement, enfin ce que son auteur pensait être, du corps d'une espèce vivante d'un monde nommé la Terre. Ses mentions de l'intérieur de mon ventre et de mon corps tout entier pour comparaison m'avait d'abord un peu apeuré, mais, la curiosité aidant, je finis par vaincre ma répugnance et consultais les autres documents sur des thèmes similaires passant à ma portée. Je ne saurais dire ce qui m'avait tant attiré dans tout cela, mais ce fut là le début de ma vocation et de ce qui allait devenir mon métier.

Les années défilaient et je continuais ma quête de connaissance dans le domaine de la médecine, de la biologie et de l'anatomie. Une chose avait pourtant changé, désormais j'accompagnais mon père dans ses quêtes de nouveaux produits, et j'avais même le droit d'en choisir certains moi-même – juste retour pour l'aide que je lui apportais, droit âprement négocié, Razhal oblige. Bien entendu, je continuais ma quête de recueils sur le sujet qui mobilisait mon attention depuis déjà presque une dizaine d'années. J'avais commencé à me construire des connaissances plutôt vastes et éclectiques dans ce domaine mais ne m'en rendait pas compte à l'époque.

Les années s'additionnant, je fus proche du passage à l'âge adulte. Je décidais alors, avec l'accord de ma famille, d'aller étudier dans une académie située dans un autre univers bulle, dans le but de devenir médecin. En arrivant, je m'inscrivais et commençais les nombreuses années qui allaient m'apporter la connaissance et le savoir-faire nécessaire pour pratiquer la profession. Je réalisais pourtant très vite qu'au niveau connaissance, j'avais déjà une avance plutôt considérable sur mes collègues, avance provenant de mes études préalables. Je passais donc mon temps à apporter mon aide à mes collègues de promotion, moyennant divers services, à confronter mon savoir aux programmes des années suivantes et à me porter en avant dans de nombreuses conjonctures avant de consulter le savoir réel qui allait m'être inculqué plus tard.

Ce « jeu d'esprit » m'aidait à appréhender toute la complexité de ces connaissances brutes en les confrontant à la réalité des choses et très vite je me rendais compte que la théorie n'était plus suffisante : je désirais pouvoir constater de moi-même ce qu'on nous servait sur un plateau, nous demandant de croire tout ça sur parole avant d'avoir atteint un niveau suffisant pour étudier sur des spécimens physiques. Je me déplaçais souvent, prétendant appartenir à des promotions plus avancées dans le cursus, afin d'assister à des cours de pratique. Je fus repéré plus d'une fois et confronté face à mon mensonge, ne pouvant que justifier mes actes par ma soif d'apprendre.

Un jour, alors que j'avais été traîné une énième fois dans le bureau du doyen de l'académie pour un, énième lui aussi, sermon sur le fait de rester à ma place dans la hiérarchie de l'académie, je n'y tins plus et demandais à pouvoir montrer mon avancée par rapport au programme qui était attribué à mon année. Le doyen, voyant sans doute une occasion de me confronter avec la réalité de l'expérience, accepta ma proposition. Il allait me soumettre à un examen écrit et me demander un mémoire sur le sujet de mon choix, mémoire de niveau correspondant à un élève proche de la dernière année mais je devais me plier à ses règles ayant déjà obtenu une chance, qui lui servirait à juger de l'état de mes connaissances.

L'examen s'avéra décevant, non pas parce que je n'arrivais pas à le remplir, bien au contraire, mais plutôt parce qu'il ne traitait que sur des sujets étudiés en auto-apprentissage déjà depuis des mois et connus sur le bout des doigts. De son côté, le mémoire fut pour moi la possibilité de me lancer dans des commentaires poussés sur de nombreux auteurs que j'avais jugés imprécis sur certains points importants de leurs études. J'y mêlais de nombreuses références à d'autres auteurs afin d'appuyer mes points de vue, et mes critiques. Finissant l'écriture du fameux document, j'eus la surprise de constater que j'étais parti, un peu sans m'en rendre compte, dans des conjectures particulières sur des sujets non encore développés avant les dernières années du cursus, en spécialisation micro-biologie et biologie moléculaire, de plus ces « théories », n'ayons pas peur des mots, ne correspondaient pas aux théories communément admises et démontrées par le monde de la médecine de l'académie. J'étais allé plus loin sans m'en rendre compte, sans doute un mécanisme inconscient né de mon habitude pendant mes heures de travail personnel, mais mes théories incluaient celles apprises à l'académie, pourtant les dernières du monde de la médecine, et les étendaient à un niveau beaucoup plus universel de conception de la vie.

Ne sachant trop ce qu'on penserait de toutes ces hypothèses totalement nouvelles, je réécrivais très vite mon mémoire, essayant de rester dans le domaine du connu et reconnu tout en étayant mes écrits. Je finis dans les temps mais me rendis compte que cette nouvelle version manquait d'esprit, demeurait creuse et non approfondie, nulle d'intérêt. Et il était trop tard pour recommencer une troisième mouture ! Je remettais donc cette version décevante, rempli de frustration de ne pouvoir soumettre mes premières idées - que j'avais gardées bien cachées dans mes recueils de notes.

Deux semaines passèrent, puis je fus à nouveau convoqué dans le bureau du doyen. Le verdict était sans appel, j'avais échoué. L'examen avait été un succès impressionnant le correcteur et tout ceux qui avaient vu mes réponses mais le mémoire manquait réellement d'envergure, il était largement insuffisant. J'allais devoir rester là où j'étais et me calmer pour rentrer dans le rang. Le doyen avait tout de même remarqué que ce papier ne correspondait pas à mon esprit pointu d'analyse et ma propension à exprimer mon propre avis, caractère que beaucoup de professeurs m'ont reproché depuis mon entrée dans l'académie mais je n'avais rien répondu. J'étais trop déçu et frustré pour répondre quoi que ce soit, de plus j'avais promis de me plier au résultat, c'était une des conditions de la mise en place du marché.

Frustré comme je l'étais de mon rejet, certains de la validité de mes prétentions à une réévaluation de mon niveau dans le cursus, je ne pouvais que constater l'ennui terrible que m'apportaient les cours où j'étais retourné depuis mon échec face au doyen. Je m'imaginais donc régulièrement, pour occuper ce temps non stimulant, ce qui aurait pu résulter si j'avais soumis mon autre papier. Deux principaux courants pouvaient se discerner dans mes pensées à ce sujet :
mes écrits étaient révolutionnaires mais surtout vrais, et on m'aurait acclamé comme seul le génie qui avait pu les produire,
mes idées étaient présomptueuses, non dénuées d'intérêt mais restaient des idées tant que la science ne pourrait vérifier tout cela. Elles méritaient le coup d’œil mais il ne fallait pas oublier quelle était ma place et relativiser.
Il m'arrivait parfois de discerner loin, très loin et très bas, une troisième voix qui susurraient doucement que je n'étais qu'un ignorant qui se prenait pour un dieu, que je devais retourner où j'avais ma place, c'est-à-dire tout en bas de l'échelle, et que j'avais complètement déliré dans l'écriture de ces théories : elles étaient complètement fausses. Je n'y prêtais nullement attention, si faible qu'elle était, il s'agissait sans doute de la pression résultant de l'ennui.

La situation resta identique quelques semaines, puis elle empira au fur et à mesure que la voix à l'intérieur de moi prenait de l'importance et de la puissance. Elle m'attaquait sur un de mes plus grands défauts : je suis arrogant quand on touche à mes idées, je le sais et je ne le renie point. La pression montait donc graduellement, mes pensées se faisant progressivement vampirisées par la question : avais-je eu raison ou tort ? Je ne pouvais plus tenir, il me fallait savoir. Il me fallait me prouver mon talent. Pour faire taire cette voix.

Je montais vite un plan. Les corps ayant servi de cobaye pour les pratiques des étudiants étaient stockés dans une morgue appartenant à l'académie le temps qu'ils soient rendus pour traitement et divers rites funéraires suivant les origines du défunt. Il leur arrivait souvent de passer plusieurs jours et nuits dans la morgue avant d'être emmenés. Je ciblais donc la possibilité de m'introduire le soir dans la morgue, sortir quelques corps en bon état et rapidement sans me faire prendre pratiquer mes relevés. Je les remettrais ensuite, préservant ainsi le compte des dépouilles pour les envois à la crémation.

Il me fallait agir dans le secret, de nuit, quand plus personne ne travaillait dans les locaux et m'assurer de ne pas laisser de trace de mon passage. En prévision de mes intrusions, je m'arrangeais pour régulièrement me retrouver près de la morgue afin de noter les habitudes des personnes travaillant dans ou auprès de la morgue. Après quelques jours d'études, je déduisais qu'il était préférable d'agir en milieu de cycle et de ramener les corps avant l'avant dernière nuit du cycle. Ce plan semblait sans faille, sachant qu'il n'y avait jamais personne passé une heure tardive de la nuit, je m'étais arrangé pour trouver un laboratoire totalement désert pour y pratiquer mes expériences. Une fois prêt, après avoir revérifié une dernière fois mon plan, je m'exécutais.

La salle d'entreposage des corps dans les frigos était complètement vide et rangée et j'avais pu faire mon choix sur mon sujet d'expérience en avance aussi ne traînais-je pas pour cette partie de mon plan. Les relevés s'échelonnèrent sur deux nuits consécutives, le corps passant la journée dans un local frigorifique désaffecté mais réactivé par mes soins. Je prenais mes notes sur mes expériences nocturnes sur le carnet contenant déjà la première version du mémoire, groupant les preuves de mes actions dans un seul document plus simple à cacher. Une fois mes relevés finis, je remis le corps et eut le soulagement de constater que personne n'avait rien remarqué semblait-il. Seul bémol, qui lui n'était pas prévu, l'échantillon ne pouvait répondre à toutes mes questions. Il me fallait recommencer avec un second au moins.

Je laissais passer plusieurs mois, n'étant plus autant pressé par la suite tant j'avais été inquiet lors de cette première aventure. J'avais de plus acquis la certitude que personne n'avait rien remarqué, et c'était donc en partie rassuré que je me lançais dans un second rapt. L'enlèvement se passa aussi bien que le premier. La seule chose que je n'avais pas prévu avait été le fait qu'on allait chercher le lendemain après ce corps là en particulier et que faute de l'avoir trouvé, on allait comprendre que quelqu'un avait prélevé un corps à la morgue. Je n'entendis d'abord que des rumeurs vagues à propos d'un incident à la morgue, puis passant non loin par habitude je voyais qu'on avait prévenu et fait venir les forces de l'ordre pour inspecter le local. Je ne cherchais pas à en savoir plus et rentrait vite à ma chambre, paniqué à l'idée d'être découvert.

Si je ne fus pas découvert, je pense que cela devait provenir des précautions que j'avais prises dans mes extractions et mon étude poussée des horaires de fonctionnement des alentours de la morgue. Par mesure de sécurité, je m'assurais de ne pas sortir du lot et ne retournais pas à ma cachette. L'affaire prit de l'ampleur quand la famille du défunt disparu commença à s'en mêler et, en réponse, avec l'accord de la direction de l'académie, les forces de l'ordre procédèrent à une fouille minutieuse des locaux de l'académie, après que le doyen ait regroupé tous les élèves pour nous faire un discours nous informant officiellement de la disparition du corps. Je faisais tout pour ne rien montrer de mon agitation intérieure proche de la frénésie, bien qu'il aurait impossible de me repérer parmi tant de personnes réunies.

Finalement, le corps fut retrouvé et les rumeurs parlèrent d'un carnage effectué sur le corps, c'était bien entendu totalement faux, je n'avais juste pas eu le temps de rendre le corps à nouveau présentable, mais démentir les rumeurs aurait été m'accuser ou en tout cas, faire porter les regards sur moi. Je passai plusieurs journées sous pression, à me demander quand on viendrait me convoquer pour me confondre, mais rien n'arriva. Au bout de deux semaines d'enquête, j'appris que l'affaire avait été close et que les recherches avaient été arrêtées et pouvait enfin souffler. Il était par contre hors de question de recommencer. Même si je n'avais pas fini ce que j'avais commencé, je m'estimais heureux de ne pas avoir été confondu, aussi jugeais-je que c'était suffisant.

Un mois passa, sans événement notable autre que l'arrivée des examens de fin de période. Rapidement l'académie devint plus calme, mais aussi plus effervescente, les étudiants préparant ces examens en adoptant le régime du travail jusqu'à épuisement. J'avais moi-même adopté un rythme plus soutenu, essayant par cette occasion d'oublier mes frayeurs d'il y a peu. Peut être était-ce la fatigue ? Ou bien peut être simplement la malchance ? Je me rendais un jour compte que j'avais perdu mon carnet de notes spéciales sur mes théories personnelles. Je ne pensais plus qu'à ce qui arriverait suivant la personne qui les retrouverait, et si elle les lisait. Je passais quelques jours à refaire mes chemins en sens inverse, dans l'espoir vain de retrouver mes notes perdues avant quelqu'un d'autre. Je dis « vain » parce qu'elles avaient été ramassées par un de mes collègues dans la même promotion que moi, un élève très pris dans ses études et lunaire dans le reste. Il avait ramassé mes notes sans les lire tout d'abord et les avait oubliées. J'appris tout ceci quand il me contacta quelques semaines plus tard pour me les rendre. Il venait de les retrouver dans ses affaires et avait vu mon nom dessus donc me les avait gracieusement rendues.

N'ayant rien ajouté au moment de me les rendre, je n'avais, sous le choc, rien ajouté, mais plus le temps passait et plus je me demandais s'ils avaient lu les textes preuves de mes méfaits. Je résolus de le voir à l'écart un soir, et pus le faire venir à un rendez-vous entre nous deux seulement. Je lui demandais alors s'il avait lu le contenu du carnet. Sa réponse ne fut pas du tout dans le registre de ce que j'attendais. Il m'annonça d'un trait sans porter le moindre intérêt à ce qu'il disait, qu'il n'avait lu que le début et avait trouvé qu'il s'agissait d'un ramassis de conneries inbitables et totalement inutiles. J'aurais dû me préparer à ce genre de possibilité de réponse aussi, car, sous le choc, je ne pus résister à quelque chose qui se cassait en moi. Ne me contrôlant plus, je saisissais le premier objet lourd à portée et frappait, pris de folie. Étant donné la force musculaire native des Razhal, le pauvre n'eut aucune chance. Il s'effondra vite et au bout de quelques coups ne bougea plus du tout. M'étant rapidement calmé, je me baissais, tâtais le pouls de la créature misérablement effondrée devant moi et tirait rapidement ces conclusions : le stress accumulé à la surprise m'avait rendu fou un instant bref mais suffisamment long pour tuer mon pauvre interlocuteur. Pris de panique je traînais, le soir même, le corps vers un des incinérateurs utilisés pour produire de l'énergie et éliminer les déchets contaminés de l'académie et ne remettait plus jamais les pieds dans la partie du campus où j'avais commis ce meurtre.

Ma victime avait de nombreux amis, qui ne tardèrent pas à repérer son absence. Dès le lendemain soir, des bruits courraient sur la disparition d'un étudiant de ma promotion. Une enquête fut vite lancée et on retraça vite le parcours de la victime jusqu'au lieu de notre rendez-vous puis jusqu'à l'incinérateur. De nombreux membres de l'académie furent entendus et moi parmi eux. On m'avait vu lui courir après dans les couloirs, le jour où je l'avais vu pour fixer le rendez-vous nocturne. On m'avait aussi vu dans les parages du lieu d'assassinat présumé. Je passais un des moments les plus horribles jusqu'alors de ma vie. Mais fut disculpé au bout de quelques jours, sans trop comprendre, apparemment, ma victime, bon élève, avait fait des envieux, et sans doute sous la pression, l'un d'entre eux avait annoncé être l'auteur.

Cela suffit à arrêter les interrogatoires et les suspicions officielles à mon égard, mais beaucoup de mes camarades de promotion n'était pas dupes, connaissant la victime et son prétendu meurtrier. Je me retrouvais donc rapidement isolé de tous mes collègues, seul avec moi-même et ma culpabilité. J'étais toutefois trop lâche pour oser me dénoncer et la situation restait comme elle était durant tout le reste de mes études. J'avais, pour ne plus être tenté de faire quoi que ce soit et éviter de nouveaux incidents comme le dernier en date, enterré mes notes dans un recoin peu usité de l'académie, scellant mes théories produites et celles à venir – je refusais de reprendre ce qui avait été la cause de ma poussée de folie.

Le rejet par les autres me donnaient encore plus de temps libre, que je consacrais à mes études, devenant rapidement l'envie de la plupart de la promotion, j'étais placé parmi les trois premiers. J'obtenais donc mon diplôme de médecin généraliste spécialisé en biologie – l'idée de me spécialiser en chirurgie vers la fin du cursus m'était devenue complètement infâme et j'avais donc préféré une autre spécialisation – avec mention et quittait l'académie avec les honneurs dus à ma réussite. Alors que je finissais mes valises, je pensais à mes notes enfouies et finissait par aller les récupérer. J'avais tout enveloppé dans un emballage imperméable – chose inutile alors que je ne désirais plus jamais les revoir en les enterrant – aussi leur état était proche de la perfection. Je quittais donc définitivement l'académie, résolu à ne plus penser à mes erreurs de jeunesse, mais plutôt à me concentrer sur mon métier et enfin profiter du fruit de tant de sacrifices effectués depuis des années. Si seulement j'avais su ce qui allait se passer, j'aurais sans doute fait demi tour, non pas pour ré-enterrer ce maudit carnet, mais plutôt pour le brûler.
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Adenn

- Dexter avec des poils - Docteur Maboul

Adenn

Signalement : Razhal


Adenn, le docteur fou Vide
MessageSujet: Re: Adenn, le docteur fou   Adenn, le docteur fou I_icon_minitime01.11.11 16:17

Chapitre DEUX : Le talent fait gravir les échelons

La sortie de l'académie coïncidait pour moi avec un changement de statut mais non un changement d'activité à proprement parler. En effet, aux vues de mes résultats, un grand laboratoire de recherches en biologie médicale m'avait déjà courtisé dès l'avant dernière année du cursus et je travaillais donc déjà avant de quitter l'académie. Bien que mes horaires de travail soient réduits par le planning des cours de l'académie, et que en conséquence, je me voyais confier des missions sur une grande durée, travaillant comme ajout partiel de force de travail dans les équipes régulières du laboratoire. Ce type de contrat de travail leur permettait de pouvoir déjà me mettre à contribution dans leurs équipes et inspecter mes qualités tout en s'assurant que je n'irais voir ailleurs. Ce genre de travail, bien que monotone dans certains cas, me convenait parfaitement.

Cette sortie avait donc seulement officialisé mon changement de statut, passant du domaine étudiant au monde professionnel. Étant donné mes faits d'arme dans les équipes, déjà excellents, alors que je n'étais encore qu'étudiant, on avait pris la décision de m'intégrer, directement à ma sortie de l'académie, dans l'équipe qui travaillait sur les sujets les plus complexes et pointus du laboratoire. Il s'agissait des « as » et j'avais le droit de les rejoindre. Je ne les avais jamais rencontrés mais on m'en avait parlé comme d'un groupe de génies tous en concurrence pour sortir du lot.

Cette équipe, dirigé par une sommité du milieu du nom de Rainstlin Sliiver, créature ressemblant vaguement à une sorte de crustacé avec des nageoires, incapable de survivre en dehors de la solution spéciale de son caisson. Le dit caisson étant équipé d'un appareillage de transmission sensoriel et synthétiseur vocal, le caisson exprimait les paroles de la créature avec une voix féminine humanoïde, il s'agissait d'une femelle. Le nombre de membres de l'équipe était relativement réduit, six en dehors du chef, les meilleurs dans leur domaine. Cet aspect de sommet de la « chaîne alimentaire » additionné aux sujets confiés, tous plus pointus et intéressants les uns que les autres, à la multitude d'avantages principalement financiers inhérents à la position et à la possibilité de travailler sur ses propres projets personnels, au nom de l'entreprise, ajoutaient encore de l'intérêt à mon nouveau poste.

Je réalisais très vite que la réputation à l'extérieur de « piédestal instable » était partiellement vraie. En effet, il y avait régulièrement un classement des membres de l'équipe de recherche, selon leur efficacité, découvertes, publications et encore d'autres critères et quand un candidat potentiel s'avérait prêt à rejoindre cette « cour des grands », on rétrogradait le membre le moins bien classé, lui faisant perdre définitivement à la fois sa place mais aussi une partie de ses avantages, pour le remplacer par le nouveau candidat. Ce classement étant public, accessible à tous les membres de l'équipe, il était relativement facile de savoir qui était en danger. Je venais donc de prendre la place de quelqu'un en arrivant dans cette équipe. Ce mode de fonctionnement peut en rebuter plus d'un, mais je désirais prouver à tous de quoi j'étais capable. Je comprenais donc bien vite que ma place était elle-même en sursis si je ne me classais pas bien et qu'un nouvel arrivant se présentait.

L'adaptation fut rapide. Le manque de contacts amicaux, provenant de la crainte liée à la compétition, ne me gênait pas le moins du monde, préférant travailler seul, j'étais de toute façon habitué à être ignoré quand je retournais à l'académie, toujours à cause des suspicions circulant sur mon compte.

Je travaillais au début tout seul sur un projet mineur qui était d'une priorité moindre. On me testait, je l'avais bien vu. N'appréciant que peu cette mise à l'épreuve à peine volontairement non cachée, je décidais pourtant d'y répondre comme il se doit - j'utilisais quelques trucs et astuces découverts à l'académie, préférant la pratique et l'expression de l'expérience à la théorie - et remplissais la mission rapidement pour rendre les conclusions, accompagnées de commentaires en un temps que certains auraient qualifié de record. Ce sujet avait tout de même duré plusieurs mois et je compris que j'avais su convaincre car on ne me signala pas mon départ.

Plusieurs dizaines d'années passèrent, avec leur lot d'arrivées et de départ, j'avais passé plusieurs mois sur un projet solo et venais de rejoindre le cœur de l'équipe travaillant sur des recherches dans le domaine hormonal et son évolution soumis à certains stimulus particuliers. J'entendis quelques rumeurs à propos d'un futur changement imminent. Les derniers retours de classement me plaçait parmi le trio de queue, n'ayant que peu eu la chance de sortir du lot par mes résultats ces derniers temps. Je me questionnais rapidement sur mon avenir en cas de rejet, mais avais confiance en ma prestation et ne perdais pas de temps à m'inquiéter pour rien.

Ces rumeurs s'avérèrent véridiques car le moment du changement se présenta à la fin de la semaine. Je ne fus pas éliminé. Un autre des chercheurs, bien plus ancien dans l'équipe, quitta le groupe, remplacé par un nouvel adversaire. Je ne revis plus mon malheureux confrère et j'appris quelques temps plus tard qu'il avait donné sa démission, estimant que ses capacités n'étaient plus utilisées à leur hauteur.

Les quelques mois suivants passèrent relativement vite alors que l'équipe étudiait de nouveaux sujets dans des missions courtes. Ces travaux laissaient peu de temps à quiconque pour travailler sur les sujets personnels, étant fort demandeurs en temps d'étude, ce qui nous privait de la possibilité d'améliorer nos classements mais aucun nouveau roulement n'advint. La pression directe était un peu retombée, remplacée par une sorte d'attente inquiète pour les plus mal classés. Cette attente n'eut pas la réponse à laquelle on s'attendait.

L'équipe tout entière allait être mobilisée sur un projet de longue haleine en génétique et exceptionnellement, les nouveaux arrivants serviraient de renforts au lieu de remplacements. Ainsi, les éliminations étaient-elles repoussées à la fin du projet, dans une vingtaine de mois environ. De même, on nous avait confié que les projets personnels auraient une importance accrue durant cette période. Les administrateurs avaient remarqué que la qualité de ces projets restaient moindre par rapport au travail classique, la contrepartie financière n'étant pas un moteur suffisant. J'étais à ce moment parmi les derniers mais pas directement en queue, un peu de répit, mais pour combien de temps ?

Le projet avançait sereinement, nous allions être largement dans les temps pour le rendu des conclusions. Naturellement, tout le monde s'observait du coin de l’œil, trois nouveaux membres avaient rejoint les rangs, aussi un tiers de l'équipe devrait partir après le rendu des résultats de recherche. J'étais parmi ceux dont le départ était prévu. Il me restait du temps, mais rien de ce que j'entreprenais ne semblait valoir suffisamment pour me faire sortir de la zone rouge. Il faut comprendre que je n'étais pas seul à travailler d'arrache-pied, tous les autres membres de l'équipe essayaient soit de remonter dans le classement, soit de se maintenir en position sécuritaire.

Je commençais à désespérer, ne trouvant pas moi même de réel intérêt dans ce que je produisais. J'avais décidé de museler ma créativité et mes idées après les événements funestes de l'académie, convaincu que le monde de la médecine n'était pas prêt pour la révolution que je pourrais lui apporter – et je me retrouvais face aux conséquences. Refusant de pousser au bout de mes idées, je me sentais de plus en plus écarté de l'équipe de recherche, comme si le départ avait déjà été prononcé. J'atteignais le point limite où il me fallait trouver une direction pour avancer et briller ou bien partir et disparaître. Je résolus de sortir mon va-tout, j'osais à nouveau me pencher sur mon travail d'étudiant.

Ce fut la libération, la clé qui manquait à ma personnalité depuis tant d'années ! A peine avais-je décidé de rouvrir mon carnet, tel la boîte de Pandore dans les légendes humaines, que mon intellect se remettait à travailler de façon frénétique, comme s'il avait été confiné si longtemps dans le livret. Je libérais cette force si puissante qui avait été mon moteur durant tant d'années ! Certes j'avais été brillant durant les dernières années, suffisamment pour maintenir ma place parmi l'élite, mais il me manquait l'étincelle qui me caractérisait tant, qui m'avait fait remarqué par le doyen de l'académie, l'étincelle qui me sortirait de ce mauvais pas. J'étais de retour à mon moi véritable, moi qui devenait arrogant quand on s'intéressait à mon travail et désirait défendre sa place plus que tout. Il n'était pas question de laisser cette histoire de finir de la sorte !

Travaillant au maximum, je recomposais entièrement mes conjectures afin de leur rajouter ce petit plus qui montre l'expérience du chercheur professionnel et me lançais dans des recherches pointues afin d'appuyer mes théories. J'étais toujours convaincu du bien fondé de mes prétentions, mais je redoutais aussi que l'on rejette mes idées, aussi préparais-je des preuves irréfutables de ce que j'avançais. De même, je m'assurais de travailler dans le secret, afin de ne pas éveiller les soupçons des autres, et éviter qu'on ne sabote mon travail en me volant des idées.

Deux semaines avant le rendu des résultats et la délivrance du noms des éliminés, je soumettais un rapport volumineux à propos de mes découvertes et demandaient à présenter mes conclusions devant un auditoire de gens du milieu médical concerné en demandant l'exclusivité du savoir du thème jusqu'à la présentation même. Cet exposé me fut accordé quelques jours plus tard, mais sans respecter mes conditions, on m'expliqua qu'on avait conviés des sommités du milieu à ma présentation, mais on m'accorda au moins le secret interne au laboratoire, aussi tous mes collègues furent-ils conviés à une présentation dont le sujet était tenu caché.

Je me sentais prêt à affronter n'importe qui ou quoi. L'amphithéâtre était bondé, rempli de l'élite des chercheurs en génétique, biochimie et d'autres disciplines diverses, et j'allais vers eux, tel un gladiateur entrant dans l'arène. Je m'avançais dans la lumière, devant tout le monde, installait rapidement mon matériel et mes notes et annonçais le sujet de mon exposé à haute et intelligible voix. Alors que ma voix s'éteignait, je constatais, non sans une grande satisfaction, que tous les visages, jusqu'alors présentant des expressions variées de l'intérêt à l'ennui profond, étaient braqués vers moi, seul persistance dans leur expression : un intérêt et un sérieux sans faille. Ils avaient eux aussi compris, que si mes résultats étaient convaincants, j'allais révolutionner le monde de la médecine moderne. Ce changement marquerait une nouvelle ère dans la médecine.

Je prenais la parole, et me lançais dans mes explications, n'hésitant pas à hausser la voix plus que nature, afin de remplir les oreilles de tous mes auditeurs avec mes paroles, d'être sûr qu'il n'avait plus d'yeux que pour moi. Je jubilais intérieurement, je me sentais maître de l'amphithéâtre, j'avais trouvé ma place. L’auditoire tout entier buvait mes paroles, et enfin j'étais apprécié à ma juste valeur par mes pairs, enfin je pouvais m'exprimer et garder la tête haute. L'exposé dura une heure complète pour la présentation orale, puis la phase de questions dura à elle seule deux heures pleines. A la fin de l'ensemble, tout l'amphithéâtre se leva et m'applaudit. J'étais heureux comme jamais je n'avais été, j'avais enfin pu mettre en avant mon intelligence et mes idées et j'avais été accepté, plus encore, acclamé par mes pairs !

Alors que l'ensemble du public quittait la salle, et que certains venaient directement me féliciter, j'eus la surprise de voir, la tête dépassant mon entourage direct de suffisamment pour embrasser toute la salle du regard, le visage ridé et souriant de l'ex doyen, aujourd'hui retraité, de mon ancienne académie de médecine. Je m'excusais auprès de mes admirateurs et me dirigeait vers celui que j'avais longtemps considéré comme un exemple à suivre, une sorte de maître.

Il m’accueillit avec chaleur et enthousiasme, me félicita pour mes travaux, puis m'informa de son imminent départ, il devait repartir immédiatement, n'ayant pas eu de facilité dans le choix des transports pour assister à la présentation. Il ajouta, avec un clin d’œil léger tout en gardant un visage sévère, alors que je le voyais repartir de sa démarche claudicante, qu'il était toujours à la recherche de celui qui avait pratiqué des expériences sur un corps de la morgue de l'académie, il y a de cela bien des années, ajoutant que les incisions et prélèvement effectués correspondaient par hasard à certains de mes relevés présentés ce jour. Ainsi donc il avait compris, mais ne désirais pas me punir pour les règles enfreintes depuis si longtemps.

Autant dire qu'après cet événement, il ne fut plus question de me rejeter dans une équipe d'importance moindre. Ce fut même tout le contraire : les administrateurs, portés par la révolution et le choc médiatique en résultant, me nommèrent chef de l'équipe d'élite, rétrogradant Rainstlin en dessous de moi, en simple membre de l'équipe, malgré sa rage exprimée clairement face à cette annonce. Si seulement, j'avais réalisé alors que je venais de me faire le pire ennemi possible, le sournois !

Prenant rapidement possession de mes nouvelles responsabilités et attribution, je réalisai que ce fonctionnement par classement et menace de rétrogradation était une initiative de mon prédécesseur, méthode qui certes avait eu ses effets sur la capacité de travail du groupe, mais avait aussi produit son lot de pertes, les anciens membres refoulés qui quittaient le laboratoire, enragés à l'idée d'avoir été rejetés de l'élite. Le monde de la recherche a son lot de génies, mais en contrepartie, il a aussi son lot d'arrogants, j'en sais quelque chose. L'échec, la faiblesse, même passagère, et leur manifestation par une rétrogradation, étaient très mal vécu par beaucoup, préférant continuer ailleurs leur carrière que rester et affronter les conséquences de leurs limites.

Je soumettais rapidement un nouveau plan de fonctionnement pour l'équipe première et mettait fin à cette discrimination par la réussite pour plutôt me concentrer sur le potentiel de chacun pour lui donner la meilleure place lui convenant sans plus accepter beaucoup de nouveaux membres. Mon but était de former une vraie équipe, un groupe d'élite qui travaillerait sous les ordres main dans la main, dans le but de faire avancer la science et non plus sécuriser sa place. Je m'attachais rapidement le soutien apparent de tous les chercheurs de mon équipe. Je surveillais Rainstlin qui, après son éclat de rage à l'annonce de sa rétrogradation, n'avait plus montré le moindre signe de discorde face à ma nomination et sa situation.
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MessageSujet: Re: Adenn, le docteur fou   Adenn, le docteur fou I_icon_minitime01.11.11 16:17

Chapitre TROIS : Un nouveau domaine de recherche : la biomancie

Plusieurs dizaines d'années passèrent, j'étais toujours jeune comparativement à certains des chercheurs de mon équipe – le renouvellement de l'équipe ne se faisant plus de la même façon qu'avant, certains collègues étaient restés avec moi tout ce temps. Mes découvertes avaient fait leur chemin et le monde de la médecine avait en effet subit la révolution escomptée. J'avais obtenu le statut de célébrité dans le monde de la médecine et certains venaient me voir comme on irait voir une vedette.

Peut être était-ce de la jalousie ? Certains de mes collègues refusaient de se laisser ordonner par ce « jeune » génie qui, bien que brillant, restera un arrogant borné. Ce genre de réaction me donnait beaucoup de travail pour maintenir la cohésion de l'équipe et je ne pouvais plus seulement me concentrer sur la science et la beauté de la médecine. J'avais certes perdu une partie de ce plaisir mais je compensais cela par le plaisir de traiter des sujets à la pointe absolue du domaine de recherche. La fatigue s'accumulait progressivement, ne pouvant me libérer l'esprit tellement j'étais impliqué. Je vivais travail et dormais travail mais j'étais toujours performant, ce qui cachait l'importance de mon état de fatigue à tout le monde, y compris mon esprit embrouillé.

Nous allions passé à un nouveau sujet de recherche. Je consultais le descriptif qui m'avait été transmis et m'étonnait d'y trouver le nom d'une personnalité politique de très grand envergure comme commanditaire. Le but de cette mission était de trouver un remède pour son enfant unique, souffrant d'une maladie à l'époque incurable et mortelle. Il avait engagé toute sa fortune pour sauver son être cher et nous commandait donc un remède pour le sauver avant l'heure fatidique. Les budgets étaient illimités ou presque et on exigeait de nous que l'on soit disponible à cent pour cent sur la mission, mettant en pause de durée indéterminée nos projets personnels. Bien entendu, il allait sans dire les retombées positives possibles d'une réussite. Il y avait bien entendu des pressions équivalentes sur nos épaules. L'enfant était dans un état encore sain, mais on lui avait diagnostiqué une maladie connue pour sa faculté à emporter à coup sûr un individu au bout de quelques années. La situation n'était donc pas désespérée mais il fallait impérativement avancer au plus vite, car qui pouvait dire l'avancée de la maladie une fois les premiers symptômes apparus ?

La maladie, telle qu'on avait pu la comprendre en l'observant, provient d'une surcharge progressive d'énergie magique dans le corps. Quand celui-ci n'arrive plus à éliminer cette énergie, le surcharge provoque un dérèglement, puis finalement la nécrose progressive des cellules, et, étape finale, la mort du malade. Il faut savoir que la magie ne se stocke pas naturellement dans le corps, elle nécessite normalement une action consciente pour être prélevée de l'univers environnant, mais même alors son utilisation est immédiate. Il semblerait pourtant que certains individus naissent avec une sorte de source magique interne à leur corps même et soient capable d'y survivre.

Ce phénomène n'était pas très connu à l'époque, et encore moins avait-il été étudié. A peine nommé officiellement. L'enfant appartenait à la catégorie des Rough, ceux-là qui possèdent une source de magie en eux. Les analyses préliminaires du profil avaient permis d'assurer cette information – il n'est toujours pas aujourd'hui, à ma connaissance, possible de reconnaître un Rough d'un autre individu, sinon par certaines caractéristiques liées à l'utilisation naturelle de l'énergie magique pour renforcer les capacités physiques du sujet – mais nous n'avions que peu d'autres données utiles. Nous étions tous avant tout des experts de la partie physique des êtres, c'est-à-dire tout sauf la magie, mais pressés d'obtenir peut être des avantages très intéressants, le conseil dirigeant du laboratoire s'était empressé d'accepter la mission et de faire débuter sa meilleure équipe sur le sujet.

Nous démarrions donc une mission dans un domaine totalement nouveau pour la plupart d'entre nous. Certes, quelques membres de l'équipe avaient déjà eu l'occasion de participer à des recherches dans des domaines connexes, mais jamais dans ce domaine-ci en particulier et leurs connaissances avaient donc seulement un intérêt pour le démarrage des recherches et le lancement de la procédure d'étude. Parmi les quelques « connaisseurs », on pouvait trouver Rainstlin qui s'était empressé de se mettre en avant, sans doute extatique à l'idée de pouvoir profiter de cet avantage pour regagner un peu d'attention.

Étant parmi les plus compétents à première vue, je l'autorisais à former les autres membres, y-compris moi même sur les connaissances pré-requises. Après quelques mois, tout le monde était plus ou moins capable de gérer les bases de la recherche dans ce domaine. Je fus contacté par l'administration. Ils étaient conscients de notre manque de connaissances et de notre incapacité à faire des miracles à partir de rien, aussi compétents étions-nous, c'est donc pourquoi ils avaient réussi à arranger une formation pour quelques laborantins de notre équipe.

Cette formation exigeait de changer d'univers-bulle et de rester loin des locaux pendant une année complète, il était prévu que je sois parmi ceux qui partiraient. Naturellement, le reste de l'équipe devait travailler pendant ce temps à préparer tout d'abord des échantillons et effectuer les premières expériences sur les tissus contaminés. Il fallait donc quelqu'un pour diriger les travaux pendant que je serais loin et on avait prévu d'assigner ce rôle à mon prédécesseur. Choisissant deux autres collègues pour m'accompagner, nous partions donc pour passer l'année dans un centre de formation plus proche de la magie que de la médecine. Ce centre avait spécialement été sélectionné car il possédait un panel de sujets de leçons s'approchant beaucoup plus de l'étude de la magie et de son interaction avec les corps biologiques que d'autres du même acabit.

Le début fut compliqué, tellement les notions de base étaient-elles à des distances énormes – on pourrait dire proportionnellement au voyage que nous avions entrepris pour venir – de ce que nous avions pu étudier dans nos vies. Au bout de quelques mois, nous comprenions la base de la magie, l'utilisation de cette énergie, sans pour autant être capable de la prélever ou même juste la sentir, mais il restait encore à comprendre son interaction avec des cellules vivantes. De leur côté, l'équipe de recherche avait bien avancé et était parvenu à quantifier le niveau d'emprise de la maladie, sans pour autant être capable de donner un espérance de vie. C'était une avancée, certes, mais il restait énormément de travail et en comparaison si peu de temps. En effet, le malade avait commencé à présenter des symptômes physiques visibles, des rougeurs sans raison apparente par endroits, et il avait été impossible de le calmer depuis. Non seulement l'intégrité physique était en jeu, mais même si l'on sauvait le patient, son mental serait peut être atteint par les changements visibles et le fait de se savoir malade et condamné.

Alors que la fin du séminaire approchait, plusieurs mois plus tard, nous étions presque pleinement opérationnels, quelques derniers ajustements, et nous avions hâte de rejoindre nos confrères pour leur apporter l'expertise qui leur manquait. Il était temps, Rainstlin m'avait annoncé que l'équipe perdait progressivement du moral, se heurtant à un mur d'échecs divers par manque de connaissances. Nous devions revenir vite et nous atteler à la tâche.

Enfin, nous revenions dans les laboratoires du centre, prêts à utiliser nos nouvelles connaissances pour produire de nouveaux résultats encourageants. Je notais en revenant une atmosphère beaucoup plus morne qu'avant mon départ, en effet, comme une sorte de tension dans l'air et dans les échanges, comme de la jalousie. Pas le temps de trop m'en préoccuper, on nous avait annoncé que le patient avait vu une fulgurante dégradation de son état. Nous nous mettions rapidement à la tâche, répartissant les capacités des trois formés dans différentes sous-équipes ayant des buts complémentaires.

Après un travail forcené de plusieurs mois, nous tenions un remède, ou du moins une possibilité. Des résultats encourageants avaient pu être constatés, mais pas dans toutes les situations de test, il semblait que certains tissus ne réagissaient pas de la même façon que le reste, les tissus nerveux principalement. Il fallait encore travailler et étudier les particularités qui empêchaient le remède d'être efficace. Ce fut à peu près à ce moment que je m'écroulais de fatigue. J'avais travaillé pendant plusieurs mois sans prendre de réel repos, passionné par les résultats. Mon engouement avait permis de faire un grand bond en peu de temps, mais j'atteignais mes limites. Je décidais donc de prendre plusieurs jours de repos afin de pouvoir revenir plus frais pour enfin régler ces derniers ajustements nécessaires. J'avais déjà laissé des pistes d'étude pour que l'équipe avance pendant mon rétablissement, et il manquait les tests pratiques des solutions pour validation totale du remède.

Je commençais tout juste ma période de repos, et recouvrait un certain calme mental quand je reçut un appel prioritaire. Les administrateurs m'appelaient pour me demander des explications à propos de l'échec du traitement. Je ne comprenais naturellement pas de quoi il s'agissait à première vue, et demandais s'il s'agissait malheureusement du décès du patient alors que nous n'avions pas terminé nos recherches, me rappelant qu'on nous avait pourtant indiqué l'état du patient comme stationnaire. On me répondit que j'avais commis la faute grave d'ordonner la soumission du patient au traitement expérimental, en dépit de la non-finalisation des tests, garantissant moi-même sa réussite à cent pour cent.

Je commençais à comprendre le sens de la question mais pas son origine, je n'avais jamais ordonné, ni même seulement autorisé ce traitement ! On m'apprit que le patient avait survécu au traitement et avait vu son état physique s'améliorer, mais les cellules nerveuses avaient subi des dégâts irréversibles provenant de l'application du remède, elles avaient reçues une décharge particulièrement brutale d'énergie magique et n'étaient plus en état de tenir leur fonction. Concrètement, notre patient était toujours en vie physiquement parlant et hors de danger, mais il avait perdu connaissance, les nerfs totalement détruits, paralysé et cliniquement mort au point de vue cérébral. Suite à la plainte du père, l'affaire allait être présenté devant un juge, je risquais une suspension de ma licence de travail, de la prison et des amendes.
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MessageSujet: Re: Adenn, le docteur fou   Adenn, le docteur fou I_icon_minitime01.11.11 16:18

Chapitre QUATRE : La fin du rêve, et une prise de conscience

Sûr de mon innocence, je n'hésitais pas à faire appel à un des meilleurs avocats disponibles. J'en avais les moyens financiers. Je fus convoqué devant l'administration, en présence du client, plaignant dans l'affaire, pour justifier mes décisions. J'étais accusé de négligences et faute professionnelle ayant entraîné une incapacité aggravée chez mon patient. Je clamais haut et fort mon innocence, ne comprenant pas le fait même que le reste de la chaîne décisionnelle ait pu autoriser l'application de ce remède expérimental incomplet. Je demandais même à faire présenter mes collègues pour attester de la véracité de mes dires et qu'ils attesteraient mon refus d'appliquer le traitement avant les derniers tests. On me répondit que tous, sans exception, avaient déclaré que j'avais bien autorisé ce traitement et qu'en ma position de chef, je m'étais imposé face à la parole des autres experts malgré leurs opposition. Il fut même produit un document portant ma signature indiquant mon ordre de soumettre le patient au traitement dans les plus brefs délais.

Je ne comprenais plus ce qu'il se passait. Il s'agissait de mensonges, du faux ! On m'avait piégé et on voulait me discréditer ! Mais j'étais seul face à mes juges, et confus, la fatigue accumulée récemment et la tension me faisant bafouiller et perdre mes mots. Tout semblait jouer contre moi, je m'attendais à tout perdre. Mon avocat n'était pas pour rien un des plus chers et plus réputés de l'univers-bulle. Il réussit à faire admettre des circonstances atténuantes après un plaidoyer insistant sur ma fatigue diagnostiquée juste avant les faits et le caractère complètement nouveau, à la pointe de la médecine, de ce traitement à relativiser avec le statut critique du patient. Il allait même jusqu'à insister que sans moi, obtenir des résultats, même incomplets, aurait été impossible.

Je ressortais du tribunal de justice libre mais privé d'une partie de ma fortune et interdit d'exercice de la médecine pendant cinquante ans. Le reste de mes revenus était de plus amoindri par la part non négligeable dont j'étais redevable auprès de l'avocat, mais il l'avait bien méritée. J'avais, de plus, perdu mon emploi, le laboratoire ne souhaitant plus avoir de contact avec moi, pour préserver sa réputation. J'étais pour finir la proie des médias, avides de sensationnel.

Pendant les quelques mois suivants, je vivais retranché chez moi, seul, sans presque aucun contact avec l'extérieur. J'avais décidé de laisser l'affaire se tasser avant de sortir à nouveau. J'avais perdu confiance en les autres et en moi-même : certes je n'avais pas de preuve, mais j'étais persuadé qu'on m'avait piégé et je m'en voulais profondément de n'avoir pu prouver mon innocence. J'étais devenu paranoïaque. Ce sentiment de culpabilité et de faiblesse était accentué par mon souvenir des événements tragiques de l'académie, événements pour lesquels je n'avais jamais été puni. Je ne mangeais plus, sentant la culpabilité sur mon appétit mais je devais me résoudre régulièrement à passer des appels par communicateur pour commander en livraison directe. J'étais sous alimenté.

Mes économies baissant progressivement, je me devais de trouver une source de revenus mais je me refusais à retourner à la société et à m'abaisser à prendre un nouveau travail, je me voyais toujours médecin et ne pouvais supporter seulement l'idée d'un autre emploi. Changer de métier aurait été accepter ma culpabilité et aurait renié tous les efforts fournis depuis des années. En dernier lieu, je ne m'estimais, de toute façon, pas capable de faire autre chose.

Ce fut à peu près à ce moment, que je constatais que mon compte en banque s'était brusquement retrouvé vidé de tout contenu et des rejets immédiats sans raisons de tous les organismes que je pouvais contacter. Heureusement pour moi, dans ma paranoïa, j'avais en partie vidé le contenu du compte pour le stocker chez moi, à l'abri des envies. Je ne sus jamais ce qu'il s'était réellement passé, mais je soupçonne l'intervention du père malheureux. Il était parfaitement capable d'avoir tiré les ficelles de mon malheur dans l'ombre, si puissant qu'il était.

Mon confort se réduisant à la vitesse d'un coucher de soleil, je me retrouvais très vite devant l'obligation de réagir. Je n'avais malheureusement pas de poids dans la société - plutôt l'inverse - et ne voyais aucun recours possible. Je multipliais les contacts mais tous les organismes contactés m'opposaient un refus complet. Je décidais donc de tenter le tout pour le tout et de me forcer à changer radicalement de vie. J'utilisais mes dernières économies pour repartir de zéro en tant que simple médecin – sans licence officielle valide, oui - itinérant de monde rural en monde rural. Je prenais le strict minimum et me dirigeait donc hâtivement vers ce retour aux sources de ma vocation, la médecine, et non la recherche médicale, loin de toute lutte de réputation et de pouvoir si propre à la société.

J'étais enfin libre de toutes ces charges et me sentais à nouveau capable de vivre normalement ! Certes, on peut attendre autre chose d'une personne forcée d'abandonner tout son confort dans la société pour prendre une vie itinérante, sans lendemain assuré, mais je retrouvais enfin toute l'ouverture d'esprit que j'avais perdue. De nombreuses années étaient passées – plus d'une soixantaine, je crois – et bien que ma paranoïa et ma situation illégale m'ait au tout début fait préférer les mondes peu habités - juste ce qu'il faut pour être suffisamment éloigné de la civilisation et donc m'assurer de rester incognito – j'avais retrouvé plaisir à vivre et en étais arrivé à apprécier les contacts avec des gens simples qui se concentrent d'abord sur leur vie. Enfin, j'étais libéré de mes inquiétudes vis à vis de ma situation illégale, ma licence m'ayant été rendue il y a quelques années.

J'avais fini par m'installer, il y a moins de deux ans, dans un petit village, sans confrère de ma profession, sur un monde où la luminosité me permettait toute liberté de mouvement. J'y négociais mes soins relativement cher, n'ayant pas beaucoup de moyens financiers pour vivre, mais ma capacité à vendre mon travail malgré le prix suffisait à convaincre les réticents. Ma réputation n'était particulièrement bonne, mais depuis le moment où j'avais sauvé le maire de la maladie qui avait commencé à ronger sa santé depuis quelques mois, on commençait à venir plus souvent me consulter. J'avais oublié mes mésaventures passées et refait ma vie. Je me sentais à nouveau capable d'apprécier ma situation, loin de toutes les intrigues de la société, quel bonheur de pouvoir s'abandonner à son métier et sa passion sans se poser de question sur l'avenir ! Et surtout, quelle différence avec ma vie d'avant, broyée par la pression de la société comme elle l'était !

J'appris qu'un colloque de médecine - un événement relativement rare - où les experts de la profession allaient se retrouver, se tiendrait dans la plus grande ville voisine. J'appris aussi que certains des invités allaient passer leur séjour dans l'hôtel du village, plutôt que rester à la grande ville. Je les comprenais, j'aurais moi aussi préféré pouvoir me reposer au calme, loin de l'oppression de la cité. On me demanda si je comptais aller voir au colloque, vu sa proximité, mais je répondais que je n'étais qu'un pauvre médecin de campagne – ce qui n'était pas à un mensonge - et que ma curiosité n'était pas suffisamment forte pour tenter le déplacement. Je ne voulais plus rien avoir à faire avec le monde de la médecine hormis pratiquer ma passion paisiblement là où je l'apprécie.

Le colloque approchait et les premiers locataires de l'hôtel communal étaient arrivés. Beaucoup d'habitants parlaient de façon très intéressée et extatique de la présence de sommités du monde médical dans la ville. On allait même jusqu'à me demander si je connaissais les chercheurs qui étaient déjà arrivés, ce à quoi je répondais par la négation. Cette réponse était partiellement exacte, je ne m'étais pas intéressé à rencontrer ou même juste voir tous les participants au colloque mais ceux que j'avais vu m'étaient totalement inconnus. Le monde de la médecine oubliait très vite ceux qui l'avaient construit pour se concentrer sur l'avenir et les nouvelles découvertes actuelles ou à venir. J'avais déjà été oublié depuis des années. Enfin, ces médecins étaient tous relativement jeunes comparativement à l'époque où j'étais encore pleinement membre de ce monde.

Quelle ne fut pas surprise de reconnaître, un jour, vers le milieu de l'événement, le visage vieilli par les années passées d'un de mes anciens collègues du laboratoire, un de ceux qui m'avaient accompagné à la formation sur l'énergie magique, puis trahi devant les tribunaux. J'étais sûr que lui ne m'avait pas reconnu et espérait pouvoir faire profil bas, bien que l'envie de lui demander des explications sur les événements passés soit très forte. Cette envie n'était pas seulement forte, en fait elle était insupportable. Je n'avais pas guéri ces blessures dans mon esprit mais plutôt reporté mon attention sur autre chose. Maintenant que j'avais devant moi une potentielle source de réponse à propos de ma déchéance passée, je ne pouvais plus fermer les yeux et faire comme si de rien n'était.

Le colloque devait encore durer trois jours et je comptais le temps, me refusant à céder à mon besoin d'éclaircissement. Savoir la vérité, si jamais on consentait à me la donner ne m'aiderait sans doute pas. Au détour d'un déplacement, je tombais pourtant par hasard au détour d'une rue du centre sur l'objet de mon déchirement d'intention et engageais la discussion sans trop savoir comment. Je ne désirais pas me dévoiler mais sans doute dis-je de quoi me trahir. Au moment où il comprit qui j'étais, il se raidit complètement et je pus lire de la peur dans son regard, il avait peur de mes représailles on dirait. A deux pas de ma réponse, je décidais de répondre à la tentation et haussais légèrement la voix, pour être sûr qu'il me prendrait au sérieux, et posait la question qui me pesait inconsciemment depuis tant d'années. Pourquoi m'avaient-ils tous trahi ?

La réponse ne fut pas à la hauteur de ce que j'espérais. Mon interlocuteur ne chercha même pas à lutter. Apparemment, mon année à l'écart du reste de l'équipe avait permis à mes principaux rivaux de réveiller la jalousie parmi le groupe. Le premier d'entre eux n'était autre que mon prédécesseur et aussi successeur une fois écarté - je l'apprenais juste - Rainstlin. Elle avait réussi à retrouver sa place, après mon élimination. Les quelques membres de l'équipe qui, m'accompagnant, n'avaient pas été présents durant l'année d'absence s'étaient retrouvés menacés par le reste de l'équipe et de perdre leur place, aussi ils avaient dû suivre le mouvement qu'on leur dictait. On m'avait joué un beau tour. Je n'avais pas du tout anticipé que cette tromperie soit liée à une rancune tenace, je m'attendais juste à de la jalousie et une envie du poste. J'étais réellement sous le choc. Cela devait se voir sur mon expression, car mon ex-collègue regagna de sa stature.

Il me dit froidement que c'était surtout mon arrogance qui avait fait penché la balance en ma défaveur, que personne n'aime être pris de haut et que je me comportais trop comme si je savais tout et que les autres n'étaient que des bras supplémentaires sans autre utilité que répondre à mes ordres. Il était vrai que je dirigeais l'équipe et que je n'avais pas eu beaucoup de considération pour les autres. Je n'avais pas hésité à me mettre en avant sans aucune modestie, dans le seul but de voler la vedette et ne considérait les rapports avec autrui que dans un domaine de travail.

Sans vraiment le réaliser, l'esprit trop occupé par la tension nerveuses de ces révélations, je ne me sentis pas vraiment me ruer sur mon interlocuteur. Je le jetais à terre de toute ma puissance physique de Razhal et le relevait avec force, j'allais me déchaîner sur lui quand j'entendis du brouhaha tout autour de moi. Je revenais un peu à moi-même, suffisamment pour réaliser que mon éclat de violence avait été vu par de nombreux spectateurs et que l'événement courrait quasiment partout. On ne me ferait plus confiance, ayant vu mon instinct violent. Il faut savoir que ma puissance physique est bien supérieure à celle des habitants du village, et ceux-ci avaient tout juste commencé à me faire un début de confiance... C'était fini, mon début de paradis allait disparaître...

Je restais là, fixe, incapable de réagir alors que mon interlocuteur s'en allait avec peine, je ne l'avais pas blessé mais avais failli franchir la ligne rouge devant tout le monde. J'avais des visions longtemps perdues de ma culpabilité de l'académie, du corps sans vie devant moi, du sang sur mes mains, de la terreur qu'on me confonde, du soulagement après l'abandon de l'enquête, de ma résolution d'essayer d'oublier tout ça en me concentrant sur le travail après l'obtention du diplôme. Je rugis, terrorisé par ce retour brusque de mon passé, de toutes mes forces alors que je fuyais en courant les lieux vers mon local.

Ainsi donc, la pression m'avait à nouveau rendu violent, j'avais cette force en moi et elle n'attendait que l'ébranlement de ma psyché pour sortir. Cette fois j'avais réussi à me contenir mais comment cela se passerait-il la fois prochaine ? Je voulais fuir ma culpabilité, fuir mes erreurs, retrouver ma petite vie tranquille ! Mais cela n'était plus possible, je venais de le comprendre. Tous mes efforts jusqu'à aujourd'hui avaient été rendus vains par ce moment. Je ne pourrais pas me débarrasser de mon passé. Toi, moi, qui lis ce texte, note bien ceci : le passé ne peut être oublié, je l'ai compris, je ne désire pas continuer à essayer, c'est vain ! Il me faut aujourd'hui aller de l'avant tout en me fiant à mon expérience passée pour savoir quoi faire.

Le lendemain, je quittais le village sans dire mot à qui que ce soit, sans un regard en arrière. J'avais compris que je ne pourrais fuir mon passé et qu'il me fallait donc lutter contre celui-ci, regretter des choses passées ne serviraient à rien. On m'avait privé de ma position dans la société : j'étais tombé en bas de l'échelle ? Et bien, je reviendrais en haut, là où j'avais été accepté ! Il me faudrait me remettre à jour par rapport aux dizaines d'années en dehors du système, puis reprendre mes recherches seul, loin de possible trahison, loin d'individus qui pourraient m'envier, sans avoir à faire face à ma violence. Il me faudrait révolutionner la médecine une fois de plus ! J'avais retrouvé ma voie et mon envie d'en découdre avec l'univers de la médecine !
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Adenn

- Dexter avec des poils - Docteur Maboul

Adenn

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MessageSujet: Re: Adenn, le docteur fou   Adenn, le docteur fou I_icon_minitime01.11.11 16:18

Chapitre CINQ : On peut oublier la raison, mais elle, elle ne vous oublie pas

Rattraper plusieurs années de recherche et découvertes peut s'avérer fantastiquement instructif si on a la passion et la ténacité nécessaires. Mon nom avait depuis longtemps été rétrogradé aux livres d'histoire de la médecine, rubrique grandes découvertes passées. De nombreuses découvertes que je ne soupçonnais même pas avaient été publiées et leur répercussion avait radicalement transformé le monde de la médecine de ma mémoire. Que dire face à cette avancée sinon un grand bravo à ceux qui y avaient contribué ? De nombreux axes s'ouvraient dans des disciplines plus ou moins éloignées de mon domaine généraliste mais je me focalisais sur la discipline qui m'avait vu arriver où j'en étais : la vie et la magie dans leur coexistence c'est-à-dire la biomancie et plus particulièrement l'étude des Rough. J'étais resté trop longtemps loin de tout ce monde et les retrouvailles faisaient un effet de retour aux sources.

Je n'avais pas pour autant abandonner ma seule source de revenu, j'étais toujours médecin ambulant. Ce métier avait de plus un autre intérêt : voyageant de monde en monde, d'univers en univers, je pouvais de cette façon découvrir ou revoir de nombreuses formes de vie, expressions ultimes de la créativité de mère-nature. Il m'était aussi donné de constaté l'influence directe ou non de la magie sur ces formes de vie, certaines fortement influencées, d'autres à peine frôlées, enfin les dernières totalement ignorées. Mon émerveillement devant tant de diversité n'avait d'égal que cette diversité elle-même. Et plus que tout je réalisais comment ces multiples formes se maintenaient grâce à des équilibres particulièrement précis. Qui pourrait-dire ce qu'il se passerait si on perturbait légèrement les équilibres et laissait mère nature agir ? Aurait-on naissance d'un nouvel équilibre ? Ou bien déséquilibre complet, menant à la fin de cette existence ? Il faut noter l'excitation progressive qui me gagnait durant cette période.

Mes recherches n'avançaient pas très vite, tout d'abord par faute de moyen mais aussi par faute de sujets d'expérimentation. Je me limitais à étudier la faune et la flore des endroits les plus marqués par la Magie. Il n'était bien entendu pas question d'expérimenter directement sur mes patients, je me refusais à tromper leur confiance, même si cela ne serait pas dangereux. J'avais conscience que cela briserait le serment que j'avais donné en devenant médecin. Pourtant il me fallait avancer plus vite ! Je ne voyais pas d'autres solutions que remettre en cause ce pilier de ma vocation ! Je me refusais de plus à laisser de la liberté à la violence que j'enfermais dans mon cœur et qui s'était exprimée quelques fois déjà.

Je réalisais que j'étais doucement en train de glisser dans l'obsession et luttait de toutes mes forces pour ne pas perdre le contrôle de moi-même. J'étais troublé par mes pensées et d'une certaine façon complexé. Tout le monde n'a pas envie d'étudier sous tous les angles les individus qu'il rencontre ! Je culpabilisais en partie de cette tendance à perdre l'individu au profit du sujet d'étude. Cette lutte interne me prenait une bonne part de mon énergie. J'étais conscient de ma déviance mais je n'arrivais pas à trouver d'échappatoire ! J'aurais pu éviter tout contact avec des patients mais cela n'aurait pas servi mes intérêts et mes recherches.

Je garde très peu de souvenirs précis de ce moment, tout ce dont je me souviens réellement c'est que j'ai fini par céder sous la pression. Ma première victime fut un autochtone de la planète Zyv'awesh. La pauvre créature souffrait d'une maladie particulièrement handicapante et très contagieuse. Heureusement - ou malheureusement ? - j'étais immunisé à cette maladie car pas de la même race, et le seul de la planète, cet endroit étant quasi complètement ignoré par le reste de l'univers-bulle. Je n'avais pas d'intentions malignes quand j'avais proclamé la quarantaine, et les autres villageois avaient accepté cette mesure facilement. Mes recherches piétinaient... Je remarquais après quelques tests que son organisme était grandement émetteur d'énergie magique, idéal pour des expériences... Il me fallait avancer dans mes recherches... Je devais garder le contrôle de moi même ! Il ne lui arrivera rien... Pourtant je ne dois pas... je finis par passer à l'acte.

Un soir, tremblant, pleurant à l'idée de sacrifier quelqu'un d'autre, je m'introduisais dans le logement du malade et le droguait avant de l'emmener à l'écart discrètement. Les Razhal savent se faire plutôt discrets quand ils le veulent et je pus donc emmener ma victime sans être inquiété. Je continuais à faire semblant d'aller m'occuper du malade, passant un certain temps dans la maison vide à potasser mes expériences, puis la nuit venue, je me faufilais vers le lieu de détention et pratiquait mes expérimentations directement sur le corps du malade. Il avait recouvert une santé suffisante pour encaisser la première vague de tests mais il succomba, à ma grande peine, peu de temps après.

J'étais dégoûté de mon existence et de mes actes, j'avais envie de me dénoncer et d'affronter le châtiment mais, lâche comme je l'étais, je ne réussis à le faire. Je quittais le soir même le village et la planète trois cycles solaires plus tard. Je ne sus jamais la suite de l'affaire, trop pressé que j'avais été à quitter les lieux de mon crime. J'étais complètement déboussolé, mais pire, mon affaire s'étant passée sans incidents, j'étais conforté dans mes pulsions, je ne pouvais plus lutter en me basant principalement sur ma peur d'être attrapé. La voix de la raison avait de moins en moins de poids dans mon esprit. La science et mon avenir importait plus que la raison... C'était ma situation et mon avenir qui étaient en jeu. Certains sacrifices sont nécessaires...

Je changeais très souvent de monde, profitant quand je le pouvais de la détresse, la faiblesse ou la crédulité de mes victimes, pratiquant des expériences que le commun qualifierait d'abominables sur mes victimes. Et mes recherches avançaient à une vitesse décuplée par la destruction de cette inhibition. Malheureusement pour mon esprit et ma raison perdus, tout me poussait à continuer.

De nombreuses victimes sont restées plus ou moins anonymes dans mon esprit. Je ne m'intéressais plus réellement à leur personne mais plutôt à la façon dont elles serviraient mes expériences. Il m'arrivait de partir très vite d'un endroit, « déçu » de n'y rien trouver « d'intéressant ». Je semais des corps déformés, transformés derrière moi, qu'on devait sans doute trouver longtemps après mon départ. J'étais devenu un prédateur mobile, caché sous la façade d'un médecin itinérant compétent et méticuleux. Ce visage que je présentais attirait la sympathie et, profitant de la confiance gagnée, il était très rare que mes victimes n'arrivent à se défendre. Tout se passait sans difficulté.

La seule fois où je fus réellement mis en danger, fut quand je m'étais arrêté avec une caravane Razhal sur la planète Poldi'tsa, monde d'une race cousine des Razhal se faisant appelée Ki'rin. J'étudiais brièvement leur évolution par rapport à ma race, due avant tout au climat et au lieu d'habitation souterrain. On me demanda d'examiner un des membres de la communauté qui souffrait d'une maladie nécrotique atteignant ses mains. Impossible de comprendre l'origine et encore moins de soulager la malheureuse. Son cas était très intéressant, mais elle n'aurait pas survécu au traitement que j'aurais pu lui faire subir. De toute façon son cas était terminal à long terme, la nécrose des tissus contaminant progressivement le corps entier.

Une autre Ki'rin s'était avérée beaucoup plus facile à amadouer, une jeune du nom de Rägmiss terriblement désireuse de voir l'univers extérieur et de quitter cette vie cavernicole. Je m'arrangeais pour trouver les arguments pour gagner sa confiance. Je lui promettais monts et merveilles, la liberté ! Elle s'était cachée parmi les caisses d'objets troqués,je lui avais fait croire qu'elle retournerait à son avenir tout tracé, dans sa caverne, avec son clan, si elle était vue par d'autres Razhal. Le coup du voyage était de subir quelques petites tests, prétextant les différences entre Razhal et Ki'rin.

Elle se soumettait à toutes mes expérimentations, pure et innocente, sans se douter de sa véritable destination : mon laboratoire, lieu où elle vivra les pires tourments avant soulagement définitive et enterrement rapide. Elle avait fini par comprendre qu'elle ne serait jamais libre, et s'était défendue. Je reçus un très violent coup de corne qui me laisse depuis une énorme cicatrice, l'épaule avait encaissé un très violent coup mais je réussis de justesse à la mettre à mort alors qu'elle essayait de s'enfuir. J'aurais été enfermé si elle avait pu mettre au jour mes actions. Je décidais de conserver sa corne en tant que trophée avant de me débarrasser du corps.

Je finis tout de même par être arrêté dans ma folie, mais bien plus tard. Des années après. Il semblerait que plus je laissais de victimes derrière moi, plus on commençait à regrouper ces affaires sur le compte d'un seul et même criminel. Et on remontait progressivement vers moi. Il s'agissait de la Camorra : ils réagissaient aux différentes rumeurs commençant à circuler sur un médecin Razhal laissant derrière lui des cadavres dans des états effroyables. Il leur fallut plusieurs années pour me retrouver mais ils finirent par m'atteindre. J'avais eu le temps de produire de nombreux travaux, que je dissimulais pour me protéger depuis l'incident avec Rägmiss, mais rien de suffisamment probant pour revenir sur le devant de la scène de la médecine. J'étais totalement obnubilé par mes recherches, et ne jurait plus que par mes expériences. Je ne réagis même pas quand une escouade patibulaire et armée vint frapper à la porte de mon local et qu'on m'emmena sans la moindre forme d'explication hormis des menottes, une visière opaque et des sédatifs.

La suite consista en une forme de procès punitif expéditif devant un conseil d'anciens de la Camorra, ma culpabilité n'était plus à prouver. Ils désiraient se débarrasser de moi le plus vite possible, aussi me lut-on les accusations, me présenta-t-on les preuves de mes agissements et me condamna-t-on à un internement forcé à durée indéterminée... Oui, on allait me garder en vie, juste interné, sans droit de sortie, et oublié... Drogué comme je l'étais, je ne réussissais pas à comprendre tout ce qui m'arrivait et reprenais parfois conscience seul, bloqué sans pouvoir bouger le moindre muscle, dans mon caisson de sûreté, moments parmi les plus horribles de mon existence très souvent écourtés par une nouvelle dose de sédatifs qui me replongeait dans le néant. J'étais drogué en continu, difficilement capable de me souvenir de qui j'étais et de ce qui m'avait mérité ce traitement.
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Adenn

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MessageSujet: Re: Adenn, le docteur fou   Adenn, le docteur fou I_icon_minitime01.11.11 16:20

Chapitre SIX : Une libération inattendue, une chance de rédemption ?

Bien des années plus tard, plus de quarante ans il semblerait d'après mes dernières informations à l'heure où j'écris ce document, on me fit exceptionnellement sortir de mon cachot, et m'emmena vers une direction inconnue. J'étais suffisamment conscient pour réaliser ce qui se passait, et j'étais persuadé d'être enfin libéré de mes crimes... on allait me faire subir la peine capitale ! Enfin je le pensais, et ne pus réellement le constater, on me mettait dans une sorte de caisson totalement différent et une nouvelle dose de sédatif. Le noir...

Quelle ne fut pas ma surprise de me réveiller et de réaliser qu'il s'était agi d'un caisson de transport intersidéral ! On m'avait envoyé sur un nouveau monde. En face de moi se tenait un individu qui se présenta en tant que Gardien des Clefs de ce monde, l'autorité Razhal locale. Il m'annonça que l'on avait décidé de me libérer de ma peine et que je me trouvais sur la planète Tyr, dans le sous-sol la ville de Sécaria, où j'allais devoir étudier les phénomènes biologiques de magie de la population tout en prouvant la possibilité pratique de ma réinsertion. Alors que mon interlocuteur me parlait, ses intonations me rappelaient une vision floue, une sorte de rêve où je revoyais Rägmiss qui me posait une question, la réponse n'avait pas semblé lui plaire...

On m'emmena dans une autre salle où je fus forcé de m'accroupir par mes deux gardiens, de chaque côté, et on m'apposa autour du cou une sorte de collier. Ce collier servirait d'émetteur permettant de suivre ma position - impossible de s'enfuir donc - mais aussi de moyen direct de contact. Ce collier devait me transformer en monstre chimérique avant de me tuer si jamais je décidais de rentrer en contact avec autrui et de lui révéler mon identité. Cette sécurité permettrait à la Camorra de s'en sortir sans mauvaise réputation. On me montra ensuite un logement, j'allais y séjourner le temps de me remettre de l'internement qui m'avait particulièrement affaibli.

Je me suis mis à écrire ce texte depuis lors. Le fait d'avoir repris contact avec mes pensées m'a fait remarquer que je n'avais plus la même vision sur les événements passés : alors que j'avais commis ces crimes pour la science et pour moi-même, je ne souhaite plus prouver mon intelligence au monde. Je veux seulement vivre et rendre hommage à ceux que j'ai sacrifiés. Pour rendre hommage aux victimes de ma folie, je dois finir mes recherches et publier mes résultats pour donner un sens à ces sacrifices ! Il n'est plus question de perdre la tête et d'oublier la valeur de la vie et de la liberté !

J'écris ces phrases pour me permettre de me souvenir de mon parcours et de qui je suis, ce passé que je ne peux et ne dois surtout pas oublier. Peut être est-ce aussi ma façon de confesser mes fautes ? Je devrais être libéré d'ici quelques jours. Il me faudra faire attention car les extra-tyrrestres ne sont pas reconnus dans ce monde et sont chassés par certains. J'ai hâte de voir ce nouveau monde !




[HRP]Pour ceux qui seront allé jusqu'au bout, pardon ! L\'air de rien... Bouin... T-T [/HRP]
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~Et encore un schizo sur le forum.~

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Adenn, le docteur fou Vide
MessageSujet: Re: Adenn, le docteur fou   Adenn, le docteur fou I_icon_minitime07.11.11 12:13

Citation :
Arg désolé je n'ai même pas pensé à vérifier si quelqu'un d'autre avait lu ton mp avant moi ! Donc je te présente toutes mes excuses pour le temps de réponse !

J'ai re-parcouru plus attentivement votre sujet avec Aspho et effectivement tout cela convient très bien ! Pour la peine encourue par Adenn, au vu de tes explications oui 40 ans c'est suffisant ^^ Je pensais (par erreur) qu'il avait tiré une longue peine avant d'être réhabilité.

Et puis je dis: 40 ans par rapport à ses études c'est court. Mais quand on oppose 60 ans dans un domaine qui passionne et 40 ans dans une cellule capitonnée, ce sont les 40 ans qui usent le plus.

Je m'en vais donc te valider ! Bienvenue sur le forum, hésite pas à faire un tour dans les demandes de sujet ^^ (Je sais par exemple qu'Eliade a posté un sujet pour Haddoreen qui n'a toujours pas de réponse, et ça lui ferait plaisir de confronter son personnage à Adenn qui est réellement très intéressant).

Bonne journée !


Ce topic vous servira à la fois d'étendard, comme de journal intime ou fourre-tout, tant que cela concerne Adenn.
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Adenn, le docteur fou   Adenn, le docteur fou I_icon_minitime

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Adenn, le docteur fou

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