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 Suzanne Zolnerowich ( Bureau de monsieur Jean Aldwig, bonjour ?)

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Suzanne Zolnerowich

Invité

Anonymous



Suzanne Zolnerowich ( Bureau de monsieur Jean Aldwig, bonjour ?) Vide
MessageSujet: Suzanne Zolnerowich ( Bureau de monsieur Jean Aldwig, bonjour ?)   Suzanne Zolnerowich ( Bureau de monsieur Jean Aldwig, bonjour ?) I_icon_minitime04.02.11 13:27

I. Identité:

Nom : Epouse Zolnerowich, née Jaworski
Prénom : Suzanne
Surnom : Aucun connu
Sexe : Féminin
Age : 33 ans
Race : Hume
Idéologie : Pacte de la Lune Rouge
Métier : Secrétaire du Maire


II. Conscience du monde et Magie:

Connaissance des extra-tyrestres : A venir
Conscience : Eveillée (Consciente que les humes possèdent parfois certains dons)
Technique :
Spécialisation :


III. Descriptions:

Description physique :

Parfois je voudrais lui dire: Oh princesse, pourquoi avoir coupé tes cheveux ? Tu étais comme cette demoiselle enfermée dans sa tour, ton prince allait sans doute arriver. Les chapeaux ne sont pas toujours des chapeaux, et le charbon réchauffe le foyer. Il y avait un éclat de ciel au fond de tes yeux, mais tu ne rêves plus. Tu calcules. Tu traces des lignes sur des plans concret, et tu ne vois en moi qu’un chiffon à poussière grossièrement habillé.

Suzanne, tu vis trop proche de la terre.

Tu as troqué tes sabots contre des chaussures en fer, pour ne pas te laisser marcher sur les pieds. Elles sont loin tes robes sans corsets, jetées au vent. Loin les gilets mille fois reprisés par les mains de ta mère, de plus en plus fatiguée. Mais tellement heureuse. D’elle, tu n’as gardé que ce nez mutin qui se dresse, orgueilleux. Ce petit nez de jeune fille et ce sourire que tu offres à Adam, quand il ne te voit pas. Ton visage est fait de pierre, et tu sembles l’allégorie du travail acharné. Ton élégance est pudique, ta beauté se fait discrète. Tu ornes tes poignets de quelques bracelets d’or et d’argent. Les diamants ? Ceux de ton alliance, sans extravagance. Les parures clinquantes sont réservées à ces vieilles pies, veuves et fières de l’être qui cancanent et paradent à la foire. Un véritable cirque bourgeois qui pue le parfum hors de prix.

Tu préfères le noir, et porte le deuil de ton passé. Tu restes distante, d’une politesse exquise, délicatement sucrée. Un gâteau léger que l’on croque du bout des dents, appréciant ta compagnie sans toutefois te coller. Si sérieuse que tu en deviens chiante, à rabâcher ta réussite aux oreilles de ceux qui plongent un regard las dans ton décolleté.

Petite secrétaire d’un mètre 70, au cul parfait. Qui écrase de ses talons le dos courbé de son mari, histoire de gagner des centimètres et atteindre les derniers échelons. On ne t’aime pas, on t’apprécie tout juste. On te supporte, comme tu te supportes chaque matin en croisant ton reflet dans la glace. Histoire d’être parfaite, sans vraiment te regarder.

Tu ne sais pas vraiment qui tu es.

Peau pâle et cheveux noirs, sourire rouge et yeux bleus, longues jambes fines, délicate, hautaine, médiocre, fade, commune, riche, célèbre, et j’en passe. Parfois quand tu dors, il t’arrive d’être belle. Dommage que personne n’ait la patience de rester à tes côtés pour le voir. Ils t’entendraient murmurer son nom, dans le noir.

Description morale :

Suzanne ne croit plus aux contes de fée. Ca fait bien longtemps qu’elle n’a plus rêvé de messieurs chapeaux accrochés au porte manteau d’une vieille bicoque près de la montagne. Ce n’est pas le pouvoir qui l’intéresse, mais le contrôle de sa vie. Pouvoir briller parmi les étoiles de la haute société, s’en sortir. Et se foutre des valeurs essentielles sauf quand ça l’arrange, grimacer lorsqu’on parle d’amour et se caresser le ventre, parfois, en se demandant ce que serait sa vie si elle avait cru un seul instant en ces conneries romantiques de l’homme parfait au sourire parfait qui arrive un jour du monde parfait sur un cheval parfait et lui offre une vie parfaite. Une vie où chaque matin des femmes mariées, gracieuses, éternellement jeunes, s’étirent en baillant d’un air charmant, noyées sous des couvertures en plumes, en soie, en douceur, tendresse et innocence.

Je le connais depuis 3 jours, c’est l’homme de ma vie, s’extasiait poupée Ramona en se recoiffant.

Laissez moi rire.

Suzanne joue avec les trèfles à quatre feuille. Elle entretient sa pelouse au lieu de regarder chez le voisin voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Elle retape sa maison, accroche des fleurs à ses fenêtres, loin de la chaumière, pas tout à fait un palace. La grenouille se fait lentement aussi grosse que le bœuf. La servante passe le balais à sa place.

Un sourire menteur , très classe, très chic, le bras croisé à celui de son époux, simple secrétaire qui, d‘audace en audace, apprend à laisser sa trace. Elle est sans doute la secrétaire la plus décidée de Tyr, et se fait tant bien que mal respecter. Parce qu’elle ne cherche pas à en avoir plus, trop vite, elle façonne et renforce la base d’une montagne qui promet d’être gigantesque. Ce n’est pas l’argent, c’est la ressemblance. C’est se créer la famille qu’elle mérite, sans trop s‘occuper de celle qu‘elle devrait sans doute fonder avec son arcano de mari. A quand le métier de maman ? Comme le reste, ça s‘apprend.

Oh. On y pense.

C’est le mot, murmure le regard d’Adam.

Et sa mère vous dirait qu’elle a changé, qu’elle leur ressemble, avec une moue clairement désolée.

Pas un de ces bourgeois ne connait son rire.

IV. Précisions supplémentaires:

Style de combat :

A apprit à courir très vite.

Suzanne dispose d'un petit pistolet à trois coups planqué dans son sac à main. Enfin, c'est plus facile de tirer quand on vise une courge, plutôt qu'en subissant une véritable attaque.

Elle tâchera de se montrer plus imposante qu'elle ne l'est en écrasant du regard son adversaire (mais elle criera comme une fille si on la touche)

Talents particuliers :

Trouvera sans doute de l'or sous les sabots d'un cheval, ou apprendra à manipuler le cavalier pour qu'il lui en donne.

Signes particuliers :

Quelques insomnies, assez rares dans l'ensemble. Et une passion pour les montres.

V. Histoire:


Citation :


Il va sans dire que les habitants de Twinkil et Lespure sont donc plutôt mal considérés par ceux des autres continents - ce sont des paysans, quoi, on va pas leur en demander plus..    

Alors soit, je serais aut’ chose.

Plantée devant la fenêtre, mains croisées derrière son dos, elle a tout d’une grande qui prend la décision de sa vie. Elle contemple par la fenêtre le paysage monotone et montagneux, au-delà des quelques maisons qui se suivent de guingois, vieilles mémères lourdes d’enfants braillards, la cheminée crachant sa fumée noire comme les usines à charbon, là bas. Là où bosse son père. Son père à la peau blanche devenue presque noire, qui sent la sueur, pique la barbe de trois jours, éclate toujours d’un gros rire, et a un soir ramené Ramona mille baisers dans la poche intérieure de sa veste. La même Ramona qui tire une tronche neutre, simple poupée de chiffons qui gît au milieu des épluchures de pomme de terre. C’est qu’elle a connu la capitale, elle. Elle aurait sans doute pu combler une autre petite fille moins ingrate.

T’as beau faire la gueule ma grande, tu vas pas bouger de là.

Et monsieur chapeau ? Geint Ramona. Je vais lui manquer.

Oh la gourde ! Monsieur chapeau est un cha-peau. Moche en plus de ça... Revient à la réalité ma grande. On n’obtient pas ce qu’on veut avec juste des histoires à l’eau de rose. T’en veux une preuve ?

Bah tant qu’à faire…

Mes parents. Mes géniteurs. Mes adorateurs particuliers qui me lèchent le museau à longueur de temps, quand ils sont pas occupés à se regarder avec des yeux brillants d’amour. Ah l’amour. Pour ce que ça rapporte ! Y’a des maisons où on mange bien, où on a toujours chaud même quand on sort du lit le matin, où on se lave dans des baignoires qui brillent, où on porte de beaux vêtements et où les enfants rient tout le temps.

Toi aussi tu ris.

Riais. Quand j‘étais un bébé. Quand ça me suffisait bien que ces deux guignols soient toujours à mes petits soins. Parlez moi de l’essentiel, de la parfaite vie de famille. J’ai faim moi. Et les autres ils bouffent trop, ils deviennent gras. Ca les empêche quand même pas de se foutre de moi. Ils passent en carrioles, et même les cochers ils te regardent de travers. Tu veux le constat ? J’suis pas chef d’usine mais je comprends ce que je vois.

Oui bon vous êtes pauvres…

On n’est pas pauvres ma grande. On n’est rien.

Alors c’est de la colère. Oui c’est ça, de la colère. Qu’on lui en demande pas plus parce qu’elle est une fille d’ouvrier. Qu’on lui demande si elle a fait la vaisselle plutôt que ses devoirs. Et pourtant, ils disent: trouve le bonheur comme nous l’avons trouvé.

Où ? Pas dans votre assiette.

Et sérieux : Le bonheur, ici ? A part du charbon et trois péquenauds qui se curent les dents en ricanant bêtement quand tu passes devant eux, tu trouves quoi ?

Ah c’est vrai, que la montagne est belle.

C’est gris, c’est froid, c’est humide, c’est de la laine, des torchons, des cheveux trop longs qui s’emmêlent, des chaussures abîmées, les cals aux mains, les ongles cassés, les sourires de sa mère qui s’éteignent, les bougies qui vacillent et le plic ploc du robinet de la cuisine.

La montagne elle est belle, mais la montagne, elle s’en fout de vieillir.

Suzanne a quatorze ans, et ses propres doutes. Elle se demande si finalement c’est pas mieux d’épouser un gars d’ici, de continuer ce mouvement perpétuel où les gens restent dans leurs montagnes et ne demande rien de plus que le soleil qui se lève et deux lunes dans le ciel. Elle embrasse un soir monsieur Chapeau avant de fondre en larmes. Qu’est-ce qu’elle a fait Ramona mille baisers à part attendre toute sa vie que l’élu de son cœur accessoirement beau gosse et riche se ramène dans sa chaumière et la sorte de la panade ?

Papa n’est pas si beau, pas très riche. Pas du tout même. Il a sortit de sa veste une histoire à dormir debout. Tant pis si sa mère s’est laissée prendre au piège.

Elle veut continuer l’école.








« Bonsoir monsieur Heywood. Belle soirée n’est-ce pas ? »

Un regard un peu trouble, curieux qui descend, frôle les courbes, remonte au visage, sans le reconnaître. Féminin toutefois, et très agréable…

« Il semblerait que je n‘ai pas le plaisir de vous connaître mademoiselle…
- En effet. Suzanne Jaworski, enchantée.
-  Vous êtes la fille d’un de mes confrères ? »

Un sourire aimable, le regard bleu qui ne lâche pas sa proie. Tout juste vingt ans.

Deux ans d’attente à côtoyer avec plus ou moins de succès certaines personnes de la haute, lors de soirée privée où parfois elle devait faire marche arrière, faute de cartons d’invitation. Elle avait finie par les obtenir, en quelques passes habiles, en se frayant un chemin entre les grands. Elle avait continué d’étudier, unique ouvrière dans une classe de bourgeois, ignorant les remarques, travaillant sans relâche pour payer, et payer encore, sans desserrer les dents. Et ce soir, son unique chance avait un début de calvitie et une mauvaise haleine.

« Pas vraiment monsieur Heywood. J’ai cru comprendre que vous recherchiez une secrétaire pour votre cabinet à Neven.
- C’est exact… Quelles sont vos recommandations ? »

La partie est délicate mais John Heywood Senior est connu pour son goût pour les jolies femmes et les bons mots. Suzanne ose, toujours souriante. Pour une fois, ce soir, elle décide de s’en remettre aussi à la chance. Elle n’a plus rien à perdre.

« Intelligence et détermination. Elles m’ont toutes deux chaudement conseillé de vous aborder ce soir. »

Pari risqué ?

Un éclat de rire ne se fait pas attendre. Ah le champagne…

Pari gagné ?

« Vous êtes charmante mademoiselle, mais je préférerai quelqu’un de plus qualifié…
- Pour répondre aux appels, servir le recaf, classer des dossiers et lire des nota bene ? Je ne cherche pas un poste d‘associé monsieur Heywood. Seulement de secrétaire. »

Le fils est encore trop immature, et Suzanne n’est pas stupide au point de risquer ses fesses. Elle le laisse se saouler en compagnie d’autres jeunes gens qui doivent sans doute se complaire de leur réussite, le visage encore bourgeonnant. C’est le père qu’elle veut, et c’est un regard différent qu’elle obtient enfin. Maîtresse d’elle-même, elle hausse à peine un sourcil, posant ainsi sa dernière carte.

Une secrétaire audacieuse qui ne se mêle pas de vos affaires, c’est quand même rare. Non ?

« Rappelez moi votre nom mademoiselle ?
- Suzanne Jaworski, monsieur Heywood.
- Appelez moi John. »

Adieu les repas du dimanche, têtes baissées mains liées pour la prière à l’État, et le goutte à goutte persistant de cette fuite d’eau que tout le monde s’efforce d’ignorer parce que monsieur n’est pas capable de réparer la tuyauterie sans que tout pète au bout de trois jours. Vivre d’amour et d’eau fraîche ? Finir par crever, de la poussière au fond des poches, le sourire béat. Suzanne dit non merci, poliment.

« Nous sommes fiers de toi tu sais...
- Pas moi. »

Pas assez. Je veux plus, toujours plus. Gravir un par un les échelons. Mais surtout quitter Banath.

C’est de la haine pas vrai ?

Non, de la colère. Mais l’ignorance est plus cruelle tu sais.

C’est juste un dos qui se tourne, une page. Si leur vie leur suffit, tant mieux pour eux. On n’est pas génétiquement obligé de coller aux pompes de ses vieux, la langue pendante d’admiration.








Neven oui, où elle traîne de poste en poste, quitte Heywood pour d’autres cabinets, parfois célèbres, parfois non mais toujours en voie de le devenir. Pour ceux qui chutent, pas de pitié. Elle donne son préavis et s’active lors de soirées. Elle n’écrit pas à ses parents qui peuvent bien imaginer sa nouvelle vie, à défaut de la rêver. Elle grandit, vieillit, célibataire qui se pend au bras de ses patrons dans des robes de soirée qu’elle ne remet jamais deux fois.

Arrive l’âge où on commence à jaser. Elle devrait se marier.

Trouver un… genre de monsieur Chapeau ?
Mais pourquoi faire ?

La devanture est discrète, les lettres en boucle qui tournent, s’enroulent, invitent le client à entrer. A poser les pieds dans ce modeste cabinet qui voit revenir ses habitués, charmés par le rire de Tomas Tyler, par le regard de Peter Gordon. Ah Gordon. Fougueux étalon sans cesse en rut qui ne peux s’empêcher de vouloir la baiser à tout prix sur son bureau. Pas son bureau merde. Elle a déjà assez de mal à classer ses dossiers pour qu’il vienne tout balancer par terre dans un élan sauvage. Déjà ses fantasmes commencent à lui courir le haricot. Mais qui a dit à ce con que les secrétaires préféraient la levrette ?

Coudes posés sur le sous main en cuir de Brahmine, regard dans le vague, elle pense et repense à son âge, à ces choses qui font que la vie avance. Sa carrière aussi, oui, discrètement, mais sur le plan personnel. Rien. Nada. Que du cul. Et Peter grogne, s’en donne à cœur joie. Finalement, le mariage l’a rattrapé. La mise en couple semble une étape obligatoire et elle se pose, songeuse, calculant ses chances de réussite. Et qui dit réussite, dit intérêt. Elle pourrait bien se servir de Gordon, mais l’avocat trop gourmand lui ruinerait sa réputation en collectionnant les maîtresses comme d’autres les papillons.

L’homme parfait n’a rien d’un chapeau. Il a dans le regard une soumission naturelle. L’étincelle d’une intelligence qui se cache, amusée. Il est malin, mais son sourire est étrange. Doux et presque tremblant. A la fois enfantin et terriblement homme. Tellement charismatique. L’homme parfait est riche, ou en bonne voie de l’être. Prêt à se plier comme le jonc, sous sa volonté, et ne jamais, jamais se briser. A supporter ses conseils, à les accepter. La féliciter sans un mot de veiller sur eux, sur elle, sur lui. Un prince ? Suzanne, en tailleur chic. Mais existe-t-il vraiment, cet homme là ? L’orgasme la surprend, sans plaisir.








Le tintement discret de la clochette, un vague parfum d’eau de Cologne. Le pas double. Voilà le rire et son ombre qui entrent. L’un prend place, l’autre se pose. Ils sont parfaits, ensemble, sans parler de leur ressemblance. Une affaire qui prospère, des commandes régulières, un nom qu’elle a du mal à orthographier. Au départ, le rendez vous de 15h. Mais ensuite… Ensuite son regard se heurte à lui. Elle peut pas s’empêcher d’avoir un vague à l’âme. Un drôle de blues à la vu de cet homme qui suit son frère sans se faire oublier. Des jumeaux, et pourtant la différence est frappante, non pas dans le style des vêtements ou les coiffures qui divergent. Mais dans ce regard, brun. L‘un pétille, l‘autre étincelle. Deux étranges feux d‘artifice et elle se surprend à la romance avant de retrouver son professionnalisme. Au départ, juste un béguin éphémère, un sifflement appréciateur mental, elle qui se fout des hommes qui ne lui apportent rien. Une demi seconde où elle se surprend à être une femme. Et manque de rougir.

Une semaine plus tard, elle l’invite à dîner.


Adam. Dans la malle aux portraits de ses « potentiels peut-être », coups de cœur avisé d’une femme d’affaire prête à enchérir, il est là. Il fait tâche. Elle lui laisse trois mois.

Trois mois de tests, de rendez vous. Pas vraiment galants, plus vraiment sérieux. Ils oublient les chiffres, les brevets, les rendez vous avec Tyler et Gordon. En double file, elle fait attention à ne pas froisser la tôle de ce grand imbécile de Peter, évitant de se retrouver seule avec lui. La fête est finie.

Trois mois de « dernier verre » , de « je te raccompagne ». Ils flirtent, mais Suzanne demeure intouchable, distante, laissant Adam sur le seuil de son appartement. Si proche pourtant. Elle prend son temps. Et le cerne, en apnée, découvrant les nuances de son regard, les rides qui se creuses lorsqu’il se met à rire. Ils dînent ensemble dans un restaurant pas trop chic, confortable. Chaleureux et rassurant, un cocon où ils se détendent. Ils se confient des secrets qui n’en sont pas vraiment, retrace l’historique de chacun sans entrer dans les détails. Ca leur convient très bien.

Et Adam lui plait. Il pourrait lui plaire comme un homme, mais elle ne voit qu’un bon parti. Il est charmé, elle est séduite. Le sourire satisfait de celle qui sent l’affaire du siècle lui tomber au coin du nez. Elles pourront toujours lui poser leurs petites questions perfides ces vieilles peaux grasses de crème qui accrochent de leurs petites dents pointues ses rares faiblesses. Comme on écrase un insecte qui dérange, Suzanne règle la question. Par une autre.

« Que cherchez vous Adam ? Une simple relation amoureuse ou quelque chose de plus stable, de plus solide. »

Elle pourrait se moquer de sa surprise, mais l’enjeux est trop important. C’est la dernière question de son questionnaire. La réponse à 1000 points.

« Avec vous, vous voulez dire ?
- Plutôt en général. Avec les femmes, que cherchez vous ? »

Ce n’est pas qu’elle le veut lui. Mais elle aurait pu choisir Arthur. Elle aurait pu choisir n’importe qui dans sa malle, ça aurait été sans doute plus facile. Ce n’est pas qu’elle le veut lui, non, surtout pas. Mais Suzanne reste pendue à ses lèvres, nonchalamment.

« A vrai dire, je ne me suis jamais vraiment posé la question. Mais je dirais que... je ne pense pas passer à ma vie à aller d'une relation à une autre comme le fait Arthur. Ce n'est pas ma manière de voir les choses. »

Elle hoche la tête, d’un air compréhensif assez convaincant, avant de porter son verre à ses lèvres, choisissant ses mots avec soin. Toujours directe.

« Seriez vous prêt à vous marier par intérêt pour répondre à ce besoin de stabilité ?
- Je... ne suis pas certain de comprendre... »

Elle repose son verre avec fermeté, plantant son regard dans le sien.

« Je suis entrain de vous proposer une alliance. Conjugale. »

Son silence, une invitation à développer son idée. Son rêve ?

« Je dois servir mes intérêts, je ne vous le cache pas. Et j'ai passé l'âge de signer des contrats. Sauf lorsqu'ils concernent des fiançailles. Vous voulez concrétiser votre projet ? Je veux un mari... Et vous êtes intéressant Adam. Très intéressant. »

Sa main lisse la nappe en un geste machinal.

« C'est un contrat. Je pense que lors de ses trois mois vous en avez assez apprit à mon sujet pour vous faire une idée de qui je suis. Mon but n'est pas de vous faire fuir. C'est une proposition qui n'attend pas de réponse immédiate.
- Vous voudriez... alors que vous ne m'aimez pas.
- Ce n'est pas une question d'amour. Je crois personnellement que l'amour est capable de nous ouvrir les yeux ou de nous aveugler. Le tout aléatoirement et assez stupidement. Vous êtes un homme plaisant, intelligent, ce qui est rare. Je ne suis pas ici pour attraper dans mes filets le plus beau parti de Neven. Vous me convenez, dans le sens où j'ai envie de vous aider. Votre entreprise a déjà commencé à se faire un nom. Mais il faut garder cette place qui est très convoitée. »

Une pause, une inspiration. Suzanne déborde de confiance en soi, même si rien n’est joué.

« Vous aurez vite besoin de quelqu'un comme moi Adam. »

Au moins a-t-il eut la politesse de ne pas partir en courant.

« Vous pourriez travailler avec moi sans avoir besoin de m'épouser.
- Cela ne m'apporterait pas grand chose en vérité... Appelez cela de l'orgueil féminin, mais à mon âge je trouve ça blessant d'être invitée par mes patrons à des soirées de bienfaisance. J'ai besoin de me trouver un époux. Et j'ai... envie que ce soit vous. »

Il s’enfonce dans son fauteuil, semblant étudier la question. Elle n’a pas conscience de retenir son souffle, comme à chaque fois avec lui.

« Il faut que j'y réfléchisse. »

Ses parents pouvaient toujours roucouler là haut dans leur montagne. Et Ramona mille baisers chouiner sur son prince perdu. La petite Suzanne, encore une fois, avait réussit à éviter l’amour.








Ce sont des moments passés dans le noir, les yeux grand ouvert, à ne pas savoir ce que sera demain. Demain, déjà une éternité.
Avec cette robe de mariée qui vacille dans le vide, pendue. Et le nœud de la corde, elle le sent sur sa gorge qui se referme. Anxiété. Le lit trop vide, trop grand, trop froid, et ses orteils qui se rétractent à l'autre bout du monde avant que son corps n'effectue un repli stratégique. Elle se protège de ses bras, calme ses sanglots en silence, en étouffant ses râles de ses mains.

La question ne s'était jamais posée avant, mais est-ce vraiment la bonne décision ?

Elle a peur. Elle veut sa maman. Mais ce n'est pas de sa faute si elle a oublié de leur envoyer les invitations.








Deux années ont passé. Deux années de beauté, deux années de glace à peine écorchée. Deux années de cuir, et Adam sourit à peine sur les photos. Deux années sans enfants, deux années sans accroches. Deux années de presque silence. Deux années de promotion, deux années de dédain pour la blondasse qui parfois se ramène dans leur modèle de perfection. Deux années sans enfants, deux années de places acquises chacun à l'autre bout du lit. Des essais autrefois hebdomadaires, qui ont viré mensuels. Puis trimestriels. Et semestriels. Pour finir par ne plus se voir, par ne plus guetter le morceau de peau dévoilée. Elle ne comprend pas ce qui cloche. Elle ne comprend pas pourquoi Adam la laisse de marbre alors que certaines fois, lorsqu'elle le surprend à s'agiter dans son atelier, ce sourire presque fou aux lèvres... Deux années de pas en avant pour mieux faire demi tour.

Deux années enfermées dans un bouquin destiné aux amis, qu'elle cache comme une cicatrice au fond de la buanderie. Où elle retombe dessus, un soir où le travail l'a abandonné, où elle est rentrée fourbue de sa journée à la Mairie. Où Adam s'enferme encore en bas, dans son monde. Un monde qu'elle n'atteint que par les factures et les bals, les congrès et les attestations de propriété intellectuelle à chaque nouvelle invention. Elle n'ose pas lui dire que son don l'émerveille, l'émerveillera toujours, et que son cadeau de mariage ne quitte jamais sa peau, là, à peine au dessus de son corsage. Et son alliance, parfois elle l'embrasse, elle se surprend à la bénir, pas seulement pour la position qu'elle lui offre, pour ces choses matérielles qui lui arrachent un sourire dès que la voiture stope devant le perron. Sa maison, ses biens, sa richesse. Son mari.

Parfois elle est désolée d'être elle-même, de s'être arrêtée sur ce fauteuil confortable au bord du chemin de sa vie, lasse d'avoir trop marché, inconsciente que cela devra changer, tôt ou tard, pour un autre fauteuil, pour une autre longue promenade. Une longue histoire plutôt commune, assez commode.

Deux années déjà, soupire-t-elle en ouvrant le livre où les clichés se superposent, un assemblage de sourire et de bonheur, un peu trop étrangers, comme une lumière ailleurs éclaire la pièce, d'un clair obscur où elle distingue des formes familières, rassurantes.

Il y a elle bien sûr, en costume élégant de beige et de brun, aux filaments de cuivre, font ressortir l'éclat bleu de ses yeux, les reflets roux de sa chevelure. Elle a un teint de porcelaine, un sourire de poupée. Sa sincérité aussi. Elle est une jeune mariée accrochée au bras du beau, du parfait, de l'heureux, de l'hésitant, du sourire large, du regard légèrement en biais, d'une main presque tremblante, d'un coeur bondissant. Il n'a pas vraiment l'air d'un homme, plutôt d'un amoureux. Et Suzanne le regarde, a soudain envie de l'embrasser.

Elle tourne la page.

Il y a le reste d'une famille décimée, recollée, le jumeau qui enflamme l'atmosphère de ses plaisanteries, de sa bonne humeur, la mère qui fixe son fils avec des yeux tout mouillants, la soeur au regard écœuré, des amis (à lui), des connaissances (à elle), un assemblage de visages et Suzanne qui se démarque, comme une tâche de vin sur une nappe immaculée.

Elle tourne la page.

Il y a une photo de leur déménagement, des mois plus tard, quand elle reçoit une réponse positive pour un poste chez Leiden & Stall, un cabinet d'avocats réputés à Secaria (celui qu'elle quittera avant sa chute, un coup de chance). Ce n'est pas qu'elle a postulé sans trop y croire, ça ne lui ressemble pas, mais elle ne cesse de regarder la lettre avec une mauvaise fierté dans le regard. Il y a ce mouvement figé, de cartons qu'on emballe, de vaisselle que l'on trie, des photos prises par la bonne certainement, glissées dans une enveloppe juste avant leur départ et Suzanne n'a pas comprit pourquoi Adam tenait tant à les conserver. Le devine à peine aujourd'hui.

Elle tourne la page de sa mémoire, se revoie à cet entretien d'embauche, face au Maire qui alléché par ses compétences lui a fait parvenir une missive, lui offrant un rêve de gosse sur un plateau d'argent. Elle se revoie bien droite, dans un costume spécialement commandé pour l'occasion, avec sa hargne, son sourire presque arrogant, la brûlure de ses ongles contre la paume de ses mains. Elle revoie la graisse, l'assurance de l'homme dont la plume déchire le papier de son contrat. Elle revoie ses larmes, éberluée de bonheur, annonçant à Adam la merveilleuse nouvelle. Adam qui l'enlace, Adam qui l'embrasse, Adam qui la voit, comme il l'a toujours regardé, et protège, rassure, félicite la petite gosse mal fagotée, comme si son costume était de laine, aux pièces rapportées, pour la première fois qu'elle se montre la finaude, faudrait pas la laisser échapper. Adam qui caresse son dos, Adam qui frôle ses hanches, Adam qui ferme ses yeux d'un baiser-sourire, ses cils contre sa peau, son souffle. Adam. Toujours Adam.

Parfois elle ouvre les yeux le matin, semble le rencontrer pour la première fois.

Adam. Adam Adam. Qui glisse sur sa langue jusque dans sa gorge, une cuillère de chaleur alors que le vent siffle dehors. Un édredon laid au possible, mais rembourré de plumes. Un morceau de cuivre qui brille autant que l'or.

Un morceau de plomb dans son ventre.

Mais une explosion secoue la maison, fait trembler la vaisselle dans la cuisine où Isabelle, la bonne à tout faire, ne sourcille même plus.

Suzanne s'est redressée précipitamment, corps rigide et souffle coupé, le livre déjà oublié, avant qu'une voix, étouffée par les murs, ne lance son cri rassurant dans un bégaiement plus surprit que blessé:

- T... Tout va bien, je n'ai rien!
- .........

Elle lève les yeux au ciel, sort de la pièce tandis que l'odeur âcre de la fumée se répand. Elle tourne la page de ses sentiments.

Adam, prononce-t-elle en pensée, atterrée.








Et tout revient au même point, la silhouette d'Adam qui s'agite dans la pièce, jette des vêtements au hasard dans les malles aux gueules ouvertes. Suzanne ferme la sienne.
Arthur est souffrant.
Il ne lui dit rien de plus. Elle ne se propose pas de l'accompagner (Elle vient de commencer son travail auprès du Maire, elle ne peut pas partir du jour au lendemain, c'est impossible, impossible). Elle se réfugie dans une attitude quasi distante. Lui a autre chose à foutre qu'insister.  Et de toute façon, ça ne change pas vraiment de d'habitude.
Le cadavre éventré d'une enveloppe sur le buffet (qui pourrait sans doute la renseigner mais elle n'ose même pas y toucher - et de toute façon en traversant le couloir qui mène à la porte d'entrée, Adam la ramasse à la volée), les bagages bouclés, un au revoir du bout des lèvres.

Voilà tout ce que son crâne de piaf se rappelle, une scène montée en boucle, sa main sur le montant de la porte d'entrée, ébahie et égarée, tandis que la calèche disparait, emporte son mari vers quelque chose dont elle ignore tout, quelque chose qu'elle craint instinctivement.

Tout ce dont elle se rappelle, le souvenir se répète encore et encore, et l'oiseau voltige parmi les instruments délaissés, dans ce silence gris, la pénombre, vole plus vite, ses ailes frôlant le plafond, et si elle ne sait ce qu'elle est, ne sait plus qui elle est, cela lui semble tellement naturel qu'elle pépie, qu'elle jacasse la pie, engueulant l'absent, tournoyant autour du plan de travail. On dirait presque qu'elle le cherche.
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L'Autre Main

~Et encore un schizo sur le forum.~

L'Autre Main

Signalement : L'autre main du Destin (probablement la gauche) Compte PNJ réservé à la validation des fiches. NE PAS MP.


Suzanne Zolnerowich ( Bureau de monsieur Jean Aldwig, bonjour ?) Vide
MessageSujet: Re: Suzanne Zolnerowich ( Bureau de monsieur Jean Aldwig, bonjour ?)   Suzanne Zolnerowich ( Bureau de monsieur Jean Aldwig, bonjour ?) I_icon_minitime24.09.11 21:11

Le 6 février 2011, Talula a écrit:
(Re)Bienvenue à toi chère Suzanne,

On sent que tu y a mis du coeur et ça fait plaisir :)
Validée, of course.


NB: Les fiches ont été nettoyées de tous les post non rp. Désormais, l'auteur du topic est le seul habilité à poster.

Ce topic vous servira à la fois d'étendard, comme de journal intime ou fourre-tout, tant que cela concerne Suzanne.
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Suzanne Zolnerowich ( Bureau de monsieur Jean Aldwig, bonjour ?)

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