V. Histoire
Chapitre 1 : La rescapée
La pluie tombait ce jour la…
Toujours cet épais brouillard qui tapissait le ciel, semblant attendre son heure pour éclater…
Un bon jour pourtant pour les balayeurs… Un mauvais pour les familles endeuillées…
Le sol était jonché de cadavres, et le sang semblait avoir repeint l’intégralité de la petite auberge… Tous étaient morts, et les fiers meurtriers dansaient encore sur leurs victimes, faisant craquer les entrailles de ces dernières.
Les chasseurs avaient ouvert les portes… Tout avait été si rapide… L’orgie de sang, de sexe et de violence faisait place à présent à une exécution pure et simple. L’ultime capitulation, la dernière humiliation : mourir sur les restes des Humes, placés à leur niveau, mourir parmi eux, comme des chiens galeux…
Les recherches pour trouver des survivants dans cet amas répugnant semblaient redonner espoir aux familles, la bonne conscience de ce qu’ils venaient de faire… C’était du sale boulot dont personne ne voulait, mais il fallait bien le faire…
Et là au milieu des restes humes, une enfant blonde couverte de sang… Un espoir de vie dans la toundra des horreurs… Les extra-tyrestres auraient-ils finalement un cœur?
Qui était cette enfant ? Personne ne la connaissait…On la nomma donc Lyssa, déesse de l’illusion, car c’est ce qu’elle était : l’illusion du bonheur dans un monde chaotique.
Chapitre 2 : l’Orphelinat et ses bulles magiques
Pauvre enfant placée de foyer en foyer… Triste bonheur que celui de l’espoir envolé, dans cette vie sordide d’orpheline incomprise, révoltant espoir anéanti d’une petite fille perturbée, qui mord les autres avec sauvagerie et reste seule.
Pour se protéger, la petite se réfugie dans ses contes, elle imagine qu’elle est Rapunzel, cloîtrée dans sa tour, et qu’un jour quelqu’un viendra la sauver…
Elle s’imagine dans sa bulle, avec ce palais de mille couleurs, ses animaux d’un autre monde…
Le monde révolte cette enfant de neuf ans à présent, qui se bat avec les autres, les mordant jusqu’au sang, leur laissant pour la vie des cauchemars sanguinolents et des marques cicatricielles sur ces corps si jeunes…
Souvent elle s’amuse à les emmener avec elle dans la bulle magique des contes, mais ils n’ont pas autant de courage que les princes, et très vite ils pleurent pour revenir à la dure réalité, celle où Rapunzel est Lyssa, et ou ces expériences terrifiantes sont sévèrement punies par la directrice de l’orphelinat…
Chapitre 3 : l’accident
Un jour, une fille du nom de Zahara voulu tenir le pari de la bulle magique. C’était certainement le plus beau monde que Rapunzel ait inventé…Il y avait tant de couleurs que s’en était étourdissant… Pour prouver son courage, Zahara devait franchir un vieux pont de singe au dessus d’un lac de lave en fusion. Alors qu’elle était à mi-parcours, l'une des lattes trop vieilles se cassa, brisant instantanément l’illusion magique et laissant Zahara s’accrocher de toutes ses forces à une paroi rocheuse, sous les yeux de Rapunzel.
« - Tu as brisé mon monde, idiote, à vouloir t’accrocher à tout prix a cette pierre qui n’existe pas dans le monde des contes…
- Mais c’est pour du faux, Lyssa, je vais tomber, aide-moi…
- Tu as brisé mon monde Zahara, et je ne suis pas maître ici… A toi de faire face a ton destin…"
Sur ces paroles, Rapunzel broya littéralement la main de l’autre enfant qui tomba dans le ravin et se brisa la nuque.
« La loi du plus fort… »
Les gens de l’orphelinat mirent deux jours à retrouver son corps, et lorsqu’ils lui annoncèrent la nouvelle, Rapunzel se mit à rire avant de leur confier ce qu'il s’était passé…
Bien sûr comme d’habitude elle alla chez la directrice, mais son discours fut bien différent des autres fois…
« Je sais ce que tu es Lyssa, dit-elle en regardant par la fenêtre sans même jeter un œil à l’enfant… Et c’est pour cela que je sais ce qu’il convient de faire… Sais-tu ce qu’est un Balayeur, Lyssa ? C’est eux qui vont te prendre en charge à présent, pour que plus aucun Tyriens n’ait à craindre ta présence… tu n’es pas d’ici, tu n’as donc rien à y faire.»
Rapunzel comprit soudainement qu’elle n’était pas comme les autres, et que ces mondes magiques où la loi de la survie prédomine allaient la tuer… C’était son instinct de survie qui se mettait en alerte à cet instant… Il fallait fuir à présent… Le plus vite et le plus loin possible…
Et c’est ce qu’elle fit… A la nuit tombée, elle s’échappa de l’orphelinat, et courut, tous ses sens en éveil. Après quelques heures de cavalcade, elle découvrit un bois dans lequel elle se réfugia…
Elle ne pleura pas, ni n’eut peur de cette obscurité… Elle savait que personne ne viendrait ici… Elle le savait désormais : elle faisait peur…
Chapitre 4 : retour aux sources
C’est là qu’elle vécut… Pendant trois ans… Trois ans en totale communion avec la nature, réveillant chaque jour ses besoins primaires, les exacerbant à l’extrême… La loi du plus fort… Elle se battait pour trouver de quoi se nourrir, et ressentait chaque jour un peu plus l’appel intérieur de sa véritable nature. Ce qui la gardait en lien avec le monde ? Ses illusions de contes… Chaque jour, pour passer le temps, et connaitre un peu la félicité, elle se recréait les contes qu’elle connaissait par cœur…
Trois ans donc de vie sauvage… Et le résultat fut sans appel, elle connaissait chaque piège que dame nature pouvait lui tendre et ses sens étaient sans pareil…
Mais là encore le destin vint s'en mêler…
Chapitre 5 : Akuya, le sauveur tortionnaire
C’est lors d’une de ses chasses quotidiennes que Rapunzel rencontra un vieil initié. Alors qu’elle guettait un oiseau, avançant d’un pas silencieux, elle mit le pied dans un piège posé par ce dernier. Lorsque le vieil homme vint vérifier ses pièges, au lieu de proie, il découvrît cette enfant sauvage couverte de boue qui n'avait plus grand chose d'hûme. Son pouvoir n’était pas grand, mais il pouvait apaiser les esprits ce qui amadoua la jeune sauvage qui se trouvait face a lui…
Le vieil homme nommé Akuya, décida que sa vie de sauvageonne avait assez duré… Il entreprit de lui instruire les bienfaits de la civilisation… Il la prit donc sous son aile, dans sa maison pourtant si éloignée de toute présence humesque…
Bien qu’il soit juste, Akuya demeurait sévère et dur avec son élève, et lorsqu’il lui inculquait les valeurs tyriennes, les punitions allaient bon train, et elles étaient souvent douloureuses et disciplinaires. Rapunzel n’était pas stupide, elle savait que cet enseignement lui servirait à l’avenir pour passer plus inaperçue et éviter les balayeurs… Elle serrait donc les dents à chaque nouvelle punition, ingurgitant sans relâche les us et coutumes de la bonne société…
Chapitre 6 : et la harpie s’en est allée…
Quatre ans de torture, de privation et d’autres châtiments disproportionnés… Mais le dernier en date fut le déclencheur d’une tempête sans nom… Alors qu’elle prononça un simple juron, Akuya lui brisa un vase sur la nuque… Les quatre ans à serrer les dents et a contenir son désir, ressurgirent dans ses yeux en un instant, et ces visions d’horreur furent décisives… Il ne fallut que peu de temps à la colère pour prendre le pas sur tout autre sentiment dans la tête de Rapunzel. Dans un élan de rage, elle se jeta sur Akuya, ses yeux brillants d’une fureur nouvelle…Pour la première fois de toute sa vie, elle laissa échapper sa soif de haine et de vengeance… En quelques secondes, elle lui arracha le cœur qu’elle tenait devant ses yeux, avant de le porter à ses lèvres et d’y planter les dents, telle une furie.
Le vieux s’écrasa sur le sol dans un bruit sourd, alors que Rapunzel laissait échapper un rire furieux de contentement. Pour la première fois, elle se sentit en paix avec elle-même, avec son espèce, elle comprit que ce sentiment de quiétude n’avait rien de commun avec ce que pouvaient ressentir les Humes et que par conséquent, elle n’en était pas un…
Chapitre 7 : prise de conscience de folie furieuse…
Cette prise de conscience effectuée, Rapunzel pouvait enfin vivre selon ses lois et sans inhibition, elle décida donc que la violence serait un nouveau mode de vie et elle partit a la découverte du monde, grâce aux économies du vieux qu’elle empocha… Laissant place pleinement à ses instincts elle fut l’auteur de plusieurs carnages particulièrement barbares, mais sa force était sans conteste sa capacité à se fondre dans la masse et à changer d’endroit sans cesse…
Un jour, il y eut, dans la taverne où elle prenait un verre, une bande de matelots alcoolisés qui parlaient affaire… L’équipage cherchait de nouvelles têtes qui n’avaient pas froid aux yeux, et qui savaient se servir d’une arme…
Une nouvelle perspective s’offrit à Rapunzel, qui décida donc de trouver une arme et d’embarquer à bord de ce bateau. En ville, elle trouva un armurier qui lui fit un éventail édenté de lames de couteaux, ce qui plût tant à la jeune femme qu’elle y apposa ses initiales, et laissa même la vie à l’armurier. Après quelques jours d’apprentissage, elle savait parfaitement se servir de sa nouvelle acquisition…Et c’est d’un pas léger qu’elle se dirigea vers sa destinée…
Chapitre 8 : Vincent
La jeune femme l’avait joué finement en débusquant l’un des pirates et lui montrant quelques unes des habilités dans lesquelles elle excellait.
Elle arriva donc aux aurores pour parer au départ du bateau, comme le lui avait indiqué l’homme. Lorsqu’il la reconnut, ce dernier la héla d’un sifflement:
« Voila la nana dont je vous ai parlé, cette fille est démente, elle a réussi à faucher un rupin en moins de deux! »
Mais alors que les sifflements chuintaient et que la bande semblait toute prête a l’adopter, une voix se fit entendre :
« Je me fous que tu sois une nana ou un trans'. Comme chacun ici, ‘faudra qu'tu nous montres ce que t'as dans le ventre… Et si t'es utile, ça s'pourrait bien que tu sois de l'aventure. »Elle entendit ses pas s’éloigner…
« Alors c’est quoi ton p’tit nom ma jolie
- Rapunzel, et lui c’est qui ?
- Vincent. »
Chapitre 9 : les liens du sang
Sur le bateau, Rapunzel apprit beaucoup de la navigation, et la piraterie.
Mais sa curiosité se dirigeait plus vers ce jeune homme qui, contrairement aux autres, l’évitait ouvertement, la méprisant ainsi… Et l’adage du « fuyez la, elle vous suit » s’appliquait à la perfection chez Rapunzel… Aussi, elle n’avait de cesse de tenter de l’approcher, et plus elle essayait, plus il l’évitait, semblant lutter contre deux sentiments contradictoires…
Certes, elle pouvait se consoler d’avoir provoqué un certain nombre de graves bagarres au sein de l’équipage, tournant parfois au cauchemar voire aux morts
accidentelles, mais ces pâles attraits ne l’intéressaient plus… Seul comptait
Vincent, et cette phrase qui passait en boucle dans sa tête « tu seras a moi, d’une manière ou d’une autre ».
Les mois passaient et Vincent demeurait toujours à l’écart de la magnifique Rapunzel, ce qui n’avait comme conséquence que d’éveiller d'autant plus l’intérêt de cette dernière qui n’avait pas pour habitude qu’on l’ignore.
Aussi profita-t-elle d’une missive importante à lui déposer, pour l’approcher de nouveau.
Elle se rendit donc à la cabine de Vincent pour lui porter la missive, et pour mettre toutes les chances de son côté, elle avait revêtu une tenue affriolante qui avait le don d’affoler les hommes. Lorsqu’elle eut la permission d’entrer, et qu’il la vit, Vincent fit un pas en arrière.
« Veux-tu bien cesser cette mascarade, je ne suis pas un monstre quand même, tu trouves que j’ai le physique d’un monstre? Et puis, arrête de te prendre pour le nombril du monde je t’apporte simplement une missive, ainsi qu’une bouteille de Gerety offerte par je ne sais plus qui. »
Rapunzel marqua une pause avant de poser le regard sur un Vincent aux traits tirés, à l'allure visiblement éméchée, qu'entourait un monticule de bouteilles vides :
« Mais apparemment tu n’as pas besoin de ça… vu que tu as l’air d’avoir épuisé tes réserves…»
Silence.
« Tas pas l’air bien Vinc’.
- Ta gueule. »
Nouveau silence.
« Et puis merde t’es chiant avec tes humeurs, alors sois tu me dis ce qui t’emmerde, soit je me casse et je te laisse à ta bouteille et à ton air pathétique ! »
Silence.
Dans un soupir, elle se met à sa hauteur et pose la main sur son épaule…
« Tu sais je pense pas être la dernière des connes et j’ai pas eu que des facilités, alors les emmerdes je connais…
- Qu'est ce tu fous ? Qu'est s'tu veux vraiment, toi à la fin ?, finit-il par dire laconiquement.
- Y a vraiment des fois ou t’es trop con !»
Avant qu’il ne réagisse, Rapunzel se pencha vers lui pour l’embrasser fougueusement. Et contrairement à son habitude, l'odieux Vincent ne la repoussa pas. Il l'agrippa, la plaquant contre lui, et c’est tout aussi sauvagement qu’il répondit à son attaque…
La suite fut tout aussi pimentée qu’imprévue.
Mais cet échange, aussi insoupçonné qu'inattendu fut violemment interrompu par le désir irrépressible et violent de la nature versatilis de Rapunzel.
Elle le voulait, pour elle. Il était à elle. Il était pour elle. Et dans un élan, elle planta ses dents sur sa poitrine, laissant les marques de ses mâchoires sur le cœur d'un Vincent, qui, dessaoulé par la douleur, la propulsa en arrière, la dévisageant... incrédule.
Sans émettre le moindre commentaire, il se leva et parti. Rapunzel sourît, léchant les quelques gouttes carmines qui perlaient encore à ses lèvres. Ce n'était pas fini.
Chapitre 10 : A l’abordage !
Cela faisait des mois maintenant que cet incident s’était produit, et le mur de glace qui s’était élevé entre eux prenait un tournant irréversible.
Elle le considérait comme marqué, et lui, comme une cinglée… Bien qu’elle continue à s’amuser avec les autres pirates leur faisant tourner la tête, elle n’avait d’intérêt que pour lui, cet être si étrange qui semblait la sonder à chaque fois que leurs regards se croisaient… C’était comme s’il était mitigé entre la crainte et le désir. Mais vu la distance, la première semblait avoir prit le pas sur le second… Dommage qu’il ne casse pas cette barrière…
Cette froideur rendait Rapunzel nerveuse, et elle avait de plus en plus de mal à contenir la violence qui la caractérisait, aussi lorsqu’un nouvel abordage se présenta, elle partit de l’avant avec son groupe rattaché, et décida d’assouvir ses besoins destructeurs… La panique se déclencha rapidement à bord du navire abordé, et chacun y allant bon train, mais la furie des hommes n’était rien comparée à celle de Rapunzel. Lorsqu’elle entra dans la cabine du commandant, elle y trouva un jeune adolescent, probablement le fils du capitaine. Quand il la vit, il ouvrit la bouche de confusion : fallait-il fuir cette créature ? Mais le temps qu’il se décide, elle avait déjà sortit son éventail, planté à présent dans la poitrine du gamin, puis elle le retira et le poignarda de nouveau, et ainsi de suite jusqu'à ce que le corps ne sois plus identifiable.
« Qu’est-ce tu fous bordel ? »Rapunzel n’eut que le temps de se retourner pour voir Vincent dans l’entrebâillement de la porte, s’approcher en courant de la victime et la voir s’éteindre doucement.
« Ah, tu me reparles maintenant, tu ne me fuis plus ? »
La réponse qui s’ensuivit fut un simple regard glacial.
« T’avais besoin de tuer un gosse qui allait rien t'faire ? T'es tellement frustrée que tu t'en prends aux gamins ?"- Faut dire qu'après tes performances de "je file parce que je flippe" y'a de quoi être frustrée
- Tu aimes vraiment ça hein... le sang, lança-t-il, les yeux vides »
Rapunzel lui lança un sourire glacial pour toute réponse.
« - Cette attaque, c'était la dernière avec nous Rapunzel. Tu trouveras vite de "nouveaux copains".- Parce que tu te crois irremplaçable, peut-être? Laisse tomber tes grands airs avec moi, tu es pareil que moi, la seule différence c'est qu'au moins je m'assume.
- Pense ce que tu veux. Mais tires-toi ! ajouta-t-il menaçant.
- Ouh arrête, tu me ferais presque peur..., elle se reprocha et lui murmura: n'oublie pas qu'à ce jeu la je suis meilleure…
- La prochaine fois que tu me fais un coup pareil : j'te bute. - Tu veux parier? Ajouta-t-elle en se dirigeant vers la porte.
- c’est une promesse, murmura-t-il.
- j’espère bien, conclut-elle en claquant la porte.
Chapitre 11 : on regarde avec le cœur car c’est tout ce qu’il reste…
L’heure approchait… Ils allaient débarquer, bien sûr il était hors de question qu’il ne se passe rien et les menaces de Vincent n’y étaient pas pour rien… Stupide garçon…
Les pirates débarquèrent donc mais Rapunzel veillait patiemment à leur arrivée, et lorsqu’ils posèrent le pied à terre, c’est elle qu’ils virent en premier…
« Alors, Rapunzel, tu nous as faussé compagnie…
- Non c’est votre cher leader qui m’a foutu à la porte, je crois qu’il a eut peur de perdre sa place… Maintenant si vous voulez bien m’excuser…»
Et alors qu’ils la regardaient s’éloigner, elle s’approcha des Dockers, qui engagèrent la conversation… Bien sur, en flirtant avec d’autres, Rapunzel connaissait parfaitement les conséquences, n'ignorant pas les sentiments de certains de ses anciens camarades.
C’est ainsi qu’une bagarre générale se déclencha, dégénérant, sanglante, jusqu’à la mort…
Partout, on voyait les corps tomber sous les coups, et les hommes du port arrivaient de plus en plus nombreux. Comment en étaient-ils arrivés là? Rapunzel savait se servir de son don, à présent, et en cet instant, elle poussait leurs instincts primaires aux limites de la folie… Seul l’un des pirates, seul homme à résister au charme de la jeune femme, (probablement gay et amoureux de Vincent) s'enfuit pour prévenir ce dernier…
Lorsqu’ils arrivèrent tous deux en courant, le spectacle qui s’offrait à eux était innommable : les cadavres des dockers et des pirates tapissaient le sol humide du port. En son centre, Rapunzel, en bustier, pantalon et bottes de cuir, semblait la reine des morts, couverte de sang. Elle était effrayante, là, comme prenant plaisir au carnage qui l’entourait… Enfin elle posa les yeux sur Vincent qui l’observait, le regard empreint de Haine. C’est alors que son visage se transforma pour laisser échapper un rire puissant et non feint…
Puis elle s’arrêta pour murmurer:
« Ta promesse… »
Et sans mot dire, Vincent se jeta sur elle comme un enragé… Ce qui n’eut d’autre effet que de la faire rire de plus belle… Alors qu’il l’agrippe, elle lui murmure… « Entre dans mon monde» …
Et soudain, la vision de Vincent s’altère, et voila qu’apparait à la place des corps sans vie, le bateau de son enfance, et alors que se tenait dans ses bras Rapunzel au visage fendu d’un sourire, ses contours s’évadent, et une silhouette prend forme, une silhouette qu’il connait bien… Et les traits se dessinent peu a peu, laissant apparaitre cette femme sans main qui avait disparue si longtemps avant… Troublé, il fait un pas en arrière et trébuche sur un corps sans vie, mais il ne le voit pas, il ne voit en fait que sa mère, loin, comme ressuscitée…
Et soudain, la douleur le submerge en son côté droit. Lorsqu’il baisse les yeux, le sang coule de sa hanche, et alors que le bateau de son enfance disparait, les mains fines de Rapunzel réapparaissent dans le port de sa désolation, récupérant son éventail niché dans le corps de Vincent…
Alors qu’elle le pousse, il titube et s’effondre devant ses yeux… Ses yeux si bleus, ses yeux défiants et orageux, ses yeux qui jamais ne s'étaient laissés dompter, fondant en elle comme s'ils savaient. Comme s'ils pouvaient la transpercer... d'un regard.
Rapunzel sourît, et l'éventail meurtrier fendit l'air, faisant jaillir des larmes sanguines aux orbes douloureuses...
La Versatilis était sûre d'avoir vaincu. Elle gagnait. Vincent était à ses pieds, Vincent n'était plus qu'un amas de chairs tuméfiées…Lui vaincu, elle lui murmura :
« Je t’avais dit pourtant qu’à ce jeu, je suis meilleure…Et pour que tu ne l’oublies jamais, je serai la dernière chose que tu verras sur cette terre… »
Mais soudain, il se relève, vif comme l'éclair, pris d'une énergie nouvelle ! Une main qui paraissait vouloir contenir ce sang qui ne cessait de pleurer, et l'autre prête à égorger ce monstre !
Où que Rapunzel aille, le jeune homme la suivait, devinant surnaturellement ses intentions, esquivant ses attaques, contournant ses défenses...
Il plonge encore, il plonge, il a quelque chose dans les mains, quelque chose d'anodin. Un morceau de verre, une bouteille de Gerety brisée. Il lui plonge en plein cœur, comme s'il savait qu'il n'y avait pas meilleur endroit où viser.
Elle hurle... Hurle-t-elle vraiment ? Non… Elle rit, encore et toujours, elle rit et soudain, le pousse une ultime fois, et alors qu’il tombe, sa tête se heurte sur une pierre…
Alors qu’il sombre peu a peu dans l’inconscience, Rapunzel se penche vers lui, la main sur son cœur endolori…
« Tu as besoin de moi, Vincent… Que tu le veuilles ou non… Survis moi jusqu'à que je revienne, le temps que tu le comprennes »
Disant cela elle dépose un baiser sur ses lèvres… Puis lève son éventail qui s’abat sur le bleu des yeux de Vincent, pour une ultime fois sans appel…
Et la dernière chose qu’il entendit fut son rire, une dernière fois…
Plus tard, bien plus tard, les paumes couvrant le vide d'un regard, le gamin se relèverait. Et hurlerait dans la nuit noire.
Chapitre 12 : Épilogue until now…
Que se passa-t-il ensuite ?
Ce n’est pas dur à deviner, durant deux ans, Rapunzel, parcourut la Tyr, et créa de nouveaux massacres de ci, de là… Partout dans son sillage régnait la peur, mais aucun Balayeur n’avait jusque là pu stopper la boucherie… En outre, à présent, elle maîtrisait sans soucis ses dons… Sa force ? Elle la tire de ses victimes, tyriens, plein de ces dons innés, de ses essences magiques inexplorées…
Autour du cou, elle porte un étrange collier, un bout de verre d’une ancienne bouteille de Géréty… Et en son cœur, un dessin, symbole d’un lien secret, fait dans la douleur…
A présent la revoilà à Secaria, pourquoi ? Simplement, parce qu’elle est curieuse de nature…E t orgueilleuse, alors quoi de mieux pour son égo, qu’une grosse ville bouillonnante pleine de balayeurs idiots ?
Secaria, la voilà !